
Angèle Paoli,
Une fenêtre sur la mer/
une anthologie de la poésie corse actuelle
Recours au poème éditeurs, 2014.

![]() Ph., G.AdC [LE PAYSAGE NÉ DE LA DERNIÈRE PLUIE] Le paysage né de la dernière pluie en garde l’éclat. Il respire par tant de jeunes feuilles qu’on dirait qu’il y a un autre vent dans le vent, et que l’horizon n’empêchera ni l’un ni l’autre de tout emporter. Qui passerait par l’aube saurait que le monde est sur le départ mais qu’il laissera derrière lui la transparence pour que les oiseaux reviennent et avec eux d’autres paysages tremblants de leurs ailes. Jean-François Mathé, « La vie presque chantée », La Vie atteinte, Éditions Rougerie, 2014, page 42.
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![]() Source 12. Le 3 décembre 71
Cher Philippe Jaccottet, J’aurais voulu remercier plus tôt Anne-Marie Jaccottet pour ce livre de poèmes* qu’elle a illustré avec tant de rêve, mais regrettant de ne pas mieux connaître tout ce qu’elle peint et dont Marcel Arland m’a parlé l’autre jour avec éloge. Mais ces poèmes d’Anne Perrier sont aussi parmi les rares d’aujourd’hui que j’aime, comme hors littérature sans prétention à y échapper. On a l’impression d’être en présence de simples vérités, sensibles comme les choses du monde dont elle parle. Je n’oublierai pas « les fentes de l’éternité », ni « l’espace fut notre royaume » ni « la neige inaccessible », ni rien en somme de ce qui donne l’accent angoissant d’une absence qui n’est pas absence et beaucoup plus que souvenir.
Et merci pour La semaison ** complète, que j’ai lue et relue. J’ai retrouvé dans la première partie ce que j’avais aimé, ce renversement des données : mort — condition de vie, l’impossible aussi condition de vie. Mais j’ai trouvé pour ainsi dire encore mieux dans la présence des paysages. D’abord surpris par la multiplicité des couleurs et des choses décrites, par l’interrogation des lieux (pour moi les lieux sont aussi une incroyable réalité), j’ai été finalement saisi par un événement essentiel qui s’affirme dans votre vision : c’est qu’il y a dans notre monde perçu non pas un au-delà poétique ou métaphysique mais une réalité qui se trouve là bien évidente, mais aussi en dehors, à côté, comme s’il s’agissait d’une visitation. Cela m’a fait penser au titre d’un livre de Patrick Reumaux : Ailleurs au monde ***. C’est un fait : il y a la couleur, la lumière et les objets. Ça ne va pas séparément bien sûr, mais il y a un décalage évident. L’en dehors devient part essentielle du monde. Comment vous dire ? Enfin merci encore de tout cœur. Bien à vous André Dhôtel.
Philippe Jaccottet, « Correspondance 1958-1991 », Avec André Dhôtel, Fata Morgana, 2008, pp. 73-74. Dessins d’Anne-Marie Jaccottet. __________________________________ * Anne Perrier, Lettres perdues. Avec des illustrations d’Anne-Marie Jaccottet (Lausanne, Payot, 1971). ** La Semaison. Carnets, 1954-1967 (Gallimard, 25 octobre 1971) reprend et complète l’édition Payot de 1963. *** Gallimard, 1968.
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![]() « fendre le blanc » Lucio Fontana (1899 – 1968), Concetto Spaziale, Attese. Ph. Sotheby’s Source [ON NE FAIT QU’ÉCRIRE] on ne fait qu’écrire fendre le blanc se saisir de la boue prendre le tison d’une langue retournée à profondeur de lame le rouge au commencement le mot est couché entre les morts et les silences tombés fous peut-être, le commencement d’une peau morte au coin de l’ongle Erwann Rougé, Voa, Voa in Haut Fail précédé de Voa, Voa, éditions Unes, 2014, page 11. Vignette de couverture de Thierry Le Saëc. ![]() Erwann Rougé, Haut fail, éditions Unes, 2014. Tirage de tête. Collages peints de Thierry Le Saëc. Source |
ERWANN ROUGÉ![]() Ph. Michel Durigneux Source ■ Erwann Rougé sur Terres de femmes ▼ → [la brûlure a une odeur de fleuve] (extrait de L’Enclos du vent) → Passerelle, Carnet de mer (lecture de Sylvie Fabre G.) → Proëlla (lecture d’AP) → [même si cela ne sert à rien] (extrait de Proëlla) → [quand le ciel est ainsi] (extrait d’Étais de Jean-François Agostini) ■ Voir aussi ▼ → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique sur Erwann Rougé |
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![]() Image, G.AdC SOMMAIRE DU MOIS DE DÉCEMBRE 2014 ▪ Terres de femmes ― N° du mois de novembre 2014 ▪ Pierre Tanguy, Michel Remaud, Ici même (lecture de Marie-Hélène Prouteau) ▪ Erwann Rougé | [on ne fait qu’écrire] ▪ 3 décembre 1971 | Lettre d’André Dhôtel à Philippe Jaccottet ▪ Jean-François Mathé | [Le paysage né de la dernière pluie] ▪ François Heusbourg, hier soir ▪ Tommaso Di Dio, Tua e di tutti (extraits) ▪ Élisabeth Chabuel, Veilleur (lecture d’Angèle Paoli) ▪ Alain Helissen, De la figure du tout, 1 ▪ 9 décembre 1926 | Walter Benjamin,Voyage en Espagne ▪ Alain Helissen, De la figure du tout, 2 ▪ Mark Strand | 2002 ▪ Sofia Queiros, Normale saisonnière (lecture d’Isabelle Lévesque) ▪ 14 décembre 2001 | Mort de W.G. Sebald ▪ Emmanuel Merle, Le Chien de Goya (lecture d’Angèle Paoli) ▪ Helga M. Novak | Lettre à Médée ▪ Barbara Lecompte, Marquise au portrait (lecture de Joëlle Gardes) ▪ François Cheng | [Suivre le poisson, suivre l’oiseau] ▪ Yves di Manno | Anne Calas | [par transparence d’une vitre] ▪ Antonio Moresco, La Petite Lumière (lecture d’Angèle Paoli) ▪ Geneviève Vidal | Loger Lumière ▪ Juan Gelman | Vers le sud ▪ Barry Wallenstein, Tony’s blues (lecture de Chantal Dupuy-Dunier) ▪ Terres de femmes ― N° du mois de janvier 2015 |
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