Terres de Femmes

Mois : octobre 2017


  • TdF n° 156 ― novembre 2017  (Sommaire)



    TDF NOVEMBRE 2017
    Image, G.AdC






    SOMMAIRE DU MOIS DE NOVEMBRE 2017


    Terres de femmes ― N° du mois d’octobre 2017
    Emmanuel Moses | [Je ferme les yeux]
    Matthieu Gosztola | [Les masques | Nous parlent]
    4 novembre 2012 | Jacques Ancet [Sous le bruissement du sang, tweet]
    Nimrod, Gens de brume (lecture d’Angèle Paoli)
    Hélène Lanscotte | [pas seulement le nombre la multitude]
    Lucie Taïeb | [se cacher sous les mots]
    Daniel Blanchard | [Année après année]
    Jean Le Boël | [femme noire | toujours vêtue de ta couleur]
    Jean Portante, L’Aquila (lecture d’Angèle Paoli)
    Bruno Krebs | [Jours vierges, blancs champs de pierre]
    Alexandre Romanès | [Les Tsiganes sont comme les oiseaux]
    Nadia Porcar | Notre monde | Noir et blanc | Les îles
    Emmanuel Moses | [Aujourd’hui j’ai ouvert le journal de l’éternité]
    Jean-Pierre Siméon | [Chaque pli du matin]
    Maud Thiria | [chercher à prendre corps]
    Galway Kinnell | Vente aux enchères
    Terres de femmes ― N° du mois de décembre 2017

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  • Terres de femmes n° 156 ― novembre 2017






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    du numéro du mois de novembre 2017






    TDF NOVEMBRE 2017 Responsable de la rédaction : Angèle Paoli
    Coordination éditoriale et mise en pages : Yves Thomas
    Direction artistique et mise en images : Guidu Antonietti di Cinarca [G. AdC]



    © 2004-2018 Angèle Paoli. Tous droits réservés.


  • Pierre Voélin | [Être dans le pas des chevaux] [To Follow The Horses’ Hoof Steps]


    [ÊTRE DANS LE PAS DES CHEVAUX]



    Être dans le pas des chevaux
    et leurs crinières blanchies par le froid
    et leurs pas plus lents sur les prés mouillés

    ou le longe des lisières immobiles
    avec le loir ou le soleil chauve

    à naître
    à disparaître
    dans la courbe des étoiles ocellées
    Père de toute fin et des commencements

    à l’abri d’une clairière là-bas
    avec les colchiques et l’herbe rase
    dans le tintement grêle des sonnailles
    au plus lointain de la mémoire des feuilles



    Pierre Voélin, « Dans la langue des fougères » in La Lumière et d’autres pas, La Dogana, Collection « Poésie », Genève, 1997, page 58.







    Voelin_lumiere








    [TO FOLLOW THE HORSES’ HOOF STEPS]



    To follow the horses’ hoof steps
    and their manes whitened by the cold
    and their slower gait over the wet meadows

    or along the motionless edges of woods
    with the dormouse or the bald sun

    to be born
    to vanish
    in the curve of the eyelike stars
    Father of every end and all beginnings

    in the shelter of a clearing down there
    with the autumn crocuses and the mowed grass
    in the shrill jingling of the bells
    in the remote reaches of the memory of leaves



    Pierre Voélin, “In the Language of Ferns”, Light and Other Footsteps/La Lumière et d’autres pas, in To each unfolding leaf, Selected poems: 1976-2015, The Bitter Oleander Press, New York, 2017, page 181. Translated from the French by John Taylor.







    Pierre Voélin  To Each Unfolding Leaf






    _______________________
    Le 13 novembre 2017, à Lausanne, la Fondation Pierrette Micheloud remettra son Grand Prix de Poésie 2017 à Pierre Voélin, pour l’ensemble de son œuvre.






    PIERRE VOÉLIN


    Voelin-nb
    Ph. © ladogana.ch
    Source





    ■ Pierre Voélin
    sur Terres de femmes

    Le nom des pluies (extrait de Sur la mort brève)



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur le site de la Fondation Rilke)
    une notice bio-bibliographique sur Pierre Voélin
    → (sur empreintes.ch)
    une fiche de Nathalie Riera sur To each unfolding leaf, Selected poems: 1976-2015 [PDF]
    → (sur le site de la Radio Télévision Suisse francophone)
    Pierre Voélin : « Des Voix dans l’autre langue » (Entre les lignes, 7 août 2016)





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  • Seyhmus Dagtekin | [Ville se déguisera]


    [VILLE SE DÉGUISERA]




    Ville se déguisera       en
    chemin cunéiforme
    en nuage boisé en       bois
    qui dévore ses rennes
    champ qui engloutit ses chemins
    lac qui ne sait choisir sa couleur
    maison qui recrache ses cannes
    en bonhommes de neige sur les routes
    /
    Ville se déguisera       en singe
    en cerf       en sanglier qui ne
    se reconnaît dans ses reflets
    elle se changera en       miroir
    qui dévore ses images
    /
    Ville se fardera en champ
    qui coupe ses ailes
    pour ne plus avoir à voler
    elle se révèlera faim
    se révèlera               soif
    qui n’a plus à se dire ni rêve
    ni                      sommeil
    au pied de nos belles montagnes



    Seyhmus Dagtekin, Dès que mon pied touche l’eau (extrait) in Phœnix, Cahiers littéraires internationaux, numéro 26, Été 2017, pp. 16-17.






    Phoenix 26 2






    SEYHMUS DAGTEKIN


    Seyhmus Dagtekin
    Source



    ■ Seyhmus Dagtekin
    sur Terres de femmes

    Je voudrais (poème extrait d’Au fond de ma barque)
    Rêves légers, nuit claire (poème extrait d’Élégies pour ma mère)
    [Te voici entre routes et sables] (poème extrait de Juste un pont, sans feu)



    ■ Voir aussi ▼

    le site officiel de Seyhmus Dagtekin
    → (sur Terre à ciel)
    un entretien de Cécile Guivarch avec Seyhmus Dagtekin (juin 2009)





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  • Alain Freixe, Contre le désert

    par Angèle Paoli

    Alain Freixe, Contre le désert,
    L’Amourier éditions, Collection “Fonds Poésie”, 2017.



    Lecture d’ Angèle Paoli




    DU POÈTE AU MARCHEUR, LES MÊMES ANNEAUX DE SOLITUDE ET DE SILENCE




    Qu’y a-t-il « derrière les étangs », « derrière les cols », « derrière les jours » ? Et qu’y a-t-il, au-delà, derrière les fenêtres avaleuses de ciel, de nuages, sinon le noir béant sur le vide ?

    Puisqu’il faut accepter le gouffre pour pouvoir habiter « l’Abîme de l’existence humaine », il faut entrebâiller les ouvertures, pratiquer l’écart, s’infiltrer dans les interstices laissés apparents derrière « les lunettes d’approche » — expression empruntée par Alain Freixe à une toile de René Magritte (La Lunette d’approche, 1963), et intitulé du poème d’ouverture. Faire reculer sans cesse les étendues toujours plus grandes du désert. Et s’insurger, peut-être, s’il est encore possible de le faire, avec ce peu qui reste « contre ». Contre l’avancée toujours plus prospère de ce qui musèle, et aller voir, avec un œil qui écoute, ce qui murmure encore sous les pierres. Rester en éveil « contre toutes les réquisitions du monde ». C’est ce qu’Alain Freixe invite à faire, à travers les fragments rassemblés dans son dernier recueil poétique — Contre le désert —. Aller chercher, derrière les murs, derrière ce que l’œil à lui tout seul ne peut voir ou se refuse à voir. Solliciter « l’œil au-delà de l’œil ». Aller fureter derrière « [c]e que cache la vue » (Bernard Noël). Pour cela, « jouer de l’oblique, aborder de côté, du côté de la coulisse ». Et tenter, par ces subterfuges — reflets, « emblèmes, « images », « miroirs » —, d’approcher cet insaisissable que le poète travaille au corps (des mots), d’en cerner la substance. Il y a le ciel, ses mouvances liquides, l’eau des ruisseaux et des étangs. Avec, inaccessibles mais toujours présentes, les montagnes, leurs promesses de solitude et de silence.

    « La solitude et le silence. Deux anneaux. Deux ondes. Deux rythmes accordés. Serpent noir qui ondule jusqu’à se cacher dans ma langue. » (« L’automne est sans pitié » in « Reprises »)

    « Les miroirs ?/On les traversera », affirme le poète en conclusion du poème liminaire et en réponse à sa première interrogation-négation : « Les miroirs ?/On ne s’en guérira pas. » Comment ? Et par où traverser ?

    « Dans la nuit des poèmes », écrit Alain Freixe. Et il ajoute : « Ou celles des images ». « Quand l’œil fend les paupières et la langue les secrets. »

    Tant pis si le miroir est « vide ». Pourvu qu’il soit « vivant ». Car que cache-t-il derrière ses reflets ? Rien de sûr, ni de réconfortant. Rien que le fracas du monde et ses eaux tellement noires, tellement désespérées qu’il arrive que le poète, avec d’autres, ait envie « de mettre le ciel des mots à l’orage ». Et « de faire voler en éclats toutes les portes de la réalité. » Le vent de la révolte gronde qui rugit contre ce qui reste. « Ravin noir et mouillères obscures. »

    « Que l’arrière passe devant ! Le dessus dessous !

    Que le rien d’en haut fasse nid ici.

    Que dans les éclats. Les brisements. S’établisse un calme de débâcle »

    s’insurge Alain Freixe.

    Quant aux images, le poète en revendique l’usage, haut et clair :

    « Oui, j’ai besoin d’images

    de prises de sang

    sur le monde

    de prises de vue

    de cadrages

    et leur hors-champ

    des images

    et ce vent

    qu’elles descellent

    dans les murs

    de l’air »

    Les images, comme les miroirs, sont indispensables au poète, car elles font partie du gué. Elles offrent une possible passerelle entre des univers étrangers l’un à l’autre. Associant les contraires, créant échos et correspondances. Couleurs et murmures se fondent, sans transition des unes aux autres. Elles sont aussi expression d’un espoir, lien désirable entre hier et demain :

    « l’avancée toujours possible

    vers d’autres images

    d’autres mots

    d’autres jours »

    (« Le sens le soir les images » in « Reprises »)

    Elles font perdurer la passion, au-delà de ce qu’elle fut, comme il se dit dans cette très belle strophe du poème « Le blanc de l’églantier » :

    « Faudra-t-il ces trous dans la langue, ces images qui au fil tendu du poème font ombre si grande que le désir y risque sa chanson perdue pour qu’au bout ce soit enfin le jour, quelque chose comme un matin et ses braises où suspendu un feu tremble dans l’absence des flammes  ».

    En aucun cas, le poète ne peut se satisfaire des apparences. Il s’agit pour lui de faire rendre à la langue ses forces insaisissables. Ses secrets. Libre est le poète, qui libère les eaux de la rivière et libère les mots. Dès lors, suivre le poète dans les poèmes-jalons qui forment gué, d’une section à l’autre du recueil. Lui emboîter le pas. Avec lui repriser les images du passé avec celles du présent, les reprendre, morceaux de prose, poèmes, les remâcher, revenir en arrière pour relever, reprendre encore et renouveler, d’une forme poétique à l’autre, ranimer la pigmentation des couleurs. Et accepter de se perdre. Dans le labyrinthe des paysages des mots des souvenirs des images. Accepter de se risquer, avec le poète, dans la fusion imprévue des éléments du langage :

    « Main risquée dans l’écart des noms, se cognant parfois aux parois d’un défilé de langue, perdant des eaux dans un labyrinthe de rocs et d’écume ».

    Accepter de se laisser surprendre dans le dernier poème par l’adresse inattendue et mystérieuse « À la belle matineuse », ce motif très Rinascimento étant peut-être ici une métaphore de la langue.

    Le miroir, chez le poète, prend des formes multiples. Ainsi retrouve-t-il son côté inversé dans la combe au fond de laquelle coule la Castellane. De même la rivière dans son miroitement. Qui sépare un présent que n’émaille plus qu’une « ardente et triste lumière » d’un passé où la vie se vivait dans les livres.

    Avec les miroirs, ses feux et ses jeux, s’en viennent la lumière, ses plissés innombrables et changeants sur l’eau des étangs et froissements des feuilles dans les arbres. Pourtant, « [à] regarder, entre hier et aujourd’hui », le poète s’avoue « sans prise/sur ce paysage/debout sur les jours ».

    « c’est d’autres yeux

    dans mes yeux

    qu’il me faudrait voir

    s’ouvrir

    c’est d’autres syllabes

    qu’il me faudrait épeler »

    avoue-t-il, dans le même poème : « J’habite une autre nuit ».

    Les yeux s’attardent sur les couleurs. Hier lumineuses, fanées aujourd’hui. Les couleurs comme la lumière ont pris des teintes passées, progressant vers « la transparence d’un blanc laiteux ». Pour que se produise à nouveau le fusionnement des sensations et que le bleu retrouve l’intensité aveuglante d’un « ciel en majesté », il faudrait faire jouer les « lunettes d’approche ». Peut-être alors, couleurs/rumeurs/formes, toutes pourraient se mettre de la partie. Il faudrait que l’œil écoute afin d’assurer le passage du dehors vers le dedans.

    Il ne reste dès lors qu’à repriser/reprendre/relever les mots d’hier avec ceux d’aujourd’hui pour réconcilier passé et présent, images englouties encore perceptibles mais qui échappent à une emprise heureuse.

    « Je m’endors j’écris

    où les routes sont coupées

    et les pas assurés

    de s’égarer. »

    Que reste-t-il, lorsque le sentiment dominant est celui d’une perte irrémédiable ? Pour un homme tel qu’Alain Freixe, si intensément proche de la nature, de son souffle primordial, de sa puissance, il reste à s’élancer vers les hauteurs. « C’est le moment de prendre le chemin de la montagne, l’heure d’aller vers celle qu’on ne pénètre pas, celle qui entre en vous. Cornes hautes du pic Madres », écrit-il dans le poème en prose « Sans plus attendre ». Car de la montagne le poète connaît le langage. Des signes qui ne trompent pas l’interpellent et le poussent à grimper, toujours plus avant « derrière les cols » ; « à s’enfoncer dans toujours plus de silence ». Non pas pour s’approprier cette part d’elle qui résiste, impénétrable, mais pour se laisser prendre par elle. Inversion des rôles de l’amant et de l’amante. Du poète au marcheur, ce sont les mêmes anneaux de serpents qui structurent l’âme entière, vouée à la solitude et au silence.



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli






    Alain Freixe  Contre le désert




    ALAIN  FREIXE


    Alain Freixe par Marc Monticelli





    ■ Alain Freixe
    sur Terres de femmes

    Contre le désert (lecture de Michel Diaz)
    Bleu plié au noir
    Septième pas (extrait de Comme des pas qui s’éloignent)
    Vers les riveraines (lecture de Sylvie Fabre G.)
    Vers les riveraines (lecture d’AP)
    À l’étrangère (extrait de Vers les riveraines)
    [on serait à couvert sous les arbres] (autre extrait de Vers les riveraines)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de L’Amourier éditions)
    une page sur Contre le désert
    → (sur Terres de femmes)
    Alain Freixe & Raphaël Monticelli | Chère
    P/oésie, le blog d’Alain Freixe : La poésie et ses entours
    → (sur Terres de femmes)
    Serge Bonnery et Alain Freixe, Les Blessures de Joë Bousquet, 1918-1939 (lecture d’AP)





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  • Josette Ségura | [Dans toute combe]


    [DANS TOUTE COMBE]



    Dans toute combe,
    ce sentiment de traverser un petit pays,
    comme si la rivière avait creusé pour protéger,
    on y reçoit presque des confidences,
    les prés, les arbres, les champs étroits font monter leur

    voix, leur silence,
    sur le chemin de Carlucet, de Gavaudun
    constellé de cardamines.




    De part et d’autre de la route, les ombellifères
    au pied des frênes ruisselants de lumière,
    leurs premières feuilles comme des promesses,
    vallée de l’Aveyron toujours envoûtante,
    elle commence vraiment à Montricoux,
    elle s’ouvre en nous,
    puis nous montons vers Penne,
    les chênes du causse ont mis leurs feuilles,
    nous parlons finalement de choses et d’autres,
    du temps qui s’accélère,
    de la jeunesse où ça ne comptait pas d’avoir la vie

    devant soi,
    on n’y pensait pas.




    […]




    Ce matin,
    ce silence qui se penche sur la journée qui commence,
    sur tout ce qui vient de s’effacer,
    cette lettre où quelqu’un s’est forcé,
    ce mutisme après une critique,
    ce rire, lorsque je suis sortie du magasin rural,
    avec mon accent, mes incompétences en jardinage,
    je l’ai entendu éclater comme un orage,
    comme si pour avancer nous devons laisser de côté,
    dans les souvenirs aussi d’ailleurs,
    sinon nous trébuchons sur les mêmes pierres.



    Josette Ségura, Jours avec, Éditinter, Collection poésie, 2017, pp. 14-15-17.






    Josette Ségura  Jours avec





    JOSETTE SÉGURA


    Josette Ségura bis
    Source




    ■ Josette Ségura
    sur Terres de femmes

    Dans la main du jour (lecture d’Isabelle Raviolo)
    Entre la parole et nous (extrait d’Au bord du visage)
    [Le parler de l’hiver] (extrait d’Au plus près de nos pas)
    [« On a tellement de souvenirs… »] (extrait des Éclaircies)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de Pleine Page)
    une notice bio-bibliographique sur Josette Ségura
    le site des éditions L’Arrière-Pays





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  • César Vallejo | Chapeau, Manteau, Gants



    Cafe de la Regence
    Paris : Le Café de la Régence, en 1900







    CHAPEAU, MANTEAU, GANTS



    En face de la Comédie-Française, se trouve le Café
    de la Régence ; il y a là une salle
    cachée, avec un fauteuil et une table.
    Lorsque j’entre, la poussière immobile est déjà debout.

    Entre mes lèvres faites liège, le bout
    d’une cigarette fume, et dans la fumée l’on voit
    deux intenses fumées, le thorax du Café,
    et dans le thorax un oxyde profond de tristesse.

    Il importe que l’automne se greffe sur les automnes,
    il importe que l’automne s’intègre dans les bourgeons,
    le nuage dans les semestres ; dans les pommettes, la ride.

    Il importe de passer pour fou en postulant
    que chaude est la neige, fugace la tortue,
    simple le comment et le quand fulminant !



    César Vallejo, Poèmes Humains in Europe, revue littéraire mensuelle, novembre-décembre 2017, n° 1063-1064, page 23. Traduit de l’espagnol par Florence Delay.







    Vallejo







    SOMBRERO, ABRIGO, GUANTES



    Enfrente a la Comedia Francesa, està el Cafè
    de la Regencia ; en él hay una pieza
    recóndita, con una butaca y una mesa.
    Cuando entro, el polvo inmovil se ha puesto ya de pie.

    Entre mis labios hechos de jebe, la pavesa
    de un cigarrillo humea, y en el hume se ve
    dos humos intensivos, el tórax del Café
    y en el tórax, un óxido profundo de tristeza.

    Importa que el otoño se injerte en los otoños,
    importa que el otoño se integre de rotoños,
    la nube, de semestres ; de pómulos, la arruga.

    Importa oler a loco postulando
    ¡qué calida es la nieve, qué fugas la tortuga,
    el cómo qué sencillo, qué fulminante el cuándo !



    César Vallejo, Poemas humanos (1923-1938), Les Éditions des Presses modernes, Au Palais Royal, juillet 1939. Supervision de Georgette Marie Philippart.





    CÉSAR VALLEJO


    Vallejo-portraitpicasso1
    Pablo Picasso, Portrait posthume
    de César Vallejo,
    1938





    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Esprits Nomades)
    César Vallejo, Une alchimie de l’incandescence et de la révolte
    → (sur le site de Libération)
    Vallejo, Valse trilce, par Philippe Lançon





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  • Marie-Josée Christien | [Je creuse les mots]


    Fissures de la mémoire
    « Dans les fissures
    de la mémoire
    le peu de terre
    remonte péniblement
    vers nous

    éparpillé. »
    Ph., G.AdC







    [JE CREUSE LES MOTS]



    Je creuse les mots
    qui tiennent en éveil
    au bord de la falaise

    un étroit passage
    imperceptible et fragile
    entre être
    et vivre.




    Là où demeure
    la mémoire obscure

    l’ombre condense
    l’évidence brûlante
    des mots

    éclat pétrifié
    de notre propre vie
    ignorante
    d’elle-même.




    Dans les fissures
    de la mémoire
    le peu de terre
    remonte péniblement
    vers nous

    éparpillé.



    Marie-Josée Christien, Entre-temps [éditions Interventions à Haute Voix, 2004] in Entre-temps précédé de Temps composés, nouvelle édition, Les Éditions Sauvages, Collection Phénix, 29270 Carhaix, 2016, pp. 62-64-66. Illustrations de Marc Bernol. Préface de Jean-François Roger.






    Entre-temps





    MARIE-JOSÉE CHRISTIEN


    Marie-Josée Christien à Quiberon  2013
    Source



    ■ Marie-Josée Christien
    sur Terres de femmes

    Affolement du sang (lecture de Marie-Hélène Prouteau)



    ■ Voir aussi ▼

    → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une notice bio-bibliographique sur Marie-Josée Christien
    le site personnel de Marie-Josée Christien
    → (sur Ce qui reste)
    d’autres extraits d’Entre-temps
    → (sur le site de la revue Texture)
    Entre-temps précédé de Temps composés (double lecture de Michel Baglin et Lucien Wasselin)





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  • Serge Airoldi | Névés




    NÉVÉS


    le noir des venelles, le théâtre des fondamente, l’écorce fine d’un écho lointain, il claque à l’angle droit & à l’oblique & au tournant du dédale, derrière le haut mur qu’une eau saumâtre a ridé, je reçois la musique sombre des jardins & de l’amour éteint

    là, comme dans le Discours du songe de Poliphile,
    je lis une géométrie consacrée à Vénus,
    semblable à celle de l’île de Cythère,
    au milieu des buis taillés, topiaires fantasques
    ils figurent des géants casqués dont chaque main
    empoigne une tour, un glaive,
    je comprends qu’un totem émerge du sol
    & des terres grenues, caparaçonné de cuir d’hoplite
    & de drap de Damas

    tout accroupi, fixant les névés enflammés par-dessus la ville des merveilles,
    loin là-haut, jusqu’à l’aveuglement,
    dans le blanc j’attends le noir, — une forme d’agnosie

    le blanc est l’autre noir



    Serge Airoldi, À la brunante, La tête à l’envers, 2017, page 22.







    Brunante 2





    SERGE AIROLDI


    Serge Airoldi
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Tiers Livre, la revue)
    Serge Airoldi | Le croiseur noir d’Ulysse (+ une notice bio-bibliographique)
    → (sur le site des éditions La tête à l’envers)
    la fiche de l’éditeur sur À la brunante





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  • Adeline Baldacchino,

    13 poèmes composés le matin (pour traverser l’hiver)

    par Angèle Paoli

    Adeline Baldacchino, 13 poèmes composés le matin
    (pour traverser l’hiver),

    éditions Rhubarbe, 2017.



    Lecture d’Angèle Paoli



    Tournant-de-l-hiver
    Gérard Titus-Carmel, Tournant de l’hiver
    lithographie, 76cm x 57cm









    DES REVERS DE L’ÂME À LA « TOUPIE DE VERRE »




    Ils sont treize en effet. Le titre l’indique : 13 poèmes composés le matin. Oui, ce nombre intrigue. Un écho au poème « Artémis » de Gérard de Nerval, attesté dans de si nombreuses anthologies de la poésie française  ? 1

    « La Treizième revient. C’est encor la première ;

    Et c’est toujours la Seule. »

    Adeline Baldacchino ajoute en sous-titre (entre parenthèses, et ce n’est pas anodin) « pour traverser l’hiver » (un hexasyllabe, tout comme « dans mon jardin d’hiver »). L’hiver 2016-2017. Mais aussi et surtout tous les hivers de l’âme, leurs brumes sans répit, leurs grands froids. Leurs solitudes. Des poèmes viatiques, pour affronter vaille que vaille les tourments de la saison, qui s’immiscent entre les pores et s’éternisent sous la peau. Tout cela se prolonge jusque dans le choix de l’illustration qui figure en première de couverture du recueil. Tournant de l’hiver. De Gérard Titus-Carmel. Une lithographie dans laquelle la poète lit comme un écho à sa réflexion et à son entreprise poétique :

    « […] J’y voyais des carcasses d’âme suspendues aux filets rouges du soleil ; j’y voyais de la lumière brisant les os pour forcer le noir à s’écarter ; j’y voyais la barque et la coupe, le naufrage et le dégel, la chair et son ombre.

    Une manière de rappel à l’ordre du vivant. »

    Le recueil d’Adeline Baldacchino se présente comme un journal. Un journal incomplet, qui commence le 9 janvier et prend fin (ou presque) le premier mars. Entre ces deux dates, des ellipses temporelles (dont celles de février) qui ouvrent des trous dans l’hiver 2016-2017. Il faut ajouter à ces poèmes un poème non daté (Treizième poème) et quelques écarts. Ici ou là. Ainsi du onzième poème qui ne présente ni date ni nom de dédicataire mais seulement le titre énigmatique : « Pour laisser aller ». Quant au poème du premier mars (le 12e), écrit à Nice, il est celui de la date anniversaire d’Adeline Baldacchino. 35 ans.

    Mars ? Une planète belliqueuse, dit-on. Ce trait de caractère n’apparaît pourtant pas dans ce recueil poétique édité par les éditions Rhubarbe. L’âme qui s’y déplace et qui s’y dévoile est une âme meurtrie qui cherche peut-être « au bord du gouffre qui nous aspire » des mots pour réchauffer la vie. C’est ainsi que, dans le poème liminaire construit sur la répétition anaphorique « il y a », la poète aborde la question de savoir si la poésie peut quelque chose pour celui qui souffre qui doute et qui n’a d’autres ressources que de s’ouvrir à la page blanche pour tenter d’y trouver quelque réconfort :

    « Il y a les poèmes qu’on dérobe à l’aube pour tenir toute la journée. Ceux qu’on ramasse au fond des ruelles où s’envasaient nos cauchemars. Ceux qu’on dépoitraille pour leur aérer le cœur. Ceux qu’on tanne comme de vieilles peaux luisantes. Ceux qui s’érodent quand on les arrose. Ceux qui se froissent quand on les touche. Ceux qui se ressemblent et ne s’assemblent pas. Ceux qui font semblant de venir nous sauver, quand rien ne le peut.

    Et nous le savons.

    Et nous écrivons quand même. »


    Les poèmes se suivent sur trois pages. Chacun d’eux comporte plusieurs strophes (les unes plus longues — 12 vers —, les autres plus brèves — 9 vers —) et se clôt parfois sur une strophe de quelques vers (2/3/ou 5). Lesquels se distinguent souvent par une chute :

    « Ce matin que j’écris

    Pour effacer mes propres traces. »

    Tous s’inscrivent dans ce moment indécis de la journée où il faut se secouer de nuits inconfortables et affronter le jour. Tout se passe dans l’entre-deux d’un huis-clos, à la lisière des heures, du dedans et du dehors, fenêtre et voix, entre la chambre au lit défait et la cuisine avec radio et bol de café fumant entre les mains, jusqu’au corps dénudé qui cherche — comme tant d’autres sans doute — à « se dégivrer l’âme/À coups de rame et de butoir ». Tout est « trop petit » dans ces matins d’hiver (Quatrième poème, Douze janvier au matin). Rien ne peut satisfaire une âme assoiffée d’absolu. « Affamée de tendresse ».

    La ponctuation, elle, est absente des poèmes (sauf pour le poème liminaire) ; excepté le point final qui ponctue chaque journée. On en perçoit la raison à la lecture et à l’oreille, car le poème — et chaque strophe du poème — déploie sa houle intérieure, roulis du jour et de la vie, tangage, d’une strophe à l’autre, par tout un jeu de répétitions (souvent anaphoriques mais pas uniquement) et de variations, opère le double mouvement de la vague, crescendo/decrescendo. Flux et reflux. Double rythme d’enroulement/déroulement de spirale qu’accentuent encore les enchâssements de relatives, desquelles émerge une excroissance sans cesse renouvelée :

    « J’y vais aussi

    Le cartable plein de livres

    Pour s’ancrer dans la terre

    Qui surnage dans la brume

    Pleine de fils de fer et d’argent tordus

    Qui s’enfoncent à vif dans la chair de l’âme

    Il faut des livres pour contrer la mort

    Des mots pour se désempaler

    Se rassembler

    Se ressembler

    Recommencer » (Premier poème, seconde strophe)

    D’autres caractéristiques accentuent encore ces effets d’enroulements. La proximité phonique des mots présents dans des vers très proches en fait partie : « tendresse »/« caresse » ; « se rassembler »/se ressembler » ; « se promenait »/« nous promettait » ; « hélices »/« élytres » ; « recouverte »/« à revers » ; « déverse »/« renversés » ; « attend »/« entend »…

    Les comparaisons sont le noyau-embrayeur qui permet le passage d’un moment à un autre, d’un monde à un autre, d’une identité à l’autre. Ainsi de cette strophe (Quatrième poème, Douze janvier au matin…) où l’identification de la narratrice à un chat permet une expansion en même temps qu’une fusion implicite des identités et des univers :

    « Je me lève dans la lumière qui tangue

    M’étire comme un chat fatigué

    Par les prémices de la chasse

    Quand il sait qu’il rentrera bredouille

    Et rêve d’un feu de bois

    De braises et de cendres

    De cendres et d’étincelles

    De mille flammèches

    Pour y réchauffer ses neuf vies… »

    Ailleurs, dans le cinquième poème, daté du seize janvier au matin et dédié à « papa, six mois d’absence », toujours de manière implicite, le passage de la « neige » à « l’ivoire » ouvre sur l’univers du père. À partir du premier vers « La nuit se passe dans l’attente de la neige », la narratrice associe « bonheur » et blancheur et glisse de la neige à « l’ivoire ». « Le bonheur ivoire » permet un saut dans le passé, vers un ailleurs à jamais disparu. Surgissent alors de manière indirecte et allusive, liées à ce bonheur-là, les images liées au père. Le poème est dans son entier construit sur un élargissement qui prend son essor sur quelques mots au sortir d’une nuit blanche. La répétition du vers « J’attends la neige » et ses variations « en attendant la neige/J’attends les flocons » scande le poème qui se révèle être une évocation de la disparition du père. Qui porte avec elle ses interrogations sur le bonheur.

    Les poèmes d’Adeline Baldacchino sont autant d’« histoires qu’on déroule dans le noir ». Chacune a ses leitmotive, ses mots-sésame autour desquels s’enroulent et se déroulent les strophes. Ainsi de l’histoire familiale de Mamy Paule (Neuvième poème, Vingt janvier) qui invite la narratrice à un retour en arrière sur le passé de sa grand-mère. Les origines d’un amour à Alger, les deux fils d’Afrique, dont l’un est le père de la poète, la bibliothèque et ses livres. Avec à la clé, la question lancinante qui rythme le poème :

    « Qui prendra soin de toi parmi les livres »

    « Qui prendra soin de toi dans la mémoire »

    Mais la mémoire souvent fait défaut et la poète de l’exprimer dans ce vers :

    « Je tente de me souvenir et tout se confond. »

    À travers l’histoire de la grand-mère paternelle, c’est une part de l’intime qui est dévoilée. Le lien de la poète avec son aïeule est manifeste. Leur proximité très grande. La jeune femme se reconnaît dans la femme qui a influencé ses choix. Toutes deux sont de la même lignée :

    « Et c’est ainsi que j’ai voulu mettre mes pas

    Dans tes mots mes lettres sur tes pages

    Un peu de miracle dans le jour… »

    Ou encore :

    « Je tiens de toi la forme du corps et celle du cœur

    Les reflets que font les poèmes

    Dans les cheveux bruns quand ils tournent au roux

    Le goût d’amer l’impatience… »

    Et cet aveu final qui dit l’émotion de la tendresse :

    « Ta bibliothèque doucement reversée dans la mienne

    S’agrandit chaque jour un peu plus

    Et peut-être que je ne saurai jamais d’autres manières

    D’être fidèle. »

    Et toujours, tout au long des strophes, ces enroulements qui forment boucles, envers/revers/ envers/revers. La strophe, une drôle de pelote de fil qu’il faut observer avec minutie pour en dénouer les enchevêtrements. Et, dans le même geste, dégager une définition possible du recueil :

    « Vois ce que je dépose

    Entre ces lignes qui saignent

    Leur encre malhabile

    Moins chaude que mon sang

    Moins vive que mes songes

    Et tout ce que je dépose de rouge

    Comme un dernier baiser

    Qui s’effiloche entre les lignes… »

    Parfois, dans ce désarroi qui travaille l’âme dans ses tréfonds s’entrouvre une brèche qui laisse filtrer un filet de lumière. De ce « trou de lumière qu’enlacent les nuages » affleurent un regain d’énergie, une vitalité inespérée :

    « Je fixe les restes de la nuit dans mon bol de café

    Je suinte l’amour par tous les pores

    Je rédige à l’emporte-pièce

    Des phrases qui cognent

    Contre le jour

    Qui me refuse sa bouche. »

    Pourtant l’éclaircie est trompeuse qui se heurte aux obstacles, se délite dans la confrontation avec le réel — toujours soumis à la désillusion — et finit, ailleurs, par se noyer dans l’attente.

    « Au réveil je me tiens

    Nue devant mon âme… »

    […] Et je me tiens silencieuse

    Nue devant mon âme qui s’enclot

    Bernard l’ermite dans sa coquille de chair… »

    […] Et je me tiens silencieuse dans l’attente… »

    Attente improbable de l’oiseau pacificateur, salvateur, qui pourrait « tirer » la poète « de ce mauvais pas. »

    Le portrait que fait d’elle Adeline Baldacchino est celui d’une « étrange étrangère » qui ne se reconnaît pas. Tant de masques à endosser, superposés, et tant d’efforts pour les arrimer et obtenir qu’ils coïncident bord à bord, qu’aucun ne démente l’autre par un écart imprévu ! Cependant les mots giclent sous les masques et le poème est là pour mettre l’âme à nu. Dévoilement nécessaire sans doute, vital peut-être, qui confère à ce recueil un besoin de clarification. Vers la vérité. Vers l’authenticité.

    Ce foisonnement d’images-miroir où chaque surface est le revers de l’autre, ouvre le sillon final de l’avant-dernier poème (non daté, en italique et entre parenthèses). « [V]aisseau miraculé », la poète file son chemin. « Toujours plus avant dans le mystère ». Qui se dénoue en quelques vers, « dans le ghetto de Venise » où les enfants jouaient à dreidel. Sevivon sov sov sov (toupie tourne tourne tourne). C’est dans le jeu de la toupie que « l’âme » « toupie de verre dés-astrée » « s’est mise à danser ». Hommage émouvant à « mamy Rachel ». Sans doute.



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli



    ___________________________________
    1. Je n’ai pas consulté celles de Max-Pol Fouchet, ni Les Plus Belles Pages de la poésie française (Sélection du Reader’s Digest).






    Adeline Baldacchino  13 poèmes composés le matin (pour traverser l'hiver)






    ADELINE BALDACCHINO


    Adeline_baldacchino octobre 2017
    Source





    ■ Adeline Baldacchino
    sur Terres de femmes


    Le perroquet à la langue de bois (poème extrait du Chat qui aimait la nuit)
    [De l’autre côté de la nuit] (poème extrait de De l’étoffe dont sont tissés les nuages)
    Jour 7 (extrait de Théorie de l’émerveil)
    Théorie de l’émerveil (lecture d’AP)




    ■ Voir aussi ▼


    → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique sur Adeline Baldacchino
    → (sur Terre à ciel)
    un entretien d’Adeline Baldacchino avec Sabine Huynh (+ 7 poèmes inédits et une notice bio-bibliographique)





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