Terres de Femmes


Andrea Zanzotto | [Comment puis-je oser vous appeler ici]

«  Poésie d’un jour  »



Idiome
Image, G.AdC







MISTIERÒI



Come élo che posse ’ver corajo
de ciamarve qua, de farve segno co la man.
’Na man che no l’é pi de la só onbría
cagnina e caía,
anzhi’na sgrifa, ma tèndra ’fa molena.
Epuro ades calcossa la tien sú,
no so se ’n sgranf o se ’na forzha;
par quel che l’é, la é tuta vostra,
e voi dèghe l’polso par ciamarve.
Dèghe ’na pena che no la schinche,
fè che la ponta sul sfój no la se inciónpe.
Me par de no ’ver gnent da méter-dó
par scuminzhiar ’sto telex
che tut al gnent bisogna che ’l traverse
(tut al gran seramènt
che ’l brusa come solfer
che l’incaróla e l’intrunis).
Ma proarò la trazha, almanco, d’n amor –
fora par là inte ’l scur
Orbo dei pra del passà.
Cussì.




Andrea Zanzotto, Mistieròi (estratto), Idioma, Mondadori, Milano, 1986, in Andrea Zanzotto, Tutte le poesie, Oscar Mondadori, Collezione Oscar poesia del Novecento, 2011, pp. 748-749.







PETITS MÉTIERS



Comment puis-je oser
vous appeler ici, vous faire signe de la main.
Une main qui n’est plus que son ombre
avare et mesquine,
et d’ailleurs une serre, mais tendre comme de la mie de pain.
Et pourtant, quelque chose maintenant la soutient,
je ne sais s’il s’agit d’une crampe ou d’une force ;
pour autant qu’elle vaille, elle est toute votre,
et vous donnez-lui la force de vous appeler.
Donnez-lui une plume qui ne se torde,
faites que sa pointe ne trébuche sur la feuille.
Il me semble n’avoir rien à écrire
Pour commencer ce télex
Qui doit tout le néant traverser
(la brûlante difficulté
qui brûle comme soufre,
qui corrode, étourdit.)
Mais j’essaierai de suivre la trace, au moins, d’un amour –
En dehors, là dans l’obscurité
Profonde des prés du passé.




Andrea Zanzotto, Idiome, José Corti, 2006, pp. 144-145. Traduit du dialecte haut-trévisan (Vénétie) par Philippe Di Meo.





ANDREA ZANZOTTO


Andrea Zanzotto
Source



■ Andrea Zanzotto
sur Terres de femmes

10 octobre 1921 | Naissance d’Andrea Zanzotto (+ un poème extrait de Fosfeni)
18 octobre 2011 | Mort d’Andrea Zanzotto (+ un poème extrait de La Beltà)
(Anticicloni, Inverni) (poème extrait de Fosfeni)
Cantilene londinese d’Andrea Zanzotto
Così siamo (extrait de IX Egloghe)(Hommage à Andrea Zanzotto [III])
Filò, la Veillée
Ticchietto (extrait de Meteo)
Verso i Palù (poème extrait de Surimpressions)
Vocatif, suivi de Surimpressions (lecture d’AP)
Vocativo (extrait)(Hommage à Andrea Zanzotto [I])
A.Z. [Andrea Zanzotto], par Jacqueline Risset (Hommage à Andrea Zanzotto [II])



■ Voir | écouter aussi ▼

→ (sur YouTube)
Ritratti – Andrea Zanzotto (un film di Carlo Mazzacurati e Marco Paolini, regia di Carlo Mazzacurati, 2000)[49min 28′ => fiche du film]
→ (sur YouTube)
une interview d’Andrea Zanzotto à l’occasion de son 88e anniversaire





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Commentaires

Une réponse à “
Andrea Zanzotto | [Comment puis-je oser vous appeler ici]

  1. Avatar de Agenda culturel de TdF

    Le vendredi 8 juin, La Libreria (la nouvelle librairie italo-française de Paris, inaugurée en 2006), organise une soirée d’hommage à Andrea Zanzotto.

    Philippe Di Meo, son traducteur (et un ami de Terres de femmes), participera à cette soirée, ainsi que le comédien Pierluigi Tomasi, un vieil ami de Zanzotto, qui lira des extraits d’Idiome.

    LA LIBRERIA
    89, rue du Faubourg-Poissonnière
    75009 Paris
    Tél/Fax : + 33 1 40 22 06 94
    http://www.lalibreria.fr

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