Terres de Femmes

Étiquette : Thαumα


  • Arnaud Beaujeu | Ouvrir une fenêtre sur un soleil d’été




    FENETRE Guidu
    Ph. angèlepaoli








    OUVRIR UNE FENÊTRE SUR UN SOLEIL D’ÉTÉ




    Ouvrir une fenêtre sur un soleil d’été, dormir sous un cyprès, s’en aller
    de l’autre côté de la mer, où la lumière peut s’arrêter,

    [où la lumière est un mystère,       éveillé

    Et dormir à la belle étoile, écrire des nuits entières, s’en aller

    Plonger dans le bleu du ciel ou s’y jeter sans ailes — au milieu —
    s’élever dans les airs, rutilances légères, amoureux

    Marcher au bord d’un lac de pierre et de désert, s’en aller
    peut-être ou bien rester auprès du cirque des montagnes,

    [s’arrêter
    sans savoir ni que faire… ou aller
    pour reprendre la route au mystère, et rester

    La ligne bleue d’azur où point un œil tout bleu
    >



    Arnaud Beaujeu, in « Couleurs, Lumière », Thαumα n° 11, Revue de philosophie et de poésie, La Compagnie des Argonautes, 2013, page 191.





    Thauma bis




    ARNAUD  BEAUJEU


    Arnaud Beaujeu





    ■ Arnaud Beaujeu
    sur Terres de femmes


    « La lumière et les mots »




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur Recours au poème)
    Arnaud Beaujeu, Fleur d’encre (+ une notice bio-bibliographique)
    → (sur Terres de femmes)
    « Oiseaux », Thαumα, Revue de philosophie et poésie





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  • Sébastien Labrusse | Forêts, V



    FORÊTS


    V


    Hors de la pénombre traversée
    dans le jour froid et brumeux de janvier
    j’avançais — comme on marche en rêve —
    et me revint en mémoire
    d’abord ce grand champ en jachère —
    un pré d’herbe sombre au bord de la forêt —
    ensuite ce bruissement des feuilles et des branches
    et d’une flaque gelée peut-être
    crissant sous les pas de l’animal
    — chevreuil ou cerf — qui s’avançait
    jusqu’à la lisière — menacé
    marchant lui aussi comme en rêve.


    Son regard apeuré et frémissant

    comme des lèvres féminines

    dans le froid des adieux

    je m’en souvins

    et me sentis effrayé dans le silence

    du jour froid et brumeux de janvier

    comme si l’animal du rêve

    chevreuil ou cerf

    hors de toute forêt

    avait été laissé mort

    et bien plus réel

    au bord de cette route

    où je marchais

    — seul comme bête.



    Sébastien Labrusse, Forêts, in Thαumα, Revue de philosophie et de poésie, n° 12, « La Terre », septembre 2014, pp. 118-119.







    SÉBASTIEN LABRUSSE


    Sebastien Labrusse




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Recours au poème)
    une notice bio-bibliographique sur Sébastien Labrusse (+ six poèmes)





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  • Thαumα, « La Patience »

    par Sylvie Fabre G.

    « La Patience », Thαumα n° 10,
    Revue de philosophie et de poésie,
    La Compagnie des Argonautes, décembre 2012.



    Note de lecture de Sylvie Fabre G.



    Krochka, sans titre, 2010, encre sur papier, 31x23,5 cm (1)
    Krochka
    Sans titre, 2010
    encre sur papier, 31 x 23,5 cm
    Source








    Thαumα, « LA PATIENCE »




    Le dixième numéro de la revue Thauma vient de paraître et les mots de Jean Malrieu, qui débutent la prose de la quatrième de couverture : « Pour maintenir, il faut tant de patience… et les années têtues n’attendent pas de récompense. Nous sommes de toute façon au-delà », donnent toute la mesure de l’entreprise d’Isabelle Raviolo qui en est la fondatrice et en reste l’âme patiente.

    Marcher ensemble, comme le demande Malrieu, c’est aller vers la richesse sans cesse renouvelée de cette revue qui tient à l’alternance, dans chacun de ses numéros, et quel qu’en soit le thème, entre poèmes et proses, textes philosophiques et textes plus modestement réflexifs, voix d’ici et de maintenant et voix de tous les ailleurs dans l’espace et le temps, traductions et inédits de littérature classique ou d’extrême contemporain, façon de nous rendre une mémoire ancienne et une neuve curiosité, de faire dialoguer vivants et morts en un seul espace sensible et intellectuel. La variété des choix devient accueil et agrandissement, et le numéro « La Patience » en est une preuve, heureusement ponctuée des œuvres de Krochka, au maillage serré, à la trame dense ou légère, trouée ou effilochée comme l’écriture du monde et de l’être dont témoignent les textes.

    Entrant en lecture, « on entre en patience » qui « a partie liée avec l’espérance, qui, elle aussi, s’ouvre à ce qui vient »1 et nous voilà sur la voie de la résonance, de l’appel et de la transmutation dont parlent Pierre Dhainaut interrogeant le Rituel de la patience dans l’écriture du poème, mais aussi Milton dans sa lettre à un ami2. La patience est d’abord une ouverture, et non seulement le fruit d’une volonté. « Elle a tout son temps » laissant alors le futur en suspens, et l’homme dans un « agir libre », une disponibilité. L’indétermination de l’avenir fait du présent une nouveauté et du futur une rencontre avec soi et l’Autre. Isabelle Raviolo, dans la méditation qui clôt le numéro dans une traversée interrogative et prospective, écrit : « Ainsi dans la patience, l’expérience du temps n’est-elle pas celle d’un cours uniforme, ni même celle d’un asile, mais s’apparente davantage à l’espace où se joue l’acte libre dans une intention qui vise à rapporter le temps à son principe, au présent qui l’origine : au commencement éternel… ». L’homme, proie du désir, du manque et de la mort, tour à tour agité, impatient3, révolté4, accablé ou compassionnel, se tourne parfois vers Dieu pour qu’il lui accorde cette patience qui souvent, comme le temps, semble lui faire défaut, et dont l’autre nom est peut-être consentement. « Étrange, étrange consentement »5, que l’on soit croyant ou athée, on attend obstinément « que revienne la vie couleur du large » 6 pour passer sur l’autre rive, « nautoniers d’un exil sans retour » 7.

    Force de l’âme contre tous les maux engendrés par les passions et la finitude, certains auteurs, à la manière de Saint Augustin, apparentent la patience à une vertu et la décrivent comme nécessaire pour accéder à la sagesse.

    L’attente qui lui est liée est aussi celle de l’amour, qu’il soit divin ou humain, car en son centre se joue la même proximité et impossible saisie. « Seul l’amour sait attendre »8, jusque dans le sommeil ou le puits de l’oubli. « J’aime Attendre », comme le rappelle encore Fabio Scotto à l’amoureuse qui le délaisse. Sans doute « Tandis que le monde sans fin suit son cours/jamais dans le temps ni l’espace/Nous n’atteignons ce lieu de bonheur… »9.

    Mais les occupations et les talents qui meuvent l’homme et l’amènent cependant à des formes d’accomplissement, et presque tous les textes dans leurs différents registres le soulignent, demandent des qualités dont le monde contemporain dans sa fébrilité médiatique et consumériste s’éloigne de plus en plus : concentration, calme, constance, maîtrise, lenteur, endurance, sérénité, silence, autant de mots que les poèmes ou les proses font neiger et fleurir comme Patience10 . La nature elle-même nous les murmure et sa contemplation nous rend à la promesse ardente de la vie où « toute chose a trouvé son centre. Et germe. » 11, car la patience qui a aussi à voir avec l’enfance, « est la chance d’un fruit mûr » 12.

    Il faudrait ici pouvoir citer toutes les pistes qu’ouvrent les auteurs et parler des figures mythologiques, poétiques ou mystiques que les textes convoquent de Pénélope à Marie, de Bashô à Hallâj, et qui nous donnent chacune des éclairages sur la façon dont chaque écrivain ou chaque culture vit et pense la patience à travers les lieux, les âges et les genres. Mais cette note deviendrait trop longue et il ne me reste qu’à renvoyer le lecteur à la découverte de ce numéro de Thauma, « alcool et sucre essentiel »13 pour penser la patience.


    Sylvie Fabre G.
    D.R. Texte Sylvie Fabre G.




    ________________________________________________
    1 Alain Cugno
    2 Traduction et commentaire de Maxime Durisotti
    3 Ahmet Soysal
    4 « Job, quelle patience, », intéressante réflexion de Nicole Hatem
    5 Françoise Clédat
    6 Angèle Paoli
    7 Gilles Baudry
    8 Gabrielle Althen
    9 Kathleen Raine
    10 Salah Stétié
    11 Thierry Metz cité par Isabelle Raviolo
    12 Paul Valéry cité par C.H. Rocquet
    13 Paul Claudel cité par Isabelle Raviolo






    Angèle Paoli - que revienne la vie couleur du large -
    Ph., G.AdC





    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur Terres de femmes)
    Françoise Clédat | Du jour à personne (poème extrait de Thαumα n° 10)





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  • Françoise Clédat | Du jour à personne





    éternité (numérique)
    Ph., G.AdC







    DU JOUR À PERSONNE




    Du jour à personne
    — quelque ligne — une parole


    qui ne manque à personne manque au monde sa
    place — d’écrire si ne la prend
    manque
    sa place dans le monde
    est le vide d’une place non remplie dans le monde


    (parole prise) d’au-delà — de l’oreille solitude prison —
    est place qu’écrire a — quelque ligne —
    si empêché de prendre s’immole ( parle feu )


    audible au-delà de toute oreille est ce qui distingue
    humaine humeur dedans
    dehors ébullant se consume
    se consumant parle


    dont consumation est parole parlant
    au-delà de sa durée de feu de sa durée de cri


    vaste
    ou minuscule


    éternité (numérique)


    de quels signes (talus fossés)
    ― monde en ligne — quelque (à personne ne manque)


    chaque jour herborise
    sa répétition d’horloge sédentaire


    faiblement
    dérèglela globale illusion.





    Françoise Clédat in La Patience, Thαumα n° 10, Revue de philosophie et de poésie, La Compagnie des Argonautes, décembre 2012, pp. 93-94.







    FRANÇOISE CLÉDAT


    Fran-oise Cl-dat



    ■ Françoise Clédat
    sur Terres de femmes

    L’Adresse de Françoise Clédat | Portrait d’Iseut en survivante [note de lecture de Marie Fabre]
    Quoi de toi mort quand mort ? (extrait de L’Adresse)
    La nuit de l’ange (note de lecture d’AP sur L’Ange Hypnovel)
    L’Ange Hypnovel (extrait)
    EtnaXios, autour de l’oiseau-fauve-vautour de Françoise Clédat (note de lecture d’AP)
    (où le chant sans l’organe) (extrait de EtnaXios + notice bio-bibliographique)
    [Se calmer. Reprendre souffle] (extrait de Mi(ni)stère des suffocations)
    Rivière et Alaskas (lecture d’AP)
    (maintenant je git) [extrait d’Une baie au loin]
    [Disparition] (extrait de Petits déportements du moi)
    Une baie au loin (Turnermonpère) [note de lecture d’AP]
    → (dans l’anthologie Terres de femmes)
    Je vis une histoire d’amour
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le Portrait de Françoise Clédat (+ un extrait de EtnaXios)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Terres de femmes)
    Thαumα, « La Patience » (note de lecture de Sylvie Fabre G.)





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  • « Oiseaux », Thαumα, Revue de philosophie et poésie

    Thαumα, Revue de philosophie et poésie, « Oiseaux », n° 6,
    La Compagnie des Argonautes, 2010.

    Lecture de Tristan Hordé


    6e livraison de Thauma.
    Ph., G.AdC





    QU’ILS SOIENT AIGLES OU MOINEAUX…



          À la fin de son introduction à L’Oiseau (1856), Michelet affirmait : « Tant qu’il y aura une France, son alouette et son rouge-gorge, son bouvreuil, son hirondelle seront insatiablement lus, relus, redits » (p. XLIII). Il faut se réjouir de cette nouvelle lecture dans la 6e livraison de Thauma. À quelques exceptions près, l’ensemble est constitué de poèmes, accompagnés de nombreuses encres d’Isabelle Raviolo ; responsable de la revue, elle a retenu voix vives et voix d’hier sans se limiter à la France, en mêlant les contributions, du Japon à la Croatie, du Paraguay à la Russie, le plus souvent en présentant aussi la version originale vis-à-vis de la traduction. Il ne faut pas chercher d’unité dans cette brassée de poèmes mais plutôt la diversité des symboles, parfois contradictoires, liés à l’oiseau.

         Qu’il soit aigle ou moineau, c’est l’image de l’envol, de la légèreté qu’évoque d’abord l’oiseau, en relation explicite ou non à l’homme attaché au sol : « Oiseau, si tu voles, je rampe », écrit Bertrand Goyet. La symbolique concerne n’importe quel oiseau qui « fond […] dans le bleu du ciel » (Jean-Pierre Chambon) :

         « Celui qui à son ombre a mélangé l’oiseau
         S’en est allé dans la lumière de l’esprit »

         (Salah Stétié)

         Le mouvement vers le haut est associé à l’accès possible au ciel. Le glissement de l’esprit au sacré est vite opéré et, par exemple, la colombe est aussi bien la représentation de l’esprit saint que de la pureté liée au divin ; on se souvient que, dans la Cantilène de sainte Eulalie (878), la jeune fille, après son martyre, devient une colombe (« […] sous la forme d’une colombe elle monta au ciel »). L’aspiration à quitter le sol fait souligner une proximité de l’oiseau et de la figure religieuse de l’ange : « J’aurais voulu m’envoler dans l’éther / Tenir autant que toi de l’ange » (B. Goyet). Intermédiaire entre les hommes et Dieu, les dieux, l’oiseau, et la colombe par excellence, est l’image de la paix : « Savais-tu bien que la paix / est cet oiseau d’air blanc sur ton épaule ?  » (Gabrielle Althen).
         La colombe n’est pas la seule à qui est accordé un rôle particulier. Si le coucou est généralement perçu comme le messager du printemps, dans plusieurs traditions, on pense que le nombre de ses cris donne celui des années qui nous restent à vivre — ce dont se souvenait Anna Akhmatova : « J’ai demandé au coucou / Combien d’années je dois vivre ». Quant au merle, il est pour beaucoup l’image même de l’harmonie dans la nature, comme le rappelle Pierre Dhainaut :

         Accord du soir et du matin
         dans l’espace des arbres,
         jamais on ne cherche à le voir
         le merle qui chante.


         Mais, à nouveau, on ne distingue plus entre les espèces quand on oppose leur insouciance (« Ô entre /les bienheureux, heureux ! », Umberto Saba) à la mélancolie humaine ; ils semblent, toujours dans le chant, sans attache, être à la fois le symbole de la liberté (« Nous courions, enfants des libertés d’oiseaux », Béatrice Douvre) et de l’épanouissement (« Ces oiseaux volent dans leur joie », Kathleen Raine). Cependant, le vol des migrateurs vers des lointains, l’impression que disparaissant de la vue ils ne reviendront plus, ont construit de l’oiseau une image négative. Messager du ciel, oui, mais aussi de la mort. Cette fonction est surtout assurée, en Occident, par tout oiseau noir — parfois symboliquement opposé à la couleur blanche (« Et tu as traversé la mort / comme en la neige l’oiseau / toujours noir scellant l’issue », Nelly Sachs) — , mais elle ne lui est pas réservée, et l’oiseau le plus commun peut être associé à la disparition : le passereau « tourne autour de la table des morts » écrit Béatrice Bonhomme, qui lie avec l’oiseau Éros et Thanatos : « Il passe oiseau éphémère comme la précarité de l’amour ».

         On n’en finit pas d’explorer une symbolique si complexe qu’elle n’a cessé d’inspirer écrivains, peintres et musiciens. La variété des chants, justement, a fasciné un Messiaen qui les a notés ; elle a également suscité des tentatives de les transcrire verbalement. On connaît les Litanies des oiseaux de Pichette [1] et, aujourd’hui, les jeux jubilatoires de Jacques Demarcq autour de ces chants [2] ; il est présent ici avec un poème à propos d’une espèce éteinte, le huia : « L’oiseau s’envole huhurlant ffoudouhouille ah ». Les essais de « traduction », si heureux soient-ils, laissent toujours échapper ce qui peut-être importe :

         inlassables les mélodies
         comment mettre sous syllabes
         en couleurs en notes en mots
         les sons échappent dérobent leur sens
         aux sentiments inépuisables
         pépites d’or

         (Angèle Paoli)

         Tout aussi indéchiffrables paraissent le mouvement des groupes d’oiseaux, « Criblant le grand ciel de l’été / D’une écriture on ne sait quelle » (Maximine). Qui a observé le rassemblement de migrateurs quelques jours avant le départ, a rêvé de lire les figures régulières indéfiniment répétées avec quelques variantes, comme s’il s’agissait d’inscrire un repère dans les airs. On peut imaginer ici que des « voyelles lumineuses s’élèvent comme des ballons » (Sylvia Plath), et là que « treize colombes écrivent / dans le ciel un mot » (Christine Lavant). C’est cette relation particulière entre le vol et l’écriture que donnent à voir les encres d’Isabelle Raviolo, et qu’analyse Aurélie Loiseleur : « On croirait de loin des lettres. D’abord on découvre ces arabesques étranges d’un alphabet qui n’existe pas, mais qui signifie par lui-même et d’encre en encre ».

         Les hommes ont prêté à la gent ailée mille caractères dans les contes dont on a aujourd’hui un impressionnant corpus [3]. Cette veine orale s’est tarie alors que la poésie n’a pas cessé d’explorer la symbolique de l’oiseau ; le lecteur en a un bel exemple dans cette livraison de Thauma, dont on a donné une vue incomplète du riche sommaire. Il faut souhaiter une large diffusion à cette excellente revue animée depuis son premier numéro par Isabelle Raviolo [4].


    Tristan Hordé
    D.R. Texte Tristan Hordé
    pour Terres de femmes




    1. Henri Pichette, Litanies des oiseaux, in Cahier Henri Pichette 2, « Les enfances », 1995.
    2. On lira, paru récemment, « Exquis disent », in Nervaliennes, José Corti, 2010.
    3. Fabienne Raphoz en a recueilli et annoté un grand nombre dans L’Aile bleue des contes : « l’oiseau », José Corti, 2009.
    4. Pour joindre Thαumα : Isabelle Raviolo, Revue Thαumα, 28, rue de Beaubourg, 75003 PARIS (ysacoromines[@]yahoo.fr).






    ■ Voir aussi ▼

    le site de la revue de poésie et de philosophie τhαumα, animée par Isabelle Raviolo
    → (sur Terres de femmes)
    Isabelle Raviolo, Les Bruits dans l’eau
    → (sur Terres de femmes)
    Isabelle Raviolo, Soleils noirs
    → (dans l’anthologie poétique de Terres de femmes)
    Isabelle Raviolo, Ô mère
    → (dans la galerie Visages de femmes de Terres de femmes)
    le Portrait d’Isabelle Raviolo
    → (sur Terres de femmes)
    Judith Chavanne/Une goutte de vie


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  • Corse_3 Inlassables…

    Le clocher -gr-ne ses heures. vagues de chaleur le silence soudain . drosse le maquis
    Ph., G.AdC






    INLASSABLES…



    Le chant crépite dans sa gorgée
    friselis de froissement d’ailes
    ferveur fébrile sous les feuilles
    la vie fugitive doigts feutrés


    inlassables les mélodies
    comment mettre sous syllabes
    en couleurs en notes en mots
    les sons échappent dérobent leur sens
    aux sentiments inépuisables
    pépites d’or


    les oiseaux et la tour
    le cliquetis d’armes dans les meneaux
    quatre notes sous silence
    quatre notes sans portée
    la même intensité insoluble
    du désir bruissant d’herbes folles


    le clocher égrène ses heures
    chant de l’été frondaisons douces
    l’immobilité du soleil
    dans le chemin des branches
    le mâle est-ce lui qui lance ses trilles
    à la croisée
    nul ne répond
    si ce n’est un chien isolé dans son aire
    vagues de chaleur le silence soudain
    drosse le maquis


    l’oiseau solitaire se tait
    la tour oscille sous le ciel
    pavois mouvant âge figé
    dans les gemmes moussues
    un milan plane
    glanant des signes indicibles
    les hauts tourbillons de cercles nus
    un papillon danse blanc dans les cistes
    corolles dépliées tendres frissons


    les lansquenets de l’amiral
    ferraillent en toi
    Doria mystérieux épris
    d’éclairs de sang de feu
    tu dessines les chants d’ici


    les lamenti émaillés
    de graminées


    de pleurs
    de miel




    Angèle Paoli, in Thαumα, Revue de philosophie et poésie, n° 6, « Oiseaux », La Compagnie des Argonautes, 1er trimestre 2010, pp. 46-47.




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