Terres de Femmes

Mois : juin 2010


  • Andrea Zanzotto | (Anticicloni, Inverni)


    Vois tout qui ― violet et or et ressort ―
    Aquatinte numérique, G.AdC






    (ANTICICLONI, INVERNI)



    I


    Vedi tutto che ― viola e oro e molle ―
                                direi quasi rigurgita rigurgita
        non si trattiene è contento è maturo
        nel dar figure strappare figure                        altre figure
    in viola e ori               A spuntare ori considera, poni mano,
        affàcciati, prendi note, a cuore, a carico,
        sii una qualche violenza per tenere a cuore

                                Sii nel prossimo a-tu-per-tu col remoto del viola
                                sì, violenza in questa gola
        ascolto nuotando tutta questa violenza
        così prima e increata da essere innocente
                                ma non meno assassina ― nell’oro e nel viola
    C’è il vocìo o il tocco o lo fascio
        viola di no no no             lo scampanìo del predicente
                                Viola è il mio carpire interleggere
                                fa carico fa massa va in massa oro e viola
    tutta per te questa trasparente
    mania di destrutturazione    ma issi là sopra la tavola
    il sopravvissi

        e la macchia di sangue Gewalt
        mi allevava come letame viola
        mi torceva in sé, mi aveva perso in sé, letame.





    (ANTICYCLONES, HIVERS)



    I


    Vois tout qui ― violet et or et ressort ―
                                je dirais presque qu’il régurgite, régurgite,
        il ne se retient pas, il est content, il est mûr
        pour donner des figures, arracher des figures               d’autres figures
    en violet et ors               Songe à l’éclosion des ors, allonge la main,
        montre-toi, prends note, à cœur, en charge,
        sois quelque violence pour avoir à cœur

                                Sois dans le prochain tête-à-tête avec le suranné du violet,
                                oui, de la violence dans cette gorge,
        j’écoute en nageant toute cette violence,
        si première et si incrée qu’elle en devient innocente,
                                mais non moins assassine ― dans l’or et le violet
    Il y a le brouhaha, le toucher et la décrépitude,
        violet de non, non, non             le carillonnement du prédicateur
                                Violet est mon ravir interlire,
                                il fait charge, il fait masse, il va en masse, en or et violet,
    toute pour toi cette transparente
    manie de déstructuration    mais    tu hisses là-dessus la table,
    le tu survécus

        et la tache de sang Gewalt
        m’élevait comme fumier violet,
        me tordait, fumier, en elle, m’avait en elle perdu.



    Andrea Zanzotto, Phosphènes [Fosfeni, Milano, Mondadori, Lo Specchio, 1983], Éditions José Corti, 2010, pp. 118-119. Traduit de l’italien et du dialecte haut-trévisan (Vénétie) et présenté par Philippe Di Meo.





    ANDREA ZANZOTTO

    Zanzotto
    Source



    ■ Andrea Zanzotto
    sur Terres de femmes

    10 octobre 1921 | Naissance d’Andrea Zanzotto (+ un poème extrait de Fosfeni)
    18 octobre 2011 | Mort d’Andrea Zanzotto (+ un poème extrait de La Beltà)
    Cantilene londinese d’Andrea Zanzotto
    Comment puis-je oser vous appeler ici (poème extrait d’Idioma)
    Così siamo (extrait de IX Egloghe)(Hommage à Andrea Zanzotto [III])
    Filò, la Veillée
    Ticchietto (extrait de Meteo)
    Verso i Palù (poème extrait de Surimpressions)
    Vocatif, suivi de Surimpressions (lecture d’AP)
    Vocativo (extrait)(Hommage à Andrea Zanzotto [I])
    A.Z. [Andrea Zanzotto], par Jacqueline Risset (Hommage à Andrea Zanzotto [II])


    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur le site du Centre national du livre)
    une note de lecture d’Alexandre Drier de Laforte sur Phosphènes d’Andrea Zanzotto
    → (sur YouTube)
    Ritratti – Andrea Zanzotto (un film di Carlo Mazzacurati e Marco Paolini, regia di Carlo Mazzacurati, 2000)[49min 28′ => fiche du film]
    → (sur YouTube)
    une interview d’Andrea Zanzotto à l’occasion de son 88e anniversaire (10 octobre 2009)

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  • Michèle Dujardin | Naissance





    Bellmer
    Source





                                                                      Naissance






    dans les toilettes des morts, la petite fille au placenta de plâtre accouche avec son baigneur sous le bras ; pas une âme, ni foulard ni main chaude, les quatre coins sont vides –     seule la bouche-citerne s’agenouille, toutes dents dehors, pompes aspirantes bâillant au bout des tentacules,  à  même la nuit d’urine et de  chlore qui ronge les socquettes de fil –

    accoudées à la cuvette, les brindilles blanches se couvrent de marbrures, luttent contre l’hiver, et tigelles des poignets, duvets, manches ballon s’égarent dans les frises, les robinets et les siphons, puis retombent avec le souffle, tremblant désastre de plumes, d’ailes, douleur disjointe par le milieu, contre la porte – mais le néon étripe l’esclandre, l’étale de la plinthe au plafond, alors appels et cris, dans la tête, sous les côtes, se figent

    sur le devant de la robe, au balcon de smocks, des doigts de géants ont déchiré les coutures, cassé leurs ongles dans les fronces,   les crins des mouchoirs de deuil raclent la peau et cisaillent les roses, disséminent sur la neige graines de chiendent et de folle avoine : au jardin des rires jamais éclos, chaque jour que Dieu fait, l’hiver est précoce

    barrettes et frissons dans les rubans défaits, cheveux clairs roulés sur les ramilles, phalanges de craie, tout se tait – parfois un bredouillis dans sa bulle de bave remonte, l’entendent les murs quand ils prêtent l’oreille, mais  le  néon  veille,   gobe  l’œuf,  pulvérise   le germe  :

    dans les seins, quelque chose casse, d’un coup

    du placement aux outrages, le dedans est dehors, là, dans la flaque entre les pieds où les genoux observent des coquelicots flottants, démembrés au coupe-coupe, règles tendues par leur absence même, dans la nuit sidérée, dormie les yeux ouverts avec rage et sans réparation

    sous la poussée des palmes, de l’horizon du trou noir aux parois carrelées du monde, l’univers-île se dilate dans son pochon de sang, les boutons de bottine s’affolent, des ampoules s’allument autour du crâne mou, entre les pieds dans la flaque plus trace du cygne, plumage dégrafé, col rompu au lacet de cuir il a fondu sous le jet, chassé vers la bonde par les vents de latex aux doigts d’anges faits – t’inquiète petite, plus à faire, faits

    d’ailleurs, les nausées t’accouchent seules de caillots de plâtre – pieds pris dans les volants de ta chemise, tu étouffes le matin sous les coussins pressés, les pelletées de terre, et tu vois partout dans tes draps le polichinelle toutes bosses devant courant à son affaire – le néon du côté gauche, découpe des berceaux de fer pour naissances sous X à figures de gravats : pures présences accusatrices, index pointé sur ton carnet de notes

    fille brève à l’hermine défunte, au coquelicot interné dans la tête de bois, ta dot est d’ardoise, de dînette ébréchée pour vendredi maigre, de prières inversées dans les tiroirs,   dans les moulins depuis la nuit des mères – reins de douleur que cette masse, pour les mères, courbées en deux, à chaux et à sable cette poisse, à chaque lune, pour chaque fille de mère, cette lie de ventre, de sang, de fond de poche à baigneur qui recommence

    fille non avenue, comme ton avenir ton passé est bréhaigne, se conjugue comme lui au présent perpétuel : ils sont cette veuve sans âge, visiteuse d’enfants placés sous le corset, dans le giron noir

    le baigneur se dévisse, arc-boute ses bras creux à la colonne de faïence – dans sa tête il fait sombre : un cornet à dés où les yeux tombent sur des glissoires molles – parfois, plein front, une idée l’attaque, d’infanticide ou de fessée, coudre la bouche, brûler le sexe, souder les paupières – pousser à l’envers, revenir à la terre

    le baigneur n’a pas d’âme où se regarder, il montre ses blessures à chaque claquement de porte : là, dans l’aine ouverte à la pointe du compas,   les élastiques inutiles, ici,  par les doigts grignotés l’air qui siffle,  là,  les cheveux peints qui s’écaillent, et ce rêve des chiffons de chair arrachés à deux mains du palais-dévidoir – toutes tâches sans mots, car le baigneur vorace est en avant de la langue, il ne l’entend pas, il n’entend que sa faim, sa bouche qui mâche le vide

    seule accroupie dans le plâtre,  sur la flaque,  la petite fille flotte,   alors qu’accouche d’un placenta de coquelicot ce corps inconnu aux orifices déplacés, au visage improvisé, aux frontières délayées fuyant vers la bonde, elle flotte accroupie, petite pousse, elle fille, rassemble bras, pétales emportés, tiges dédoublées, lèvres fendues et pousse, mais que voit-elle dans leurs toilettes, entre les cuisses, quand les morts lui tendent le miroir : un éclair, un couinement, un rongeur, car nul ne s’arrête à sa hauteur, pas une âme au fond de l’eau, et dans son angle mort, le baigneur est interdit, la nuit déjà partie, demain fini – quant au jour, il est introuvable




    Michèle Dujardin

    Texte inédit pour Terres de femmes (D.R.)





    MICHÈLE DUJARDIN


    ■ Michèle Dujardin
    sur Terres de femmes


    Et bleu est je


    ■ Voir aussi ▼

    abadôn, le site de Michèle Dujardin
    → (sur le tiers livre)
    un extrait de abadôn


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    (Printemps des poètes 2010 « Couleur femme »)

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  • Méditations de lieux. De l’art comme exercice spirituel

    Adrienne Arth, Claude Ber, Joëlle Gardes, Méditations de lieux,
    Éditions de l’Amandier, mai 2010. Photographies d’Adrienne Arth.


    Lecture d’Angèle Paoli




    DIEU ABSENT, QUE VALENT NOS ŒUVRES FACE À LA MORT ?





    ARTH 1 QUA





    Paradoxe de notre temps, le monastère de Saorge continue d’inciter au recueillement et à la méditation. Mais les pratiques qui conduisaient jadis à Dieu mènent aujourd’hui à d’autres chemins. Les chemins de la création et de l’art. Dans un lieu pareillement chargé d’histoire et de spiritualité, il est assez aisé d’imaginer comment se livrer, chacun pour soi, chacun à son rythme, dans le silence, aux « exercices spirituels » qui président à la création. Réfléchir, sur sa propre vie et sur l’inéluctable bornage de la mort, sur les choix qui jalonnent notre existence, s’interroger, prendre le temps de mesurer l’incessant dialogue entre le dedans et le dehors, celui de regarder, d’ouvrir les yeux. Marcher et noter. Patiemment. Au jour le jour. Ainsi procédait jadis Ignace de Loyola dont les Exercices spirituels demeurent à la fois un modèle et un guide. Ainsi procèdent aujourd’hui les artistes, invités en résidence au monastère de Saorge.


    Elles sont trois, cet été-là, à travailler, à méditer, à réfléchir. De ce temps passé à écouter sourdre les voix intérieures, à les laisser monter à la rencontre de voix autres, plus anciennes, de ce temps passé à composer, à écrire et à créer dans la solitude de la cellule, est né le temps de l’échange et du partage. Un partage à trois voix. Qui s’harmonise dans l’ouvrage Méditations de lieux. À travers mots et photographies, trois voix de femmes se rejoignent pour dire l’expérience méditative de Saorge. Joëlle Gardes, Claude Ber, Adrienne Arth. Une comédienne-photographe, deux écrivains et poètes.


    Dans Sentes et clôture, Joëlle Gardes pose d’emblée la question qui la taraude : « Est-ce cela la vie ? » Question qui vaut pour l’écrivain comme autrefois, pour le « dernier prieur ». Communauté d’élan. Communauté de doute ? « Écrire à désir perdu ? Prier Dieu à genoux sur la dalle ? »

    Joëlle Gardes choisit d’écrire, « même si les voix qui débordent sont un torrent effrayant ». Écrire dans le silence de la cellule. Accrocher l’écriture au « spectacle incongru » de Saorge. Noter la vie qui continue apparemment identique ― mais peut-être figée ― dans les vieilles pierres du village, dans le chant clair de la fontaine ou derrière les façades austères. Noter ce qui subsiste, dont l’essentiel n’est plus, qui donnait sens autrefois à la vie.

    « La vie comme le lavoir désormais sans emploi ». Et au-delà encore, au-delà des violences infligées aux hommes par d’autres hommes, au-delà des souffrances qui perdurent face à la mort qui guette chacun de nous, de retour au monde clos de la cellule, dialoguer avec le « Poverello » d’Assise, dont les fresques racontent la véritable richesse de la pauvreté. De ce dialogue intemporel avec saint François naît ce début de compassion de l’écrivain pour elle-même et sa joie à s’adonner enfin ― sans résistance et sans reproche ― à l’écriture.

    Interrogation sur le cheminement intérieur, ce très beau texte de Joëlle Gardes, texte d’une extrême douceur, a inspiré à Adrienne Arth les photos du lavoir et de la fontaine, arrondis caressants de la pierre, murs délavés par le temps, tremblé des eaux et des couleurs.

    « Un lavoir ocre jaune à l’eau vert tendre. Une eau plate aux reflets fixes. À peine quelques ondulations à la surface. Un miroir étrange où les couleurs des pierres se transforment jusqu’à l’irréalité » écrit la photographe dans « Déambulation » in Déambulation, stations, chemin.


    D’une tout autre essence est la grande prose poétique de Claude Ber. Pareil pour tous. Illimitée et intarissable. La contemplation du vol de l’épervier lève « la résistance à explorer » les « épreuves » et le filet lancé à la pêche des mots remonte, abondante moisson, poissonneuse moisson. Que faire, pourtant, de toute cette « limaille » qui s’aimante et « houle » aux pentes de Saorge ? Peut-être rien. Tout juste des « fagots de mots ». Mais « les fagots de mots » organisent leur résistance. Dûment classés, répertoriés, numérotés dans un carnet, ils font soudain lever le monde du passé. Et se dire et crier la révolte intacte d’aujourd’hui. « Tout en moi récuse et refuse ». Seul le vol d’un papillon noir vient distraire l’esprit de « son emballement ».

    Un souffle puissant de poésie et de violence anime Pareil pour tous, vaste fresque personnelle qui livre la part belle à l’enfant et aux figures tutélaires qui ont présidé à son bonheur. Car l’enfance fut heureuse ― et seulement l’enfance ― de celle qui tressait déjà entre elles les images de la mer aux images des montagnes :

    « Les deux lieux fusionnaient dans un paysage mental fait de montagnes moutonnant en vagues, de vagues hérissant leurs falaises, de mer déferlant en houles d’herbe et de crêtes rocheuses surgissant des ressacs. Entre les deux, comme un tissu invisible qui les rassemblait, soufflait ce même vent qui, à l’instant où je le nomme, emporte mon papier et penche les feuilles du figuier en mains ouvertes vers la fenêtre. »

    L’abondance métaphorique et sensuelle des mots redonne vie, ici, momentanément, à toutes les morts qui peuplent la mémoire du vivant, les recompose dans le damier des jours, les relève dans leur histoire. Le temps d’une écriture qui déferle hors les murs de la claustration monastique.

    « Il y en a trop de tous ces morts anonymes d’ici, attendant que je déterre leur histoire, poussières qu’ils sont dans les cimetières perchés des villages de l’arrière-pays comme pharaons dans la vallée des rois. Et ils me veulent ce dire tenace. Entêtés à exister avec une obstination, que je tiens d’eux, de tous ces enterrés. »

    Mais toujours demeure la conscience aigüe de l’impuissance à déjouer la cruauté des hommes ; et toujours demeure l’obstination de l’artiste ― en quête d’éternité ― à poursuivre en aveugle son chemin têtu de création :

    « Nous pouvons à peine sur nous-mêmes et si peu pour quiconque que nos savoirs et nos œuvres semblent parfois une ironie cruelle, une parodie d’éternité inaccessible, une miette d’aumône à des infirmes. Et pourtant vont les doigts aux cordes de l’instrument, s’ouvre la bouche sous la poussée du souffle, court le crayon jusqu’à la crampe sur la feuille. »

    Et toujours ressurgit la question justement obsédante :

    « N’y aurait-il d’autres raisons de survivre qu’une aveugle volonté d’exister ? »





    Méditations de lieux, page 46





    À la quête de vérité de Claude Ber, Adrienne Arth répond par des lunules de lumière, voûtes inversées qui se mirent dans le vert des fontaines et dans des eaux intemporelles, eaux auréolées de mauves où gisent, disséminées, d’étranges pierres.

    Les vagabondages à travers les ruelles de Saorge ou au contraire, les moments passés à contempler les œuvres monastiques inspirent à Adrienne Arth un texte en trois temps : Déambulation, stations, chemin.

    Tout en observant les villageois à la dérobée ― « l’œil caché par l’objectif » ―, la photographe s’interroge sur elle-même : « Photographier est la manière dont je vois et par où je me vois. Là, je me suis visible sans me heurter à moi-même. Je peux m’éviter et, m’évitant, voir. » Dans le même temps, renouant avec la « masse informe et noire qui vivait » en elle, l’artiste libère « la violence enfermée là, dans l’enfance, prise dans l’étau d’une mémoire vidée de tout souvenir ».

    Du regard focal porté sur les objets ― formes, couleurs, lumière ― qui composent l’univers monastique de Saorge, la photographe rapporte des « stations ». Douze fragments jalonnent ce parcours où se tisse entre profane et sacré tout un réseau de réflexions. Qui ouvre sur le dernier texte, intitulé « chemin ».

    Du chemin qui grimpe vers la montagne au chemin de la mort et à celui, intermédiaire, de la vie, il n’y a que quelques pas. La vie et la mort de nos semblables ne ramènent-elles pas chacun d’entre nous à sa juste mesure et à sa propre disparition ?


    Des frères franciscains qui ont mis à Saorge leur vie dans la vie de saint François, il ne reste que quelques dalles bordées de noir. Anonymes. Signes de leur immense modestie et de leur effacement. De leur passage au monastère de Saorge, les trois artistes ont rapporté un livre à trois voix. Méditations de lieux. D’où émerge, comme feutrée, la question de Saorge : Dieu absent, que valent nos œuvres face à la mort ?


    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli





    ■ Claude Ber
    sur Terres de femmes

    le miel à la bouche (anthologie poétique Terres de femmes)
    une note critique sur La mort n’est jamais comme de Claude Ber
    Je dis mer (extrait de La mort n’est jamais comme)
    Sinon la transparence (extrait du recueil Sinon la transparence)
    Vues de vaches (note de lecture)
    Claude Ber, Pierre Dubrunquez, L’Inachevé de soi (note de lecture)



    ■ Joëlle Gardes
    sur Terres de femmes

    « Les arcanes subtils d’une relation triangulaire » (La Mort dans nos poumons) [note de lecture d’AP + bibliographie]
    Dans le silence des mots, poésie (note de lecture)
    Et si la profondeur n’était que… (extrait de Dans le silence des mots)
    Jardin sous le givre (note de lecture d’AP + extrait)
    [Matinée de printemps précoce](extrait de L’Eau tremblante des saisons)
    [Le regard tourné vers l’intérieur ou l’ailleurs] (extrait de La Lumière la même)
    Louise Colet Du sang, de la bile, de l’encre et du malheur (note de lecture d’AP)
    Ostinato e chiaroscuro (Ruines) [note de lecture d’AP + extrait]
    31 mai 1887 | Naissance de Saint-John Perse (Joëlle Gardes, Saint John-Perse, Les rivages de l’exil, biographie)[note de lecture d’AP]
    Trentième anniversaire de la mort de Saint-John Perse | 20 septembre 1975 (chronique de Joëlle Gardes)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    Hôpital




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  • Dominique Sorrente | Pays sous les continents



    C'est ainsi d'île en île que flotte le ciel inversé
    Ph., G.AdC






    PAYS SOUS LES CONTINENTS



    Sous chaque rive est une rive. Autorise-toi à effeuiller le palimpseste. Comme un début ou une fin du jour. Les yeux voués aux sillages infinitésimaux de la mer qui ouvre sur une autre mer.



    *



    Sourire. Sourire d’abord, sans attendre raison. Sourire en regardant se démener l’homme actuel qui se proclame maître du partage des eaux.

    Sourire avec ce qu’aucune vague ne racontera jamais.



    *



    Hier à Collioure, aujourd’hui dans un bras du Mékong, c’est ainsi d’île en île que flotte le ciel inversé où j’apprends encore et toujours à te déchiffrer.



    *



    L’océan à la hanche de sel, il fit bon le laisser ouvert.

    Tendre une poignée de main au dragon.

    Ton corps de juin.

    Il étire d’un bord de nuit à l’autre ceux qui jonchent leurs vies.



    *



    Ô pétales d’oubli, couvrant les corps et les sueurs.




    Dominique Sorrente, « Pays sous les continents », Empire du milieu intérieur, Journal, 2003, in Pays sous les continents, un itinéraire poétique 1978-2008, Éditions MLD, 22000 Saint-Brieuc, 2009, pp. 139-140.





    DOMINIQUE SORRENTE


    Domnique_sorrente
    Source



    ■ Dominique Sorrente
    sur Terres de femmes

    [À défaut de livre, au moins cette promesse de poème] (poème extrait d’Il y a de l’innocence dans l’air)
    C’est bien ici la terre (note de lecture de Laurence Verrey)
    C’est la terre
    Écueils
    J’écris comme on décide par fragments
    [je suis celle qui se voue à la flamme]
    Je t’envoie ma chanson des jours bleus
    Le temps sans rideaux
    [L’humeur est passe-partout] (extrait de Tu dis : rejoindre le fleuve)
    [Les rideaux] (extrait des Gens comme ça va)
    Le Scriptorium/Portrait de groupe en poésie



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Publie.net)
    Dominique Sorrente | Pays sous les continents
    → (sur Poezibao)
    un autoportrait de Dominique Sorrente
    → (sur le site du cipM)
    une notice bio-bibliographique (non mise à jour)
    → (sur le site du Scriptorium de Marseille)
    un Portrait de Dominique Sorrente (site provisoirement indisponible)




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  • Ito Naga, Iro mo ka mo



    Firefly
    Source






    IRO MO KA MO (extraits)



    Ce qu’était Pasolini a disparu du monde social et culturel, et manque” a écrit Robert Maggiori “comme les lucioles disparaissent du monde naturel et manquent”. À Kyoto, le long d’une rivière dans le quartier de Gion, il est écrit sur un panneau:
    “N’attrapez pas les lucioles, s’il vous plaît”.

    Elle aimait attraper les lucioles quand elle était enfant. Sentir leur odeur un peu pharmaceutique dans le creux de ses mains.

    Ensuite elle les glissait dans une tige d’oignon et les faisait tournoyer.

    Une tige verte pour donner une lueur plus verte encore.

    “Longtemps après que la fleur d’iris s’est fanée, on peut sentir son parfum délicat au creux de la tige si on la casse” expliquait Sei Shonagon.




    […]




    “C’est beau la vapeur”, a-t-elle dit devant un bol de thé vert.

    Est-ce la vapeur elle-même ou la fluidité de ses mouvements qui la ravit ?

    Elle se souvient de celles des sources thermales dans le sud du Japon. Elles montaient tout droit dans le ciel bleu et froid de l’hiver.

    Chaque couche de vapeur qui s’élève pourrait dévoiler un secret mais une autre vient aussitôt le masquer.

    Elle aime aussi remuer doucement sa tasse de thé pour voir les feuilles tourner.

    Et les observer comme des algues au fond de l’eau, des fonds marins miniatures.




    Ito Naga, Iro mo ka mo, la couleur et le parfum, Cheyne Éditeur, Collection Grands fonds, 2010, pp. 29, 73-74.





        Sous le pseudonyme d’Ito Naga se cache un éminent astrophysicien français, né en 1957. Il collabore régulièrement à la revue italienne Sud et a déjà publié un premier ouvrage Je sais chez Cheyne Éditeur en 2006, qui en est aujourd’hui à sa cinquième réédition.

        « Pas besoin d’être grand clerc pour constater que, du monde, de soi et des autres, on ne sait pas grand chose. Il n’empêche. Il en est, biologiste, astrophysicien ou écrivain, qui ne désespèrent pas d’en savoir plus. C’est le cas de l’auteur de ce livre. Sa méthode ? Celle du scientifique qui s’apparente à celle du poète ou celle du philosophe : un affût intense qui met en examen tout ce qui tombe sous le regard, l’ordinaire, l’infime, l’incident de préférence. Où se vérifie cette loi heureuse : sous chaque observation, mille énigmes nouvelles. » (Jean-Pierre Siméon)


    ■ Ito Naga
    sur Terres de femmes

    un autre extrait de Iro mo ka mo, la couleur et le parfum

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  • TdF n° 67 ― juin 2010


    Logo  tdf juin 2010
    Image, G.AdC




    SOMMAIRE DU MOIS DE JUIN 2010


    Terres de femmes ― N° du mois de mai 2010
    Ito Naga | Iro mo ka mo
    Dominique Sorrente | Pays sous les continents
    Adrienne Arth, Claude Ber, Joëlle Gardes, Méditations de lieux (note de lecture d’Angèle Paoli)
    Michèle Dujardin | Naissance Anthologie poétique Terres de femmes (71)
    Andrea Zanzotto | (Anticicloni, Inverni)
    6 juin 1599 | Naissance de Diego Vélasquez
    Nicolas Bouvier | Depuis que le silence
    Icebergs – Le billet de Nestor (32)
    après Privas… Nicolas Pesquès (I). « du geste une écriture », par Yves di Manno
    ▪ après Privas… Nicolas Pesquès (II). J9, Prémisses de lecture d’une « énigme intime », par Angèle Paoli
    Marie-Claire Bancquart | En Angleterre Anthologie poétique Terres de femmes (72)
    Gabrielle Althen | Une fois le gris devenu l’autre versant du bleu Anthologie poétique Terres de femmes (73)
    Anne Creuchet | Vous pouvez bien passer les fleuves
    Gérard Cartier | Tristran par Nathalie Riera (Chroniques de femmes)
    Magda Cârneci | Culte postmoderne Anthologie poétique Terres de femmes (74)
    Aïcha Arnaout | Être et désêtre
    Pascal Boulanger | Art jésuite
    Camille Loivier, Il est nuit (lecture de Georges Guillain)
    Philippe Beck | Suie
    Béatrice Douvre | Nuit brisée
    Manège – Le billet de Nestor (33)
    Virginia Woolf | Sombrer dans le bleu (note de lecture d’Angèle Paoli)
    Valerio Magrelli | Aequator lentis
    Terres de femmes ― N° du mois de juillet 2010



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  • Terres de femmes ― Sommaire du mois de mai 2010


    MAI 2010
    Image, G.AdC




    SOMMAIRE DU MOIS DE MAI 2010


    Terres de femmes ― N° du mois d’avril 2010
    1er mai 1929/L’Amant de Lady Chatterley dans La NRF
    Roselyne Sibille/La tendresse me racine
    Les lois de l’hospitalité – Le billet de Nestor (27)
    Le Scriptorium/Portrait de groupe en poésie (note de lecture d’Angèle Paoli)
    Fabio Pusterla/Caparìca
    6 mai 1856/Naissance de Freud
    André du Bouchet/sur la terre immobile
    Samatan (Angèle Paoli)
    Liliane Giraudon, La Poétesse par Jos Roy (Chroniques de femmes)
    Ronces noires – Le billet de Nestor (28)
    Jacques Ancet/Je reviens
    Ariane Dreyfus/Un recoin dans un coin
    Sebastianu Dalzeto, Pépé l’Anguille (note de lecture d’Angèle Paoli)
    Margherita Guidacci/In corsa
    15 mai 1886/Mort d’Emily Dickinson
    Sebastianu Dalzeto/Cattivu sughjettu ’ssu zitellu
    Le Grand Prix Schiller 2010 remis à Philippe Jaccottet par Laurence Verrey (Chroniques de femmes)
    La cuisine des nécessités – Le billet de Nestor (29)
    18 mai 1944/Naissance de W. G. Sebald
    Edoardo Sanguineti/Wirrwarr
    Juan Gelman/Arte poética
    20 mai 1958/Journal de H.D.
    Pépé l’Anguille de Sebastianu Dalzeto (café littéraire à Aix-en-Provence) par Sylvie Saliceti (Chroniques de femmes)
    22 mai 1966/Journal d’Alejandra Pizarnik
    Julio Cortázar/Milonga
    Samba de Chegada – Le billet de Nestor (30)
    Anne-Lise Blanchard/Elle est à marée Anthologie poétique Terres de femmes (70)
    Flaviano Pisanelli/Entre deux lunes
    Ana Marques Gastão/Bailarinas
    Mai 1977/Philippe Jaccottet, La Semaison
    Frank O’Hara/Cornkind
    Stéphane Crémer/Lignes d’eau
    Nubile ’66 – Le billet de Nestor (31)
    Terres de femmes ― N° du mois de juin 2010



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