Terres de Femmes

Corse_3 Marie-Paule Lavezzi
(petite anthologie poétique)


Leau_vive
Ph, G.AdC





« Les lèvres des dormeurs bougent avec la mer
Et de hautes fenêtres reflètent vents et songes

Quand le secret du rire délivrera les pierres
Les paupières s’ouvriront une nouvelle fois »


Poe-Sie, La nouvelle poésie française : présence du sacré, N° 83-84. Bimestriel – janvier-février 1981, pages 77 et 82.




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« Quand les blés à forte crinière
arrivent couverts de parfums
en piétinant la terre

des femmes murmurent
d’étranges secrets
et leur alliance est un mystère

Est-ce leur ombre ou leur regard
qui donne un sens à la rumeur
naissant des arbres et des fontaines

Car leurs yeux savent que nous mourrons
et sous la flamme solitaire
l’été qui grandit
fait onduler fables et lumières&nbsp»


Marie-Paule Lavezzi, Le Chant des brodeuses, CRDP de la Corse, Ajaccio, 1988, page 52.




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Pouvoirs

« L’été sort de la mer
le soleil sur le poing
Ganté de sève il suit
les œillets enchaînés
à la roue du sommeil

D’obscures chansons
dans la rivière
pardonnent tout
au voyageur »



Eloignement

« Nos ombres ont traversé
le château du brouillard

Voyageurs fatigués
nous regardons nos âmes
sous les lampions du bal

La transparence est un mystère »


Passage

« L’été arrive
et sa lumière
blesse l’eau vive
qui se cabre et s’abat sur les pierres

J’ai pris congé de la jeunesse »


Souffle

« J’ai vu venir vers moi
diverses destinées
mais j’ai suivi mon rêve
qui tombait comme le soleil
de l’autre côté de la mer

En moi se bousculent
les ombres à venir
Des forces nouvelles
agitent la flamme
et disparaissent dans le noir »


Marie-Paule Lavezzi, Le Soleil sur le poing / 40 poèmes 1985-1994, Editions San Benedetto, Ajaccio, 1995, pp. 10, 23, 36, 46.




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« Je sais que trop de buis
obscurcissent les fleurs
et le cœur de ces femmes
se figeant lentement
dans l’épaisseur de la lumière

Les créneaux du feuillage
envahis par les heures
chuchotent un langage
qui se défait dans le sommeil

Ulysse vit-il encore
et l’olivier de ses ancêtres
invite-t-il les hommes
à se tenir loin de la mer »


Marie-Paule Lavezzi, Le Livre ouvert, La Marge édition, Ajaccio, 2003.



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BIO-BIBLIOGRAPHIE


     Marie-Paule Lavezzi, originaire de Sartène, est née le 25 décembre 1945 à Marseille, et décédée le 11 septembre 2015 à Ajaccio. Elle a été professeur de lettres classiques à Ajaccio.

     « Marie-Paule Lavezzi, avec méthode, affirme sa présence au monde. Romantisme et tradition repoussent la rêverie hors des « yeux que rien n’apaise ». Seule la nature peut tranquilliser avec sa palette toutefois réduite. Il apparaît chez ce poète épris de sentiments un besoin de certitude et de lumière (« Nos yeux déchirent le soleil ») où guette l’abstraction docile » (Marie-Paule Lavezzi selon Marie-Ange Sebasti).


     Sous réserve d’inventaire complémentaire, les publications de Marie-Paule Lavezzi sont les suivantes :

Source des regards, Chambelland, Gard, 1974. Avant-propos de Raymond Jean.
Les Yeux du vent, Eygalières, Éditions du Temps parallèle, 1979. Préface de Pierre della Faille.
Le Chant des brodeuses, Ajaccio, CRDP de la Corse, 1988.
Le Soleil sur le poing /40 poèmes 1985-1994, Editions San Benedetto/La Marge édition, Ajaccio, 1995.
Monologues, La Marge édition, Ajaccio, 2000.
Le Livre ouvert, La Marge édition, Ajaccio, 2003.
Le Projecteur obscur, Colonna Édition, Collection Poésie, 20167 Alata, 2007.

    Des poèmes de Marie-Paule Lavezzi ont également été publiés dans les revues Sud, Création, Le Journal des poètes.





■ Marie-Paule Lavezzi
sur Terres de femmes

Les brodeuses
Secret






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Commentaires

Une réponse à “Corse_3 Marie-Paule Lavezzi
(petite anthologie poétique)

  1. Avatar de Jean François Agostini
    Jean François Agostini

    Digitale
    Belle et douce île au loin,
    Je pressens tes silences
    Et tes digues barbares,
    De chênes
    En collier d’ancolies,
    Tes gants d’amour
    Me damnent.
    L’éclair enveloppe,
    Tes couleurs fragrances,
    Et je sens
    Mes fragments de regard
    S’échapper.
    Fluidité virginale
    Ton sang
    Me calme
    Ô Digitale
    Belle et douce île au loin.
    JF AGOSTINI 2002

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