Terres de Femmes

Étiquette : Lucio Mariani


  • Lucio Mariani | Quali barbari



    QUALI BARBARI


    Che aspettiamo, raccolti nella piazza?
    Oggi arrivano i barbari.
                                  

    COSTANTINO KAVAFIS


    Non calano dai monti dei Balcani
    tracce umane ignorate dalla storia
    né abbandonano più remote sponde
    per affrontare il mare, aggrovigliati
    come resti dell’ultimo pescame
    su carrette sospinte dai respiri.
    Se appena a terra vanno praticando
    costumi ignoti e differenti riti
    se balbettano per idiomi astrusi
    se hanno altri colori della pelle
    e ti chiedono pane per la strada
    trascinando le lacere creature
    a cui ogni cane abbaia,
    non sono quelli i barbari, puoi credermi.



    I barbari
    vivono in sonno dentro ad ogni uomo
    latenti e armati abitano anche in voi
    se ne stanno acquattati in mezzo al cuore
    dei più miti compagni e dei fratelli
    dei miei adorati figli e dei nipoti.
    La barbarie s’accartoccia nei corpi
    nascosta fra grovigli e gangli oscuri
    langue nel nostro sangue e al primo nulla
    punge e ispina sia l’osso che la vena
    esce rabbiosa e va rasente i muri
    a procurare pena con la mossa
    d’una violenza appresa nella culla
    quando impastiamo l’anima nel buio
    coltivando il talento da rapace
    sull’esempio di pessimi maestri.


    Barbara è questa carne universale
    che nasce al male dalla nostra carne.







    QUELS BARBARES


    Qu’attendons-nous, rassemblés sur la place ?
    On dit que les barbares seront là aujourd’hui.


    CONSTANTIN CAVAFIS


    Ils ne descendent pas des montagnes des Balkans
    traces humaines ignorées par l’histoire
    ils n’abandonnent pas de lointains rivages
    pour affronter la mer agglutinés
    comme les restes de la dernière pêche
    sur les charrettes poussées par des halètements.
    S’ils ont la peau d’une autre couleur
    et pratiquent dès qu’ils ont touché terre
    des coutumes inconnues et des rites différents
    s’ils balbutient d’obscurs idiomes
    et te demandent du pain dans la rue
    en traînant des créatures en guenilles
    derrière lesquelles aboie le premier chien venu,
    ce ne sont pas eux les barbares, crois-moi.



    Les barbares
    sommeillent à l’intérieur de chaque homme
    latents et armés ils logent aussi en vous
    ils se blottissent dans le cœur
    des plus doux compagnons et des frères
    chez mes enfants adorés et chez mes neveux.
    La barbarie se love dans les corps
    elle se glisse dans les tissus et les ganglions
    elle languit dans la lymphe et au premier néant
    elle dresse son dard et fore les veines et les os
    toute à sa rage elle rase les murs
    et s’en va répandre l’affliction avec les gestes
    d’une violence apprise au berceau
    quand l’âme que l’on pétrit dans le noir
    cultive un talent de rapace
    selon l’exemple des plus exécrables maîtres.


    Barbare est cette chair universelle
    qui s’éveille au mal en notre propre chair.




    Lucio Mariani, Restes du jour, édition bilingue, Cheyne Éditeur, Collection D’une voix l’autre dirigée par Jean-Baptiste Para, 2012, pp. 70-71-72-73. Traduit de l’italien par Jean-Baptiste Para. Préface de Dominique Grandmont.






    Lucio Mariani, Restes du jour





    LUCIO MARIANI


    Lucio Mariani
    Source



    ■ Lucio Mariani
    sur Terres de femmes

    Il sigaro toscano (+ une notice bio-bibliographique)



    ■ Voir aussi ▼

    le site (en italien) de Lucio Mariani (dont un entretien avec Jean-Baptiste Para)
    → (sur Recours au poème)
    Notes pour une poésie des profondeurs [9] par Paul Vermeulen (recension de Restes du jour)





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  • Lucio Mariani | Il sigaro toscano

    «  Poésie d’un jour »



    Les anfractuosités de ma petite histoire
    Ph. Damien Massart
    Source







    IL SIGARO TOSCANO


    Sembra il fiocco impalpabile
    d’un candido guanaco
    mite al pasco delli dei andini
    questo fumo che irriga di conforti

    e mi avvolge il pensiero come un baco
    propizio nubeggiando dal sigaro toscano
    per spire quiete ingrati stordimenti
    profondi a visitare le smaglianze

    della memoria e delle connessioni
    gli anfratti della piccola mia storia
    che riposano oscuri e negligenti

    nel bosco della mente.
    E non sono più solo. E finalmente
    sarò più di niente.



    Lucio Mariani, Qualche notizia del tempo, Crocetti Editore, 2001.






    LE CIGARE TOSCAN


    On dirait l’impalpable toison
    d’un candide lama
    dans les pâturages des dieux andins
    cette fumée qui arrose de réconforts

    et m’enveloppe la pensée comme un cocon
    propice floconnant du cigare toscan
    par de calmes volutes pour visiter les brillances

    de la mémoire et des connexions
    les anfractuosités de ma petite histoire
    qui reposent obscures, négligentes

    dans le bois de l’esprit.
    Et je ne suis plus seul. Et pour finir
    Je serai plus que rien.



    Lucio Mariani, Connaissance du temps, Gallimard, Collection L’Arpenteur, Domaine italien (dirigé par Jean-Baptiste Para), 2005, page 19. Traduction de Michel Orcel.




    ________________________________________
    NOTE d’AP : ce poème a été repris (sans le texte original italien) dans le volume I de 30 ans de poésie italienne, 1975-2004, PO&SIE 109, Belin, 2004, page 247.






    Lucio Mariani, Connaissance du temps





    LUCIO MARIANI


    Lucio Mariani
    Source



    Lucio Mariani vit à Rome, où il est né en 1936. Sa poésie a été publiée dans les recueils Indagine di possibilità (Rome, 1972), Ombudsman ed altro (Milan, 1976), Panni e bandiere (Rome, 1980) et Bestie segrete (Milano, 1987). Outre Qualche notizia del tempo, 2001 (Collection Aryballos 31 ; trad. fr. Connaissance du temps, Gallimard, L’Arpenteur, 2005) et Il sandalo di Empedocle (2005, Collection Aryballos 37), il a publié pour les éditions Crocetti Dispersi gli alleati (Aryballos 15), Trono del buio (Aryballos 20), Il torto della preda (Aryballos 22), Parola estrema (Aryballos 37), Farfalla e Segno (Poesie scelte 1972-2009) et, en avril 2013, Canti di ripa grande (2010-2013).
    En 2012, un recueil de Lucio Mariani, Restes du jour, a paru en France chez Cheyne, Collection D’une voix l’autre, dans une traduction de Jean-Baptiste Para.





    Pour écouter le poème ci-dessus, lu par Lucio Mariani :

    se rendre sur rai.tv



    ■ Lucio Mariani
    sur Terres de femmes

    Quali barbari



    ■ Voir aussi ▼

    le site (en italien) de Lucio Mariani (dont un entretien avec Jean-Baptiste Para)
    → (sur le site du Printemps des poètes)
    une fiche-livre sur le recueil Connaissance du temps
    → (sur Recours au poème)
    Notes pour une poésie des profondeurs [9] par Paul Vermeulen





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