Terres de Femmes

Mois : juin 2019


  • Pia Tafdrup | Flamme de coquelicot



    FLAMME DE COQUELICOT




    Je suis le sablier où le sable
    ne se dépose pas pour dormir.
    Je souhaite reposer sur un courant sauvage,
    écouter le rythme de ton sang,

    le battement de ton cœur.
    Je souhaite une étreinte
    qui ne façonne pas l’être étreint

    selon celui qui étreint.
    Je souhaite croire en
    ce qui ne peut être anéanti

    et qui n’anéantit pas.
    Je suis l’aile et le départ
    d’une vie au point d’arrêt.
    Le rêve d’une rencontre

    existe
    flamme de coquelicot dans un champ de blé.
    Le rêve d’atteindre
    une mémoire partagée

    sans se perdre soi-même.
    Je voudrais tellement croire, c’est possible
    mais ça l’est peut-être

    uniquement dans un poème ?
    Au commencement, la langue et les lèvres se contentent
    de le murmurer

    au travers d’une fissure du temps.





    Pia Tafdrup, Le Soleil de la salamandre, Éditions Unes, 2019, page 56. Traduit du danois par Janine Poulsen.






    Pia Tafdrup  Le Soleil de la salamandre




    PIA TAFDRUP


    Pia_tafdrup
    Source




    ■ Pia Tafdrup
    sur Terres de femmes


    Pouls imaginaire (poème extrait des Chevaux de Tarkovski)
    Baptême (poème extrait de La Forêt de cristal)




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Unes)
    la fiche de l’éditeur sur Le Soleil de la salamandre
    le site de Pia Tafdrup






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  • Felip Costaglioli | Ce que c’est



    CE QUE C’EST




    C’est ça aussi un peu
    la mélancolie


    C’est une maison mangée
    de l’intérieur


    par les lézards de la pluie


    Ce sont les cailloux
    qui mûrissent dans votre gorge


    Ah enfin
    croire le nom des choses


    Cette petite pastille du
    pouvoir dire :


    la même pour tous


    Et l’on s’attend à ce que la table
    d’elle-même s’achemine vers nous


    Et l’on s’attend à être
    prisonnier d’un verre d’eau


    Et l’on veut bien s’ouvrir les doigts
    sur un peu de souffle gâté


    reconnaître que parfois
    rien


    ne peut être aboli


    C’est aussi accepter quand on traverse
    la rue


    d’être traversé par elle


    Les gens passent


    avec leur laine
    et leur petit exil


    et quand ils toussent
    c’est un peu


    de temps


    et un peu de nous
    qu’on recoud




    C’est ça aussi un peu.






    Felip Costaglioli, « Ce que c’est » in Ce qu’on vaut de poussière, éditions La Boucherie littéraire, Collection La feuille et le fusil, 2018, s.f.






    Felip Costaglioli  Ce qu'on veut de poussière




    FELIP COSTAGLIOLI


    Felip Costaglioli NB
    Source





    ■ Felip Costaglioli
    sur Terres de femmes


    Ne pas jouer avec (poème extrait de Loin de chez soi ?)
    Redécorer la grotte (poème extrait de NU)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site de St. Cloud State University)
    une notice bio-bibliographique sur Felip Costaglioli
    → (sur le site de La Boucherie littéraire)
    la fiche de l’éditeur sur Ce qu’on vaut de poussière de Felip Costaglioli [PDF]






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  • TdF n° 175 ― juin 2019  (Sommaire)



    TDF juin 2019
    Image, G.AdC






    SOMMAIRE DU MOIS DE JUIN 2019




    Terres de femmes ― N° du mois de mai 2019
    Jacqueline Saint-Jean ou l’aventure d’être au monde en poésie (chronique de Marie-Hélène Prouteau)
    Peter Gizzi | Scratch Ticket
    Georges Perros | Ken Avo
    Felip Costaglioli | Ce que c’est
    Pia Tafdrup | Flamme de coquelicot
    Pierre Dhainaut, Après (lecture de Sylvie Fabre G.)
    Michel Bourçon | [quelque chose cesse]
    Luigia Sorrentino | Hypérion, la chute
    Valérie Canat de Chizy | [Poésie quand le vert…]
    Irène Gayraud | Magmatiques, 10
    Pierre Vinclair | Prises de vers avec Laurent Albarracin
    Louise Dupré | [Comment écrire depuis le cœur qui souffre animal ?]
    Sabine Péglion | Naxos
    Samira Negrouche | [J’aborde la plus haute rive]

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  • Terres de femmes n° 175 ― juin 2019






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    du numéro du mois de juin 2019







    TDF juin 2019




    Responsable de la rédaction : Angèle Paoli
    Coordination éditoriale et mise en pages : Yves Thomas
    Direction artistique et mise en images : Guidu Antonietti di Cinarca [G. AdC]



    © 2004-2019 Angèle Paoli. Tous droits réservés.


  • Georges Perros | Ken Avo




    Kenavo
    Source






    KEN AVO
    (extrait)





    Ma motocyclette avait de ces ruades
    Comme parfois en ont les choses
    Elles éclairent violemment, crûment
    Notre piste nerveuse
    Le disque tourne fou
    Et se raye ça fait mal
    C’est un peu comme si j’allais mourir
    Toute une vie d’entre mes vies
    Défilait à toute vitesse
    Sur le réseau de mon angoisse
    Je n’avais plus peur de tomber
    Quelqu’un était en train de mourir en moi
    Quelque part, quelqu’un
    Que j’avais détesté
    Qui m’avait fait beaucoup souffrir
    Mais que je ne voulais ni ne pouvais
    En toute occasion, ne pas reconnaître
    Être un homme est ambigu
    Nul masque au monde ne m’en eût
    Caché la froide présence
    Quelqu’un qui était en train de me dire
    Le pire, le cruel,
    L’inacceptable.
    Le réel,
    C’est l’imagination relayée, vérifiée
    Soulagée
    Remplacée
    Poète celui qui pactisant
    Avec la mort
    Oublie qu’il va mourir.





    Georges Perros, « Ken Avo » (extrait), Poèmes bleus (Éditions Gallimard, 1962), Collection Poésie/Gallimard n° 545, 2019, pp. 24-25. Préface de Bernard Noël.







    Georges Perros  Poèmes bleus




    GEORGES PERROS


    Georges Perros portrait
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Gallimard)
    la fiche de l’éditeur sur Poèmes bleus de Georges Perros





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  • Peter Gizzi | Scratch Ticket



    SCRATCH TICKET




    Confetti in April
    Confetti in May

    This was the last party
    the animal sun asleep

    O stymie dewy surprising thing
    Leaf, you have arrived again

    The web is on the vine
    and the cricket clicks

    If the blue toned arc
    inside the vender’s luck

    If time itself doubled back
    and unwound the string

    How is it this afternoon
    being wide be also crystal —

    the total vista bright
    Let this and that begin

    O wind remember the tune
    Bird, enough of your trill





    Peter Gizzi, The Outernationale, Wesleyan University Press, Middletown, CT 06459, 2007, pp. 17-18.







    Gizzi couv








    AU GRATTAGE




    Confetti en avril
    Confetti en mai

    C’était la dernière fête
    le sommeil du soleil animal

    Ô chose mouillée trouée surprise
    Feuille, te revoilà

    La toile est sur la vigne
    et le criquet clique

    Si l’arc aux tons bleus
    dans la chance du vendeur

    Si le temps lui-même faisant demi-tour
    et déroulant sa corde

    Comment se fait-il que cet après-midi
    bien qu’immense soit aussi cristallin —

    la perspective totale et lumineuse
    Que ceci et cela commencent

    Ô vent souviens-toi de la musique
    Oiseau, ça suffit tes trilles





    Peter Gizzi, L’Externationale, Éditions Corti, Série américaine, 2013, pp. 25-26. Traduction de Stéphane Bouquet.






    Peter Gizzi  L'Externationale




    PETER GIZZI


    Peter Gizzi_NewBioImage_Credit-ElizabethWillis
    Ph. D.R. Elizabeth Willis
    Source





    ■ Peter Gizzi
    sur Terres de femmes


    Bolshevescent (autre poème extrait de The Outernationale)




    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur poets.org)
    une notice bio-bibliographique sur Peter Gizzi
    → (sur YouTube)
    une lecture par Peter Gizzi de huit poèmes extraits de The Outernationale et leur traduction en français (sauf le dernier) par Stéphane Bouquet (“Une panique qui peut encore me tomber dessus”, 1.2.3.4.5 + “Spectre sans titre d’Amherst” + “Un jardin occidental” + “L’Externationale”) [gale­rie éof, 15, rue Saint-Fiacre – 75002 Paris | 29 mai 2012]






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  • Jacqueline Saint-Jean ou l’aventure d’être au monde en poésie

    par Marie-Hélène Prouteau

    Chroniques de femmes – EDITO




    JACQUELINE SAINT-JEAN OU L’AVENTURE D’ÊTRE AU MONDE EN POÉSIE



    Depuis plus d’une quarantaine d’années, Jacqueline Saint-Jean a écrit une œuvre poétique marquante, une trentaine de recueils aux éditions Encres vives, Le Castor astral, Rafaël de Surtis, Alcyone, La Canopée, Le Dé bleu dont des livres pour la jeunesse et plusieurs livres d’artistes. Sans oublier ses textes publiés dans de nombreux ouvrages collectifs et anthologies. Cet ensemble créatif ne va pas sans un engagement profond pour l’action poétique qu’elle a menée dans diverses revues – membre du comité de rédaction d’Encres vives, co-fondatrice et rédactrice jusqu’en 2009 de Rivaginaires. Pour le recueil Chemins de bord, elle a reçu en 1999 le prix Max-Pol Fouchet. Et pour l’ensemble de son œuvre le prix Xavier Grall lui a été attribué en 2007.

    « Je cherche à ma manière, dit-elle dans une interview à la revue Spered Gouez, à ouvrir ma perception du dehors, à accueillir l’imprévu, à sonder le cosmos intime, les forces obscures de la vie… à relier l’espace et le temps, la naissance et la mort, le clair et l’obscur, le pétrifié et le mouvant, le « souffle et la forme », selon la formule de Philippe Jaccottet » 1.

    Cette dimension de l’imaginaire est au cœur de son écriture poétique. Être au monde, être en poésie : une même expérience chez Jacqueline Saint-Jean. L’œuvre gravite autour de cette exigence.

    Et l’écriture se fixe sur la tension et le chevauchement des oppositions qui nous font passer du sensible au spirituel, comme dans Bleu de l’oubli :

    « Mots chuchotés

    bouche contre nuit

    encoches contre mur

    au parloir des ombres

    ils attendent le bord du jour

    ébloui d’espace ».

    Pour sa recherche intérieure, la poète accueille l’expérience privilégiée de la nuit, de l’ombre. Occurrence étonnante du mot qui se trouve dans les titres eux-mêmes, « L’ombre des gestes », « Brasier des ombres » et irrigue nombre de ses poèmes. Foncièrement ambiguë, telle est l’ombre. Moment de haute tension, elle englobe la fin du jour, l’obscur, la nuit. « L’enfant brûlant s’enfouit sous les grandes robes d’ombre ». Elle désigne aussi les êtres qui la peuplent.

    Intrusion associée à la Bête tapie dans le noir de l’enfance, elle conjugue la menace. L’imaginaire du conte s’y mêle. Une part de soi est en vigilance et en rêverie. L’ombre peut au contraire signifier l’élan vital qui se relance : « Renaître, dis-tu, de l’ombre même/de la dernière mue ». Elle est le théâtre où passent en silence de fugaces présences d’hier en un « diaporama voilé des visages ». Cette emprise de l’ombre n’est pas sans évoquer le poète Roberto Juarroz dont Jacqueline Saint-Jean admire la poésie.

    On lit ces vers qui, d’un recueil à l’autre, se font écho. Dans Solstice du silence :

    « quelqu’un sur le bord s’unit à la nuit ».

    Dans Visages mouvants :

    « Quelqu’un se tenait dans le noir

    frère friable murmurant

    dans la gravitation secrète des images ».

    L’inconscient s’invite. L’ombre est ainsi féconde, favorise le rêve qui traverse chacun des recueils. Elle suscite les visions, telle la couleur rouge récurrente, ainsi « le sang des cerises » évoquant la bouche de l’enfant-sphinx. Son antithèse, la lumière, est évoquée dans deux recueils, Lumière de neige et Au clair d’octobre.

    Le fil tendu entre ombre et lumière nous convie à un itinéraire existentiel, celui des mégalithes celtiques de Newgrange qui nous parlent du voyage de l’énergie de l’univers jusqu’au solstice. Ainsi, dans De Brú Na Bóinne :

    « Vieux rêve de revivre

    isthme de lumière

    où se croisent

    les vivants et les morts ».

    Itinéraire des chemins de bord de Bretagne, sa terre d’origine, dont la leçon n’est pas différente : « un alphabet de sable et de sel » dépose des signes où « la vie renaît et s’illumine ». Ce paysage mental s’enracine dans l’enfance, véritable matrice sensible (pierres, algues, « grimoire des marées »), mais aussi affective et spirituelle. Grâce au regard poétique et à son pouvoir, ce paysage s’affranchit de sa matérialité et de sa singularité d’origine. Il en vient à dessiner un rapport au monde essentiel, capable de saisir en surimpression d’autres géologies primordiales, Haut-Atlas, Pyrénées où vit la poète. La part du mystère entrevu met de plain-pied avec des fragments de l’aventure humaine. Qu’il s’agisse de l’un ou l’autre lieu, le paysage est exempt du moindre pittoresque. Intériorisé, il se dilate. Dès lors, « le pétrifié et le mouvant » convoquent des images qui associent la fixité archaïque (fossiles, cairn, grottes) à la fluidité et à l’éphémère, marins le plus souvent. Les contraires s’abolissent en une superbe illumination rimbaldienne dans Solstice du silence :

    « La montagne qui flotte

    en vagues bleues

    dans l’eau du ciel »

    Les êtres qui traversent le monde de Jacqueline Saint-Jean restent souvent dans l’insaisissable, l’indéfini. Le lecteur passe du « on » à « quelqu’un », à « il » ou « elle » qui désignent rarement une personne précise. Les catégories flottent : le lecteur est ainsi pris dans un mouvement d’incertitude. Qui passe et marche là ? Femmes de l’Atlas, « enfants seuls dans les cendres », le promeneur de haute mémoire, le marcheur du sentier, l’enfant-sphinx, « la fugitive » ? L’identité vacille. Visages mouvants, le titre de ce recueil est éclairant. Dans ce monde en mouvement où s’entrelacent ombre et lumière, des personnages semblent envahir Jacqueline Saint-Jean dans un grand remuement d’être.

    Cette pensée de la perte des repères prend souvent la forme du labyrinthe, de la dérive. « Dérive égarée de l’histoire », « terrasses dévastées de l’histoire » : cette dernière et ses tollés s’invitent parfois en flash-back des temps de la guerre.

    Dans la rêverie éveillée le moi se tisse de présences qui, toujours, le débordent. Ainsi, dans Visages mouvants :

    « Je te retrouve voyageuse aux yeux vagues

    Visage de patience sur fond de terre rouge

    Les traits tirés dans les détroits du temps

    Là-bas l’Atlas a des mauves de songe

    Et tu parles en toutes langues

    De trains interminables qui remontent ».

    Le « je » est peu présent. Pas d’épanchement qui chanterait l’amour, le bonheur amoureux. La poésie de Jacqueline Saint-Jean a peu à voir avec une poésie de l’intime. Si elle parle des êtres chers disparus, du temps qui passe, c’est à sa manière, impersonnelle, sans effusion. Comme dans Solstice du silence :

    « De jour en jour on avance

    dans la forêt blanche

    des disparitions ».

    La poète se tient sur ce « Chemin de bord », où l’être se perd entre « je » et « l’autre », dans une identité fluctuante qui revient parfois à la source première d’un vécu d’enfant dans les ruines de la guerre :

    « Poupée de maïs

    Quelqu’un dans les décombres demande en silence

    Pitié pour la lumière ».

    Et cette création étonnante de Jelle et les mots, « je » plus « elle » devient celle qui accueille les mémoires de tant d’âges et d’êtres vivant en nous tous. Et singulièrement en la poète qui s’efface, cesse de vivre sur le mode de l’existence séparée. Jelle, sorte de figure gigogne intemporelle qui fait penser à la « Dame de Saint-Sernin ». La porteuse de signes en quête de mots, archaïque, mystérieuse :

    « Jelle est d’un âge immense

    Elle porte en elle les silex et les soies

    les feux et les fables »

    Ainsi la poésie de Jacqueline Saint-Jean se nourrit d’une double postulation. L’une sensitive, ouverte aux topographies tangibles, tous sens dehors, l’autre méditative et réflexive menant un dialogue avec le monde. Cette tension fait la singularité d’une parole poétique de haute densité. La poète fait sien le propos de Lorand Gaspar : « Le travail sur la langue est un travail sur soi » 2. Exigence éthique des plus élevées, telle est la visée de la poésie à ses yeux. Son trajet d’écriture est accompagné par les poètes Rilke, Reverdy, Guillevic, René Char, Octavio Paz, Claude Esteban, Adonis, Gérard Macé… Il se vivifie autant de la lecture des philosophes Gaston Bachelard, Gilbert Durand, Mikel Dufrenne. Au cœur du sujet poétique qui regarde le monde, comme en chaque être, se tient un philosophe qui retrouve l’esprit et la liberté de l’enfance chers à Nietzsche. Sans surplomb. Il y a dans ses vers une tendresse pour le mot « syllabe », pour sa magie qui ravive la merveille première de l’enfant déchiffrant les mots du monde. C’est le même questionnement qui revient en leitmotiv d’un recueil à l’autre. Dans Chemins de bord :

    « On cherche un mot, comme une arche, où passerait le fleuve.

    Un mot, un lit profond, syllabe de limon, langue

    Pour relier la source à l’estuaire ».

    Dans Jelle et les mots :

    « Elle cherche un mot un mât une amarre

    pour arrêter la dérive des mondes ».

    Dans « Sourdine du soir », titre de la seconde section de Solstice du silence, le beau mot de sourdine m’a arrêtée. Il m’a semblé résumer à lui seul l’unité musicale de toute l’œuvre en suggérant le timbre d’une voix singulière qui nous parvient, assourdie, du grand mystère du monde. Une voix épurée qui irrigue en profondeur les poèmes. L’écriture de Jacqueline Saint-Jean est une expérience de la sourdine, porteuse d’une haute exigence poétique autant qu’éthique.


    Marie-Hélène Prouteau (mai 2019)
    D.R. Texte Marie-Hélène Prouteau
    pour Terres de femmes



    ________________________
    1. Revue Spered Gouez, Jacqueline Saint-Jean entre sable et neige, collection Parcours, 2017. Anthologie, entretien et approches. Textes de Marie-Josée Christien, Bruno Geneste, Jacques Ancet, Silvaine Arabo, Paul Sanda, Michel Baglin…
    2. Cité dans la revue Spered Gouez.




    JACQUELINE SAINT-JEAN


    Jacqueline Saint-Jean 2
    Source




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de la mél [Maison des écrivains et de la littérature])
    une fiche bio-bibliographique sur Jacqueline Saint-Jean




    ■ Autres chroniques et lectures (25) de Marie-Hélène Prouteau
    sur Terres de femmes

    Chambre d’enfant gris tristesse
    La croisière immobile
    Anne Bihan, Ton ventre est l’océan
    Jean-Claude Caër, Alaska
    Jean-Louis Coatrieux, Alejo Carpentier, De la Bretagne à Cuba
    Marie-Josée Christien, Affolement du sang
    Yves Elléouët, Dans un pays de lointaine mémoire
    Guénane, Atacama
    Luce Guilbaud ou la traversée de l’intime
    Cécile Guivarch, mots et mémoire en double
    Denis Heudré, sèmes semés
    Jacques Josse, Liscorno
    Martine-Gabrielle Konorski, Instant de Terres
    Ève de Laudec & Bruno Toffano, Ainsi font…
    Jean-François Mathé, Prendre et perdre
    Philippe Mathy, l’ombre portée de la mélancolie
    Monsieur Mandela, Poèmes réunis par Paul Dakeyo
    Daniel Morvan, Lucia Antonia, funambule
    Daniel Morvan, L’Orgue du Sonnenberg
    Yves Namur, Les Lèvres et la Soif
    Dominique Sampiero, Chante-perce
    Dominique Sampiero, Où vont les robes la nuit
    Ronny Someck, Le Piano ardent
    Pierre Tanguy, Ma fille au ventre rond
    Pierre Tanguy, Michel Remaud, Ici même





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