Terres de Femmes

Mois : septembre 2023

  • TdF sommaire du mois de septembre 2023 / N° 224

     

                  

                  TDF SEPTEMBRE 2023

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Image: G.AdC

     

     

    ♦ SOMMAIRE DU MOIS DE SEPTEMBRE 2023  ♦

    Cartouche du N°224 de Terres de femmes / septembre 2023

     

           

             Leslie Ullman |Jacques Rancourt | Places I circle back to | Lieux auxquels je reviens

             Angèle Paoli | De la colère à l'espoir, un cheminement | Oversatt til norsk av Naïd Mubalegh

             Sarah Laulan | grottes de Jeita – Éblouissante érosion

             Étienne Orsini | Homme de peu de poids

    Luce Guilbaud | Une leçon de présence | Lecture de Caroline Meunier (Calou Semin)

    Raluca Maria Hanea | Disparition initiale

    Marie-Clotilde Roose | EN MINUSCULES

    Emmanuel Moses | Motets | Lecture d'Angèle Paoli

    Luce Guilbaud | Une leçon de présence

    James Sacré | Une fin d'après-midi continuée | Trois livres "marocains"

    Marc Alyn | Forêts domaniales de la mémoire

    Pierre Dhainaut | Retour sur écoute

    Roland Reutenauer | Une inconnue de passage

    Béatrice Libert | Poèmes en quête de nuits douces

    Marie Tavera | Le galop de la neige

    Mérédith Le Dez | Alouette | Lecture de Marie-Hélène Prouteau

    Stéphane Chaumet | La Traversée de l'errance

    Anita J. Laulla | Les anges ne sont pas des anges

    Cécile A. Holdban | Toutes ces choses qui font craquer la nuit

    Emmanuel Moses | Motets

    Martine-Gabrielle Konorski | Poèmes inédits

    Patrick Quillier | D'une seule vague | Lecture d'Angèle Paoli

    Territorii Vox | Performance | Valérie Giovanni | Mathea Rafini | Isulatine | Paulu Santu Parigi / Angèle Paoli, sur le vif

    TdF sommaire du mois de juillet 2023 / N° 223

    Cartouche du sommaire du mois de juillet 2023 ( N° 223) 

                            

     

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  • Terres de femmes n° 224―septembre 2023

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    du numéro du mois de juillet 2023

     

     

     

    TDF SEPTEMBRE 2023

     

     

     

    Image: G.AdC

    Responsable de la rédaction :  Angèle Paoli
    Coordination éditoriale et mise en pages :  Yves Thomas  ( † 2021 ) 
    Direction artistique et mise en images : Guidu Antonietti di Cinarca:  (G. AdC ) 
     
     

     

     

  • Leslie Ullman |Jacques Rancourt | Places I circle back to | Lieux auxquels je reviens

    << Poésie d'un jour 

     

     

    BARBELÉ

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    "… cette demeure que je cherche …"

    Aquatinte numérique de  → G.AdC 

     

     

     

     

    Places I circle back to

    The first time no one listened
    become that home I seek
    again and again when I
    speak, thinking each time
    my voice carries –
    it vanishes in others’
    visible breath. I haven’ t found
    a room I can fill.

     

    Outside, plants grow and shed leaves
    where they find themselves, and the horses
    stamp at flies without a trace
    of anger. Sometimes I vanish
    comfortably under the sun
    and undivided sky

     

    while puddles shrink
    invisibly after days of rain
    leaving, instead of dust, a mud
    that holds everything in place –
    this is how the ground gives up
    the moisture that has come
    and come to it beyond
    what it can drink. A blesses

     

    tiredness. As sometimes when I’m reading
    and the words pull themselves into a story –
    into a person more right than wrong
    in a recognizable dilemma-
    someone not blurred by decisions
    or divided into faulty halves
    but leaning into
    her fate, one long dance,
    as into a day of work. As into
    days of work we seek
    and do and seek repite from, to
    tell ourselves we are really here.

    Leslie Ullman

     

    Lieux auxquels je reviens

    La première fois où personne n’a écouté
    devient cette demeure que je cherche
    encore et encore quand je
    parle, pensant que ma voix
    chaque fois qu’elle porte
    se dissipe dans l’haleine
    trop visible des autres. Je n’ai trouvé
    aucun espace que je sache remplir.

    Dehors, les plantes poussent des feuilles
    et les perdent là où elles se trouvent, et les chevaux
    fouettent les mouches sans une trace
    de colère. Parfois je disparais
    confortablement sous le soleil
    sous un ciel indivis

    tandis que les flaques d’eau
    s’évaporent insensiblement après des jours de pluie
    laissant, plutôt que de la poussière, une boue
    qui retient tout en place-
    c’est ainsi que le sol se délivre
    du trop-plein d’humidité survenue
    encore et encore au-delà
    de ce qu’il peut boire. Une fatigue

    bienheureuse. Comme parfois je lis
    et que les mots prennent la forme d’une histoire,
    d’une personne ayant plus raison que tort
    dans un dilemme reconnaissable –
    d’une personne sans angoisse face aux décisions
    ni divisée en moitiés fautives

    mais inclinée vers
    son destin, en une seule longue danse,
    comme vers un jour de travail. Comme vers
    des jours de travail que nous cherchons
    accomplissons et dont nous cherchons répit,
    nous dire que nous sommes vraiment ici.

     

     

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    Leslie Ullman, poème traduit par Jacques Rancourt, « La traduction et ses traces » in Marie-Christine Masset, D’une rive à l’autre, Quand les poètes traduisent les poètes, Éditions Tituli 2023, pp. 143,144,145.

     

    Leslie-Ullman

     

     

     

     

     

     

     

    Biographie de Leslie Ullman 

     

  • Angèle Paoli | De la colère à l’espoir, un cheminement | Oversatt til norsk av Naïd Mubalegh

     

                                       Texte franco-norvégien | Traduction de Naïd Mubalegh

     

                         

                         Angèle Paoli par → G.AdC

     

     

     

    _________  Couleur-colère / Colère-couleur  ________

     

    Couleur-colère / Colère-couleur. Qu’est-ce qui, dans ton esprit, relie la colère à la couleur du temps ? Le temps est au sirocco. Un temps d’été et de désert. Une vision d’ergs et de sable qui obscurcit le ciel. Souffle retenu sous une chape de plomb. Tu es colère aujourd’hui. Et nous ne sommes qu’au début du mois de mars. Le ciel est à la course des nuages gris. La mer est forte, d’un tout autre gris. Un gris acier. Un gris coupant. Et déjà, avec cette tiédeur inhabituelle de l’air, le spectre de la sécheresse s’avance. Il fait chaud et marcher d’un bon pas sur la route ne sera bientôt plus possible. Il a pourtant plu ces jours-ci. Une pluie fine et bienfaisante, qui a mis le maquis au vert. Après des semaines d’une chaleur précoce, le froid s’est à nouveau abattu, couvrant de neige les cimes les plus proches. Torrents et cascades déboulent le long des pentes. L’eau coule à gros bouillons. D’où vient-elle ? On dit qu’elle vient du continent, par vases communicants sous la mer. Incrédule, tu n’imagines rien d’autre qu’une descente spontanée partie des sommets enneigés.

    Et des sources qui roucoulent, ici et là, au milieu des buissons de cyste. Les sources alimentent les guadi qui s’enflent puis se jettent à la mer. Mais les truites fario, les jolies argentées, ont disparu depuis longtemps de tes rivières. Et pendant ce temps-là, la Garonne est quasi à sec et le Yangtsé, lunaire, se traverse à pied, entre des flaques-miroirs, larges vasques d’eau stagnante où se mirent les gratte-ciel. Et pendant ce temps-là, les canaux de Venise sont vides. Du jamais vu. Un disastro ! Una tragedia ! Et les gondoliers de godiller, désespérés, contre l’enlisement. Venise que l’on arpentait en février sur les planches, pieds bottés, va-t-elle périr engluée dans la boue ? La « Sérénissime » à sec, la « Salute » privée de ses eaux, le « Pont des Soupirs désemparé » ; son Carnaval à jamais flétri ! Venise destituée, n’existe plus que dans tes rêves. Et pendant ce temps-là, à l’autre bout du monde, les îles Fidji luttent contre la montée des eaux et l’ensevelissement de ses villages. Les cyclones succèdent aux cyclones. Les glissements de terrains achèvent d’emporter ce qui reste d’habitations. Les survivants se réfugient dans les grottes, loin du rivage. On emporte ce que l’on peut. Poules, canards et chèvres. Ustensiles de cuisine. De quoi faire cuire le riz. Mais les morts ! Va-t-on les abandonner dans ce carnage ? Certains songent à désensevelir leurs défunts et à les transporter sur les terres neuves. Certains s’en vont la mort dans l’âme, sans se retourner. D’autres préfèrent mourir sur place. Te revient en mémoire ce roman magnifique de Laurent Mauvignier. Autour du monde, l’histoire de quatorze destins différents, un jour de tsunami. Le tsunami de 2004 responsable de la catastrophe de Fukushima, qui avait fait tant de morts et de dépossédés. Et pendant ce temps-là, aux antipodes, d’autres se doraient sur leur yacht et vivaient au gré de leurs aventures romanesques. Tu avais été séduite par le talent de ce romancier capable de donner vie, d’un bout à l’autre de la terre, à des êtres aussi différents, exactement au même moment. Les uns plongés dans la tragédie, les autres dans l’insouciance ou le bonheur. Quel sens donner à ces injustices ? Comment accepter un tel hiatus ?

    Les images de désastres se succèdent à un rythme effréné, les plus récentes éclipsant, d’un saut de clip, les précédentes. Les unes annoncent la sécheresse absolue, la déshydratation et la famine ; les autres des crues intempestives qui balayent tout sur leur passage. Elles arrivent de l’autre bout du monde, charriant leur lot de misère absolue. Elles arrivent aussi chez nous, ces crues convulsives, dans des régions que nous connaissons et que nous aimons. Dans le Var, en 2010, les crues de l’Argens ont emporté les oliveraies, noyant les habitations. Et au matin, la vision d’apocalypse. Sans révélation. Juste le réel. Tout un bric-à-brac d’objets inidentifiables, témoins d’une vie soudain anéantie. Et les corps méconnaissables, rejetés longtemps après, aux embouchures du torrent. Tout un voyage dans la violence. Une traversée sans visage. On ne peut rien contre l’eau qui se déchaîne. Rien non plus contre la nature qui se rebelle contre l’homme. Son orgueil irrespectueux, son incorrigible superbe.

    Quelle est, dans ce désordre, la part de responsabilité des hommes ? Cette question t’obsède. Jadis, les anciens construisaient les villages sur des pitons rocheux inaccessibles. Jadis, les bandes côtières étaient réservées aux transhumances de l’estive. Jadis les anciens entretenaient les canalisations et les rigoles. L’eau de source était un don précieux, soumis à des règles précises de répartition et d’utilisation. Le bien commun de tous. Aujourd’hui, bassins, rigoles et canalisations ne sont plus entretenues comme il le faudrait. Les murs centenaires s’éboulent, les sources s’assèchent, les racines calcinées ne retiennent plus la terre. La terre glisse. Qui ne retient plus les murs. Jadis les anciens étaient sobres. Ils vivaient des produits de la terre et de la mer. Aujourd’hui, les marins se comptent sur les doigts de la main. La mer a été pillée. On ratisse les fonds marins, on exécute les espèces protégées avec des armes redoutables. On se sert sans penser à l’avenir. Après nous le déluge. Nul ne se souvient de Noé et personne ne viendra sauver la planète en péril. La Méditerranée d’Ulysse est toujours très belle. Mais elle s’est transformée en cimetière marin.

    Où va l’eau des torrents bouillonnants ? Elle va droit à la mer. Rien n’est prévu pour la domestiquer tant soit peu ! Et si la sècheresse impose sa loi, il nous faudra bien nous résoudre à une sérieuse reconsidération de nos modes de vie. En attendant, l’île se couvre de béton. Le béton n’absorbe pas l’eau. Ni ne l’arrête. Mais les promoteurs immobiliers n’en ont cure, qui continuent de construire des habitations à fleur d’eau. D’une année sur l’autre, les vacanciers exigent des maisons proches de la plage. Si possible avec piscine. Avec la bénédiction du préfet, les piscines prolifèrent dans les villages. Dans le même temps, il est demandé aux autochtones de ne pas arroser les jardins. Où est la logique ? Où, la cohérence ? On nous dit que le temps n’est plus aux dépenses superflues. On nous dit que la « fin de l’abondance » est proche. Tu constates pourtant chaque jour d’étonnantes contradictions. Ainsi les yachts splendides continuent-ils de se balancer au gré de la brise en attendant l’été. Que dire de ces immeubles monstrueux qui longent les côtes et viennent narguer les sédentaires dans des ports où ils ont tout juste la place de se caser ? Pourquoi ces monstres ont-ils gain de cause lorsque les habitants des villes portuaires (Ajaccio, Marseille, Nice, Venise) suffoquent sous l’impact de leur présence ? Et quelle civilisation est celle qui propose des croisières au long cours énergivores sur ces paquebots où la pacotille, le leurre, l’illusion de la richesse et du confort sont rois ? À qui profite l’exploitation de tels bâtiments qui obstruent l’espace, encombrent les quais de leur masse et déversent leurs flots de passagers qui s’en vont errants dans les rues de la ville, obligeant les riverains à se calfeutrer derrière les persiennes closes ? Le navire vomit son trop plein de passagers puis le reprend et repart, pour d’autres escales tout aussi improductives et dérisoires. Est-ce cela désormais voyager autour du monde ?

    La Méditerranée d’Ulysse est toujours très belle.

    Et pendant ce temps-là, les catastrophes poursuivent leur marche. Ici, les récents séismes en Turquie et en Syrie, au bilan humain terrifiant. Ailleurs, des incendies gigantesques dévorent les forêts, détruisant ce qui est nécessaire à la survie humaine. Plus préoccupantes encore, les anomalies de températures jamais atteintes sur le globe. Enregistrées à la hausse ces derniers mois sur l’ensemble de la planète, ces températures sont alarmantes. Ainsi, le quotidien français Libération du mois de février 2023 s’inquiète, à la suite de l’observatoire du changement climatique Copernicus (C3S) de l’Union européenne, du réchauffement climatique enregistré dans l’Antarctique. La fonte anormale de la banquise entraîne des catastrophes en chaîne sur nombre de territoires. Il est désormais certain que plus aucune région du globe ne sera désormais épargnée par la fonte des glaces. Il semble que dans ce domaine nous ayons atteint un point de non-retour. En Corse, sur l’île soumise aux ravages causés par les incendies, on voit se propager sur les sols appauvris, des espèces invasives qui colonisent le maquis. Au détriment des espèces naturelles et nourricières comme l’olivier ou le châtaigner. La faune n’est pas épargnée non plus. De nouvelles espèces introduites par avions ou par bateaux constituent une réelle nuisance. Cette prolifération d’extravagances a de quoi nourrir les investigations des scientifiques à l’affût de nouvelles variétés de virus dont la propagation est accentuée par les déplacements au long cours, par la fonte du permafrost, par les cataclysmes qui bouleversent l’ordre naturel des choses. Par la mondialisation et ses méfaits. Que nul n’avait pourtant prévus. Les exemples sont multiples de ces dysfonctionnements de plus en plus graves dont un œil non exercé n’aperçoit pas la progression. Peut-on encore dire de ces catastrophes qu’elles sont vraiment naturelles ? Tu as le sentiment, pour ta part, que grande est la responsabilité de l’homme. Alors oui, tu es en colère. Et les raisons d’être en colère sont innombrables. Tu peux pester contre les bateaux qui vidangent l’été à proximité des plages. Contre les propriétaires qui empiètent sur le terrain communal pour élargir leur espace. Contre les touristes qui font leur vaisselle dans l’eau de mer parmi les baigneurs. Tu peux perdre patience lorsque tu vois une famille insouciante faire du feu alors qu’on est en vigilance rouge ! Tu es en colère quand tu sais que l’île absorbera cet été des millions de touristes et que les insulaires déploreront les dégâts commis ici et là par le surnombre et pas le non-respect des règles les plus simples. Comme chaque année reviendra la question épineuse de la gestion des détritus, non résolue à ce jour. Il faudrait envisager des quotas pour désengorger les villages. Mais…

    Tu pourrais ne pas décolérer. Mais tu sais aussi qu’ailleurs d’autres se battent. Individuellement ou collectivement. Tu as appris récemment que le tout petit royaume himalayen du Bhoutan peut s’enorgueillir d’être le pays du monde au bilan carbone négatif. Parce qu’il plante dans ses montagnes des essences d’arbres capables d’absorber une grande quantité de carbone. Tu as appris récemment que certaines villes de France expérimentent un nouvel urbanisme, innovant et « résilient », qui intègre de vastes espaces verts susceptibles d’absorber les eaux des crues. Car en France, le réseau fluvial est particulièrement capricieux. Géographes, hydrographes, climatologues, ingénieurs des mines et des ponts – sont aux abois. Réussiront-ils à endiguer la prochaine crue centennale de la Seine ? Un véritable défi contre la montre est engagé, qui met tous les intervenants en état d’alerte. Paris est un immense gruyère qu’il faut protéger contre les débordements du réseau fluvial du Bassin parisien. Tu as appris qu’en Ligurie, l’entreprise Nemo’s Garden s’est lancée dans l’élaboration d’un jardin aquatique installé dans six biosphères. Que quarante espèces de plantes différentes ont déjà été cultivées avec succès dans ces bulles-serres sises à 6 mètres de profondeur et à cinquante mètres de la côte. Tous les espoirs de la future agriculture sous-marine sont permis. Gageons que l’avenir donnera raison à ces chercheurs d’un nouveau genre. Et que cette expérience originale suscitera de nombreuses autres vocations. Plutôt que la colère, choisis l’espoir. Tu choisis aujourd’hui de renouer avec la mémoire inconsciente qui lie l’homme à la Terre. Tu choisis la confiance dans le génie humain. Dans son inventivité et dans sa capacité à mobiliser ses talents lorsqu’un danger majeur, d’une puissance destructrice inexorable, menace la survie des Hommes. Il y a urgence. Urgence à réparer ce que nous avons dévasté et pillé. Urgence à renouer les liens qui étaient les nôtres avec la Terre. Urgence à inscrire l’humain et la Terre dans une même « symbiose dynamique ». Avec la Terre, vivante, au centre de notre toile. Tout un cheminement.

     

     

    Fra vreden til håpet, en vandring

    Vredefarge/Fargevrede. Hva er det i ditt hode som knytter vreden til tidens farger? Det er sjirokko i været. Et sommer- og ørkenvær. Synet av dyner og sand som formørker himmelen. Pust holdt inne under en blytung kappe. I dag er du vrede. Og vi har ikke kommet lenger enn begynnelsen av mars. Himmelen er viet de grå skyenes kappløp. Sjøen er høy, i en helt annen gråfarge. Stålgrå. En skarp, skjærende gråfarge. Og med denne uvanlige lunkenhet i luften er tørkets spøkelse allerede i anmarsj. Det er varmt, og det vil snart være umulig å bevege seg med rask gange på veien. Likevel har det regnet de siste dagene. Et tynt og velgjørende regn, som har fått maquisen til å grønnes. Etter uker med prematur varme, har kulden slått til på ny og belagt de nærmeste fjelltoppene med snø. Bekker og fosser strømmer langs bakkene. Vannet syder nedover. Hvor kommer det fra? Man sier at det kommer fra kontinentet, gjennom kommuniserende rør som løper under havet. Du står her, vantro, og kan ikke forestille deg annet enn en spontan nedstrøm fra de snødekte fjelltoppene. Og fra kilder som kurrer, her og der, i midten av Cistus-solrosebuskene. Kildene ernærer guadiene som svulmer opp før de kaster seg i havet. Men de vakre fario-ørrettene, de sølvfargede, er for lengst forsvunnet fra elvene dine. Og i mellomtiden er Garonne-elven nesten uttørket og den måneaktige elven Yangtsé kan krysses tørrskodd, mellom speilpytter, store kummer med bakevje som skyskraperne speiler seg i. Og i mellomtiden er kanalene i Venezia tomme. Helt uhørt. Un disastro! Una tragedia! Og gondolierene vrikker med åren i fortvilelse, imot nedsenkingen. Kommer Venezia, som vi i februar vandret gjennom på planker, med føttene i støvler, til å dø sammenklistret i gjørmen? «La Serenissima» helt uttørket, «la Salute» fratatt sitt vann, «den forfjetrede Sukkenes bru»; dens Karneval, vissent for alltid! Den styrtede Venezia finnes nå kun i drømmene dine. Og i mellomtiden, på andre siden av kloden, kjemper Fidji-øyene mot det stadig stigende vannet og mot landsbyenes nedgraving. Orkaner følges av orkaner. Jordras tar med seg de siste av stående boliger. De overlevende finner tilflukt i huller, langt fra kysten. De tar med seg alt de klarer. Høner, ender og geiter. Kjøkkenredskaper. Noe å koke ris med. Men de døde! Skal vi forlate dem i denne massakren? Noen tenker på å grave fram sine døde og frakte dem til en ny jord. Noen drar med døden i sjelen, uten å snu seg. Andre foretrekker å dø på stedet. Du husker Laurent Mauvigniers storslåtte roman. Jorden rundt (Autour du monde), fortellingen om fjorten ulike skjebner, en tsunami-dag. Det var tsunamien i 2004, den utløste katastrofen i Fukushima som drepte og etterlot så mange ribbet for alt. Og i mellomtiden solte andre seg, på den andre siden av kloden, på yachten sin og levde i tråd med sine romanaktige eventyr. Du hadde blitt forført av denne romanforfatterens talent som maktet å gi liv, fra klodens ene ende til den andre, til så forskjellige vesener, nøyaktig på samme tidspunkt. De ene nedsenket i en tragedie, de andre i bekymringsløshet og lykke. Hvilken mening gi til disse urettferdighetene? Hvordan akseptere en slik avgrunn?

    Katastrofebilder følger etter hverandre i uhyrlig tempo, og de nyligste formørker, gjennom et klippehopp, de forrige. De ene forkynner absolutt tørke, dehydrering og hungersnød; de andre, utidsmessige flommer som feier vekk alt på sin vei. De kommer fra verdens andre ende og bærer med seg sin lodd av fullkommen elendighet. De kommer også til oss, disse krampaktige flommene, til områder vi kjenner godt og er glade i. I Var-kommunen tok Argens-flommene i 2010 olivenlundene og oversvømte boligene. Og på morgenen, det apokalyptiske synet. Uten åpenbaring. Bare virkeligheten. En heterogen haug med ubestemmelige gjenstander, som vitner om et livs plutselige tilintetgjørelse. Og de ugjenkjennelige likene, som lenge etter ble skilt ut ved bekkens munning. En hel ferd med vold som eneste selskap. En gjennomreise uten ansikt. Man er maktesløs mot vannet som raser. Og man kan ingenting gjøre mot naturen som gjør opprør mot mennesket. Dens respektløse hovmod, dens uforbederlige storhet.

    Odysseus’ Middelhav er fortsatt uhyrlig vakkert.

     

    Hva er menneskets andel i denne uordenen? Du er blitt besatt av dette spørsmålet. Før pleide våre eldre å bygge landsbyer på uoppnåelige fjellvegger. Før var kyststripene forbeholdt den store beitevandringen til setrene om sommeren. Før ble de eldre rørene og bekkene vedlikeholdte. Kildevann var en verdifull gave som var underkastet presise regler for fordeling og forbruk. Alles allmenne gode. I dag vedlikeholdes verken bassenger, bekker eller rør slik de skal. Hundreårige vegger raser sammen, kildene tørker ut, de utbrente røttene holder ikke igjen jorden. Jorden sklir. Som ikke lenger holder igjen veggene. Før var våre eldre sobre. De levde av jordens og havets produkter. I dag kan man telle ekte sjømenn på en hånd. Havet har blitt plyndret. Man raker i havets bunn, man henretter de beskyttede artene med nådeløse våpen. Man forsyner seg uten å tenke på framtiden. Etter oss kommer syndfloden. Ingen husker Noah og ingen kommer til å komme for å redde den dødstruede planeten. Odysseus’ Middelhav er fortsatt uhyrlig vakkert. Men det har forvandlet seg til en gravplass under vann.

    Hvor strømmer de sydende bekkenes vann hen? Det drar rett til havet. Ingenting er lagt til rette for at det skal temmes, om enn så lite! Og tørken tvinger sin lov på oss, vi kommer nok til å måtte revurdere grundig våre levemåter. I mellomtiden dekkes øya der jeg bor til med betong. Betong absorberer ikke vannet. Stopper det heller ikke. Men eiendomsmeglerne bryr seg ikke, de fortsetter å bygge boliger rett ved vannet. Fra år til neste krever de ferierende hus som ligger nær stranden. Med svømmebasseng om mulig. Med kommunestyrerepresentantens velsignelse sprer svømmebassengene seg i landsbyene. Samtidig ber man de lokale innbyggerne om å ikke vanne hagene. Hvor er logikken? Hvor er koherensen? Vi blir fortalt at tiden ikke tillater overflødige utgifter lenger. Vi blir fortalt at «overflodens ende» er nær. Du legger dog hver dag merke til underlige motsigelser. De praktfulle yachtene fortsetter altså å svinge i vindens takt mens de venter på sommeren. Hva kan man si om de monstrøse boligblokkene som strekker seg langs kystlinjene og terger de fastboende i havner der de så vidt har plass? Hvorfor har disse monstrene forrang når havnebyenes beboere (Ajaccio, Marseille, Nice, Venezia) kveles under deres nærvær? Og hva for en sivilisasjon er det, som tilbyr lange, energietende cruiser på disse atlanterhavsskipene der juggel, bløff og illusjonen om rikdom og komfort hersker? Hvem tjener på utnyttelsen av slike bygninger som tetter synsfeltet, belaster kaiene med sin masse og spytter strømmer av passasjerer som går for å vanke i byens gater og tvinger de lokale til å låse seg inn i låste hus, bak lukkede persienner? Skipet spyr ut sin overbelastning med passasjerer før det tar dem inn igjen og reiser videre, til nye etapper som er like uproduktive og fattige. Er det slik det har blitt å reise verden rundt nå?
    Og i mellomtiden går katastrofene sin gang. Her, de nylig inntrufne jordskjelvene i Tyrkia og i Syria, med forferdelige menneskelige tap. Der, uhyrlige brann som tærer opp skogene og ødelegger det som er nødvendig for menneskenes overlevelse. Enda mer bekymrende er temperaturanomaliene som aldri før har blitt nådd på kloden. Disse temperaturene, som i de siste månedene har blitt registrert i økning over hele planeten er alarmerende. Dette tilskyndet den franske avisen Libération til å uttrykke uro, i februar 2023, over oppvarmingen registrert i Antarktis av EUs observatorium for klimaendringene, Copernicus (C3S). Isens unormale nedsmelting utløser en rekke katastrofer på et utall territorier. Det er nå sikkert at ingen område på kloden kommer til å skånes av isens nedsmelting. Det finnes ingen vei tilbake. På Korsika, herjet av skogbrannene, ser man invaderende arter spre seg på den utarmede jorden og kolonisere maquisen. Til skade for naturlige og nærende arter som oliven- eller kastanjetreet. Heller ikke dyrelivet er skånet. Nye arter som er blitt innført med flyene eller båtene utgjør en reell skade. Denne proliferasjonen av ekstravaganser er i stand til å fôre undersøkelsene til forskere som er på jakt etter nye virustyper, hvis spredning forsterkes av langdistansereiser, permafrostens nedsmelting og katastrofene som skaker ved tingenes naturlige orden. Av globaliseringen og sine ugjerninger. Som ingen jo hadde forutsett. Eksempler på slike dysfunksjoner, stadig mer alvorlige, er mange. Likevel er det utrente øyet ikke i stand til å fornemme deres utvikling. Kan man fortsatt si om disse katastrofene at de virkelig er naturlige? Du føler, for din del, at menneskets ansvar er stort. Så du er vred, ja. Og grunnene til å være vred er utallige. Du kan forbanne båtene som tømmer seg i nærheten av strendene om sommeren. Eierne som tråkker på kommunale tomter for å utvide sitt privatrom. Turistene som vasker opp i havvannet blant baderne. Du kan miste tålmodighet når du ser en bekymringsløs familie tenne et bål når varselnivået er rødt! Du er vred når du vet at øya kommer til å absorbere millioner av turister denne sommeren, og at øyboerne kommer til å måtte sørge over skadene påført av overbefolkningen og fraværet av respekt for de mest elementære reglene. Hvert bidige år kommer også det vanskelige spørsmålet om håndteringen av avfall til å melde seg, som ennå ikke er løst. Man burde vurdere kvoter for å avsperre landsbyene. Men…

    Du kunne vel ikke kvitte deg med vreden. Men du vet også at andre kjemper, på andre steder. Individuelt eller kollektivt. Du har nylig lært at det ørlille kongeriket Bhutan i Himalaya-fjellene kan skryte av å være det ene landet i verden med negativ karbonbalanse. Fordi dens befolkning i sine fjell planter trearter som evner å absorbere store mengder karbon. Du har nylig lært at noen byer i Frankrike eksperimenterer med en ny type urbanisme, som er både innovativ og «slitesterke», og som integrerer store grøntområder i stand til å absorbere flommenes vann. I Frankrike er elvesystemet særs lunefullt. Geografer, hydrografer, klimatologer, sivilingeniører – alle er på sin vakt. Kommer de til å lykkes med å demme opp Seine- elvens neste hundreårsflom? Et ekte kappløp mot klokken er i gang, som setter alle protagonistene i beredskap. Paris er en diger emmentaler vi må beskytte mot overløp i Parisbekkenets elvesystem. Du har lært at bedriften Nemo’s Garden i Liguria har begitt seg ut på utviklingen av en vannhage fordelt på seks biosfærer. At førti ulike plantearter allerede har blitt dyrket med suksess i disse drivhusboblene som sitter ved seks meters dybde, femti meter unna kysten. Alle forhåpningene knyttet til framtidens undervannslandbruk er tillatt. La oss vedde på at framtiden vil gi denne nye typen forskere rett. Og at dette banebrytende eksperimentet vil vekke mange flere kall. Velg håpet framfor vreden. I dag velger du å enda en gang å knytte deg til den ubevisste hukommelsen som forbinder mennesket til Jorden. Du velger tilliten til menneskets geni. Til oppfinnsomheten og evnen til å mobilisere sine talenter når en nært forestående og stor trussel, med ubønnhørlig ødeleggende makt, truer menneskenes overlevelse. Dette er en tilstand av nød. Nød til å reparere det vi har tilintetgjort og plyndret. Nød til igjen å knytte disse båndene, som har vært våre, til Jorden. Nød til å innskrive mennesket og Jorden i én og samme «dynamiske symbiose». Med Jorden, levende, i midten av vårt vev. En stor vandring.

    Foto: Guidu Antonietti di Cinarca

    Angèle Paoli er født i Bastia og bor på en landsby på Cap Corse, der hun er redaktør for det digitale tidsskriftet for poesi og litteraturkritikk Terres de femmes, som ble lansert i 2004. Hun har utgitt et tjuetall bøker og har bl.a. mottatt prisen Aristotle European Prize for French Poetic Criticism in 2013. Nyere utgivelser :

    Italies Fabulae, fortellinger og noveller, Al Manar forlag, 2017. Etterord av Isabelle Lévesque
    Corse, Angèle Paoli / David Hébert (tegninger), Carnets Nomades, Éditions des Vanneaux, 2018
    Lauzes, med malerier av Guy-Paul Chauder, Al Manar forlag. Forord av Marie-Hélène Prouteau, 2020
    Traverses, Cahiers du Loup bleu, Éditions Les Lieux-Dits, 2020
    Le dernier rêve de Patinir, Éditions Henry, 2021
    Marcher dans l’éphémère, Cahiers du Loup bleu, Éditions Les Lieux-Dits, 2022

     

    Traductions :

    Luigia Sorrentino, Figura d’acqua/Figure de l’eau, med akvareller av Caroline François-Rubino, Al Manar forlag, 2017
    Luigia Sorrentino, Olimpia/Olympia, Al Manar forlag, 2019
    I samarbeid med Sylvie Fabre G., Milo De Angelis, Rencontres et guet-apens, Cheyne Éditeur, 2019. Forord av Jean-Baptiste Para.

     

    Photo Angèle Paoli

     

    Naïd Mubalegh (f. 1989) er doktorgradsstipendiat ved Universitetet i Lisboa, Sorbonne og Universitetet i Oslo. Forskinga hennar fokuserer på påverknaden økonomiske teoriar har hatt på evolusjonsbiologien, og omvendt. Ho jobbar også som skribent og omsetjar av fag- og skjønnlitteratur.

     

    Published with funding from the Fritt Ord Foundation

    Fritt ord

     

     

     

     

     

    Andrei Kurkov / Ukraine. Ecological Apocalypse now
    Om krigen midt i et mislykket oljeeventyr / Erling og Jonas Kittelsen
    Hvorfor sprenge en oljerørledning? / Arne Johan Vetlesen
    Ilden, vi varmer os ved, ilden, vi ødelægger med / Carsten Jensen
    Russisk gass og greske guder / Espen Stueland
    Si det ømt og skarpt / Freddy Fjellheim
    Finding a way through the minefield / Michael E. Mann & Anders Dunker / En vei gjennom minefeltet
    DEL DETTE:

    https://forfatternesklimaaksjon.no/2023/09/23/angele-paoli-de-la-colere-a-lespoir-un-cheminement-oversatt-til-norsk-av-na%d1%97d-mubalegh/

     

  • Sarah Laulan | grottes de Jeita – Éblouissante érosion

    <<Poésie d'un jour

     

     

     

     

     

    Jeita

     

     

     

     

     

     

     

     

    Source photo 

     

    grottes de Jeita – Liban

    doigt de lumière
    dégoutte

    de silence

    organes sans enveloppe
    ténèbres drapées

    de nudité

    dans ce ventre
    sans étoiles

    que l’hiver ne peut lézarder
    ni l’été

    refleurir

    une bobine
    ne soupire

     

     

    les yeux défroissés
    se frotter
    au rocher prendre
    feu cascader
    vers l’abîme
    enfourcher l’abstrait
    fermer
    l’oreille aux hurlements
    du soleil
    pour graver dans
    la canicule
    les silences perdus
    le briquet
    entre les dents
    terre
    de soufre te faire
    cracher
    des fleurs de sang

    absence
    ou trop plein de fulgurances

    que réfléchissent

    les falaises hérissées
    du sens

    et des raisons éblouissante
    érosion

    mes ancêtres
    aux hanches de verre

    incurvent l’horizon

    pour rejoindre leur désert

    je laisse ce poème
    circulaire

    écouler son sablier

     

    Eblouissante-erosion

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Sarah Laulan, Éblouissante érosion, Peintures d’Anaïs Durien, calligraphie d’André El Hayani, La tête à l’envers 2023, pp.29, 30, 32, 33.

     

    1024x320_laulan

    Voir  → La note de l'Éditeur

  • Étienne Orsini | Homme de peu de poids

     

    <<Poésie d'un jour

     

    Tombeau

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Tombeau du Cap Corse. Ph: Jambert / DR 

     

     

     

    À toi, Félix (1993-2021)

    Memento mori

            La mort n’est pas mnémotechnique. On a tendance
    à l’oublier. Comme la date d’une ancienne bataille, un
    numéro de téléphone rarement composé ou une corvée sans
    cesse reportée à demain. Qu’elle se rappelle à nous de façon
    brutale et cruelle, on souffre, on pleure, on interpelle le
    ciel outrageusement indifférent. Et déjà, on l’efface. On lui
    assigne sagement quelques parcelles de terre en bordure de la
    ville, pour mieux l’enclore dans l’invisible. Sur le calendrier,
    elle a droit à son jour, de même que la victoire, la femme,
    l’an ou les pères. Bien sûr, les philosophes en parlent et les
    poètes aussi, mais qui la voit encore sur la face des dames ou
    au coude des hommes ? La mort d’aujourd’hui n’est plus la
    mort d’hier. Eklle avance en catimini. Peut-être même rougit-
    elle et se confond-elle en excuses avant de reposer sa faux.

    Peu de souvenirs
    J’en ai manqué des défunts
    Par inadvertance

    Memento mori
    Sur la porte du frigo
    Un simple post-it

    Par grosses pelletées
    Enfin la terre promise
    Oh les vieux os !

     

    Terra lacrimosa

           Certaines terres sont plus métaphysiques que d’autres.
    D’aucuns disent plus tragiques. Celle d’où je viens est âpre.
    Il y a encore peu, les femmes s’y vêtent en noir pour le restant
    de leurs jours qui commence très tôt. Dans une maison
    ou l’autre, c’est toujours la saison d’un deuil ; à respecter
    scrupuleusement sous peine de déshonorer la mémoire d’un
    défunt. Un endeuillé, des mois durant, ne peut franchir le
    seuil de sa demeure sans déclencher scandale et opprobre. Il
    incombe au préalable à chaque villageois de lui rendre une
    visite. Alors, le dernier villageois ressorti, le deuil enfin peut
    prendre l’air. Si aujourd’hui le noir sévère a laissé place à des
    coloris débraillés, il n’est pas un été où le glas ne résonne
    parcourant la montagne de village en village au rythme du
    cercueil gagnant sa terre mère.

     

    Caveau de famille
    Bien enfouies les racines
    Dont tu es l’arbre

    Sans retenue
    La soustraction
    Parents éplorés

    Tout de noir vêtu
    Son souvenir à jamais-
    Ma Tante Marie

    Retour au pays
    Ovationné par le glas
    Le p’tit gars du coin

     

    Privilège de l’âge

           Tous les privilèges ne sont pas solubles dans la nuit du 4
    août. Celui de l’âge nous permet d’entrevoir l’éphémère dans
    toute son étendue. Comme ils sont dérisoires à côté les vieux
    droits féodaux : rentrer à cheval dans l’église, posséder un
    château, des serfs à cravacher et des cerfs à chasser, une belle-
    fille à cuisser, un cuissot à baffrer ! Les années seules font de
    nous des seigneurs, nous livrant ce secret tout en or : nous ne
    sommes qu’instants dans l’escarcelle de l’Éternel.

    À défaut de moutons
    Au moment de s’endormir
    Compter ses défunts

    Cinq sept cinq … Dix-sept
    Et puis c’est fini la vie
    Memento mori

    Lune rutilante
    Signe extérieur de richesse
    À tes doigts de pied

    Mon carnet d’adresses
    Tant de numéros rayés
    Le jeter bientôt

     

    (1)(1)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Étienne Orsini, Homme de peu de poids, Haïku, → Via Domitia,2022, pp. 13, 14, 19, 20, 23, 24.

    ____________________________________________________________________________________________________________________

     

     

    => Écouter Étienne Orsini chanter un chant religieux polyphonique avec le groupe corse   - A Stonda –

     

    ÉTIENNE ORSINI

    EtienneOrsini

     

     

     

     


    Source

    ■ Étienne Orsini
    sur Terres de femmes ▼

    → [J’ai laissé filer des rivages] (extrait de Gravure sur braise)
    → [J’ai longtemps cru qu’ailleurs était un nom de lieu] (extrait de Répondre aux oiseaux)

    Débusquer des soleils, éditions Le Nouvel Athanor, Préface de Corinne Atlan,2021.

    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Recours au poème) une notice bio-bibliographique sur Étienne Orsini


  • Luce Guilbaud | Une leçon de présence | Lecture de Caroline Meunier (Calou Semin)

    Luce Guilbaud, Une leçon de présence
    Éditions Al Manar, 2023
    Lecture de Calou Semin

     

    LUCE GUILBAUD

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Ce recueil est dédié à « Louis,

    l’absent définitif ».

    ————

     une histoire d’amour c’est sans fin…
    même sans toi.

     

    Luce Guilbaud choisit ici (ou serait-ce la vie elle-même qui choisit pour elle ?) de faire accompagner sa douleur par la figure tutélaire de l’arbre, des arbres, tous les arbres, les forêts, et par extension le végétal et le jardin. Le chagrin taraude, lancinant. Parfois c’est lui qui a le dessus. Parfois il se fait plus léger pour que transparaisse cette attention à la vie immédiate, au présent qui ancre vraiment ce recueil et nous transmet  une leçon de présence .
    Même s’ils sont indifférents en fait (« Les arbres n’ont que faire de tes questions »), ils accompagnent vraiment, au fil des saisons, son désarroi et son cheminement, hautement porteurs qu’ils sont d’une énergie vitale que la poète choisit d’entendre parce qu’elle est toujours là, première, et qu’elle doit le rester.

    ————                 une vie presque entière dans les forêts.
    ta mort près de l’érable.

    La poète arpente ses souvenirs, les jours et l’espace alentour.

    « le doigt entre la peau et l’écorce je cherche les essences
    de la vertu aux quatre saisons

             je m’endors       je dors      je meurs un peu »…

    La forêt du présent se mêle parfois aux forêts tropicales de jadis, ayant sans doute accompagné la naissance et l’épanouissement de l’amour.

    « Le soir bleuit verdit se nuance de pluie …

    la nuit très vite »

    Au fil des jours et des saisons, l’arbre, formidable (et universelle ?) métaphore de l’être, veille. Il ne s’agit pas d’un simple décor, mais du support premier à la sensation de vie et de présence autour. Aussi l’ensemble du recueil se trouve-t-il en résonance parfaite avec la belle citation de Roberto Juarroz mise en exergue et qui lui donne son titre.

    Il n’en demeure pas moins qu’« Éros lui a rongé      rouge     le cœur entier ».
    La perte est irréversible, majuscule, et

    « non       la douleur ne sera pas guérissable
                    l’écorce simplement recouvrira la plaie »

    Cependant, et brièvement, elle pourra s’alléger, disparaître presque parfois dans l’attention au présent et la volonté que réaffirme l’auteure tout au long du recueil :

    « Le temps est au présent indéfini…
                            Je reste seule responsable des bourgeons… ».
    Les arbres sont et seront toujours là pour l’aider à aiguiser cette attention au présent qui permet de rester en contact avec la vie.

    Il ne faudrait pas croire que ce cheminement est facile, ou linéaire : d’où l’importance des décrochements, des blancs très fréquents, et des silences, ici souvent matérialisés par de nombreux tirets longs et bas (Il est d’ailleurs très difficile, voire impossible, de rendre compte avec exactitude de cette présentation sur la page).
    Quand survient une trop grande peine, il faut

    « Attendre sans bouger
    dans la cave de la bouche
    que la matière des mots prenne forme ».

    Alors revient la possibilité d’agir, un petit peu, à sa mesure :

    « J’écris le mot ———— forêt

    J’écris le mot ———— forêt
    j’écris
                pour le mot ————éclaircie ».

    La poète écrit, et peint. Ici, dans des tons assez sombres des œuvres qui accompagnent et donnent une certaine lumière, tamisée mais réelle, au recueil.
    Car la détermination à chercher l’éclaircie est la plus forte :

    « Je voudrais m’enraciner peu à peu
    dans la seule certitude       d’être
                          au présent »

    La voix narrative veut

    « marcher encore ———— marcher
               le souffle court      les aveux        les regrets ».

    Et même s’il semble parfois qu’

    « au bout du livre l’air est glacé
    nous aurons atteint les lisières »

    « Tu voulais que le mot forêt éclate enfin et disperse ses graines
    …………………

    jusqu’à la mer. »

    La vie et la volonté peuvent aller au-delà du chagrin, nous enseigne-t-elle.

    C’est ainsi qu’il lui sera possible d’

    « Encore aimer par regard intérieur
    et sourire d’encre douce
    par rose trémière vigilante et rosier obstiné »,

    élaborant par touches successives un chant d’amour magnifique, tout en nuances, qui n’occulte pas les difficultés et les doutes, et qui culmine de manière saisissante avec ces derniers vers donnant voix à l’aimé , et qui s’entendent de loin.

    Calou Semin

     

     

    Moton185

     

     

     

     

     

     

     

    ■ Luce Guilbaud
    sur Terres de femmes ▼

    [L’ombre amoureuse] (extrait de Débordé pourpre)
    → Demain l’instant du large (lecture de Sylvie Fabre G.
    → [Le haut le bas l’envers l’endroit] (extrait de Demain l’instant du large
    → [il y a eu des pluies] (extrait de Nuit l’habitable)
    → Mère ou l’autre (note de lecture d’AP)

    → [Mon enfance] (extrait d’Où la chambre d’enfant)
    → [les ombres envahissent] (extrait de Pas encore et déjà)
    → [mon père m’offre des animaux] (extrait de Vent de leur nom)
    → Danielle Fournier | Luce Guilbaud, Iris (note de lecture d’AP)
    → Danielle Fournier | Luce Guilbaud, Iris (extrait)
    → Danielle Fournier | Luce Guilbaud [Dis-moi plutôt ce qui nous réunit](autre extrait d’Iris)
    → Luce Guilbaud ou la traversée de l’intime (chronique de Marie-Hélène Prouteau)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes) Le corps penche
    → Luce Guilbaud | Une leçon de présence

    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique sur Luce Guilbaud
    → (sur le site de la Maison des écrivains) une fiche bio-bibliographique sur Luce Guibaud

     

    Voir aussi:

    Caroline Meunier | Calou Semin

    Pierre Dhainaut  | Caroline François-Rubino
       L’art des nuages, Éditions Voix d’encre 2023, lecture de Calou Semin

  • Raluca Maria Hanea | Disparition initiale

    <<Poésie d'un jour

     

    Japan-tao

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    "un grand embryon anonyme sauve ton îlot terrifié"

    photo: → G.AdC 

     

     

     

    Dans le reflet mon œil qui se voit n’est pas humain.
    C’est autre chose qui me regarde qui n’a ni la forme ni la couleur de
    mon œil.
    C’est peut-être la terre qui est remontée, la périphérie d’un orbe où
    rien n’attend d’être déplacé.

    L’œil continue dans la poitrine, les poumons, le long du dos, dans
    les mollets puis les orteils, parmi les fourmis et leurs constructions
    gigantesques.

    Le bref hasard et notre théâtre au complet : tout un champ
    de pierres
    des carrousels lents
    à l’intérieur de nos falaises
    et nos collines avec troupeaux.

    Tes os d’oiseau quelles élongations ont transformé tes paumes
    en serres ?

    Avec les récoltes cette année tu t’effaces sans bruit, tous tes gestes
    te précèdent.

    La sagesse de la terre retourne cette année dans son calcaire.
    un grand embryon anonyme sauve ton îlot terrifié.

     

     

    DISPARITION INITIALE

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Raluca Maria Hanea, Disparition initiale, Dessins de Philippe Favier, Éditions Unes, 2023

     

     



    RALUCA MARIA HANEA

    Ranuca Maria Hanea

    ■ Voir sur Terres de Femmes ▼

    → [on se couche sous les bois] (poème extrait de Babil)

    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions du Petit Pois) une notice bio-bibliographique sur Raluca Maria Hanea
    → (sur remue.net) Raluca Maria Hanea | sûre la cave
    → (sur remue.net) le site des éditions Unes

     

     

     

  • Marie-Clotilde Roose | EN MINUSCULES

                     <<Poésie d'un jour

     

     

     

    LES FLOTS

    "toi qui marches sur les flots"

    Photo : G.AdC 

     

     

    fenêtre ouverte sur la mer
    le visage doucement éclairé
    c’est l’offrande du ciel
    dans le brouhaha des voix
    du vent et des mouettes

    personne ne soupçonne
    le dialogue silencieux
    entre moi assise et toi
    qui marches sur les flots
    délie les cerfs-volants

    tu caresses le chien courant
    qui happe l’écume sur
    ton manteau immaculé
    et moi je trépigne de joie
    calée ici, depuis la fenêtre

     

    une étendue de sable
    que le soleil colore
    d’ombres et de lumières
    jusqu’à l’horizon
    où se jette la mer

    joie tranquille et pure
    où ma conscience s’abreuve
    hier j’ai couru sous la pluie
    un tel plaisir de vivre
    malgré le froid piquant

    aujourd’hui je t’envoie
    ma liberté par ondes
    mon souffle minuscule
    l’attise, l’affole, s’envole
    vers ceux qui n’en ont plus

     

    c’est toujours toi qui aimes le premier
    tu m’invites à m’asseoir
    et demeurer là
    près de toi

    tu es silence
    tu es vibration dans le silence
    tu es lumineux en l’écoute
    tu es

    je me fais réceptacle adorant
    je reçois les ondes en mon être
    je retentis à l’écoute
    je deviens

     

     

     

     

    En-minuscules

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Marie-Clotilde Roose, EN MINUSCULES, Frontispice d’Annette Masquilier/postface de Lucien Noullez, Le Taillis Pré 2023, pp.65, 66, 67.

     

    Marie- Clotide Roose

     

     

     

     

     

     

     

     

    Voir bio-bibliographie de →   Marie-Clotide Roose 

  • Emmanuel Moses | Motets | Lecture d’Angèle Paoli

    Emmanuel Moses, Motets,
    Dessins de Samira Serghine
    Éditions Al Manar 2023
    Lecture d’Angèle Paoli

    Motets.JPEG

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    À bas bruit

     

    Dernier ouvrage récemment publié aux éditions Al Manar, les Motets d’Emmanuel Moses sont une œuvre dans laquelle la voix singulière du poète atteint son acmé. Le poète réalise dans Motets une alliance  où se dit l’aspiration hautement spirituelle qui est la sienne et néanmoins profondément humaine.

    D’inspiration musicale et testamentaire, les poèmes croisent et conjuguent dans un équilibre parfait le sacré et le profane. Composé de poèmes titrés, brefs dans l’ensemble mis à part le long poème central intitulé « Surface noire », le recueil est accompagné, en écho, de trois dessins de Samira Serghine, « artiste émergente maroco-hollandaise. » Les deux premiers dessins, deux visages de femme, encadrent les motets – dix en tout – librement inspirés par les Psaumes de David. De 1 à 9 puis 24-26. Le dernier dessin, qui clôt le recueil, présente un couple. Et le dernier poème, qui lui est peut-être consacré, énonce une éclaircie, parfois battue en brèche en amont :

    « Et le silence formait au-dessus d’eux un ciel immaculé. »

    Les dessins de Samira Serghine offrent une cartographie de ce qui se dit dans les poèmes. Une sorte d’assemblage où l’on peut lire, parmi les traits, lignes et feuillages qui traversent la page et forment le décor, des pans de textes en hébreu. On peut y décrypter, dans une lecture inversée, certains mots. « Safar / Safer ». Raconter, énumérer, faire connaître, dire. Ou encore « Miy » : qui, de qui, lequel… Sur le second visage – de face – on peut lire le mot « EENHOOR » qui signifie « Licorne » en néerlandais. Mais il ne me semble pas que cette créature médiévale et légendaire ait une valeur symbolique dans la Torah. Elle n’est d’ailleurs pas mentionnée sous la plume du poète.
    En revanche les dix premiers poèmes du recueil, regroupés sous le terme « Motets » sont présentés par Emmanuel Moses comme une « Composition sur quelques psaumes ». Il s’agit donc d’un psautier, emprunté au premier livre des psaumes (1 à 41), dont l’esprit reprend celui des psaumes de David, dont il est dit qu’ils sont les plus anciens qui soient connus. Psaumes et motets se rejoignent ici, dans leur fonction poétique chantée et religieuse. Le lecteur/la lectrice retrouvent dans ces poèmes de forme brève (quintils/sizains/septains) des formulations, répétitions, refrains et images imprégnés de la Torah mais aussi des allusions à l’histoire des Hébreux. Ainsi du psaume introducteur qui reprend par trois fois l’expression originelle « Jour et nuit » et rythme le poème pour dire l’égarement du locuteur :

    1.
    Jour et nuit
    Jour et nuit
    J’étais planté près des ruisseaux
    Et la voie autour de moi s’est perdue
    Jour et nuit.

    D’emblée le poète exprime son désarroi qui est aussi celui, ancestral de son peuple. Le peuple de Moïse à la sortie d’Égypte. La rencontre de Moïse au Mont Sinaï :

    « Ceux qui l’entendent ne se couchent plus
    Ne s’endorment plus
    Ils redressent la tête et attendent la bénédiction. » (3.)

    Quelque chose pourtant semble s’être perdu en lui et son égarement n’est pas seulement physique. Il est beaucoup plus profond que cela. Les manifestations des hommes envers leur Dieu ont cessé. Avec des mots simples et poignants, le poète évoque sa propre traversée du désert qui le confronte à l’angoisse, au mensonge (la croyance dans les idoles ?) mais aussi à la prière :

    « J’aimerais que mon cœur parle
    Que la lumière du jour se fasse voir sur mon visage
    Que la joie me soit froment et vin d’abondance. »

    Ainsi les motets – psaumes – oscillent-ils, tantôt exaltant avec ferveur l’accueil que procurent la maison et l’arbre, tantôt dénonçant avec émotion l’ingratitude de l’homme et la peur qu’elle alimente :

    « Os du vent, os de l’âme
    Tout est bouleversé !
    Un œil rongé fixe le monde
    La vie à bout de force prend voix
    Pas à pas se tendent les larmes
    Recule le souvenir jusqu’à la mort du souvenir. (6.)

    Tantôt dénonçant la violence des hommes, leur goût pour les mots trompeurs et les mensonges illusoires, sources d’angoisse et d’erreurs. De destructions dont les hommes sont responsables :

    « Qui racontera parmi les peuples
    Le récit, la sentence, le jugement ? »

    Tantôt au contraire remettant son espoir dans la « comptine » d’un enfant.

    Il y a un avant, lorsque celui que l’on ne peut nommer était encore sans nom, il y a un après. C’est avec l’avènement de cet après que l’oscillement a pris place dans l’Histoire humaine. Comme il est écrit dans le poème «Surface noire »:

     

    « L'Histoire devenant ainsi
    la scène où Dieu s'exprime
    le théâtre de Dieu »

    Histoire qui alterne entre angoisses et tendresses. Violences et espoir. Le poète, lui, est pris dans ce balancement qui lui fait regretter un temps qui n’est plus et se tourner vers l’aujourd’hui. Malgré les massacres qui exterminent les peuples, malgré le bruit et la fureur qui jouent leur sérénade en sourdine, la vie continue. Les amants se retrouvent dans ce beau poème qui clôt le recueil des Motets :

    « On tue ce soir à bas bruit dans les steppes d’Asie
    Les amants s’unissent ce soir à bas bruit ici et partout
    Les solitaires et les ivrognes rentrent ce soir chez eux
    à bas bruit par les rues sombres
    Et toi, moi, nous attendons ce soir que la porte s’ouvre
    à bas bruit. »

    La vie reprend sous ses formes diverses, amour, écarts amoureux, portraits, poèmes dédiés à des êtres chers (Michel Deguy, le Père Giles, Marie) et à l’Ukraine meurtrie. Autant de signes qui replacent l’être et le poète dans sa relation avec l’autre, jusqu’au cœur de la solitude et avec elle :

    « La solitude est déjà relation
    Sans relation il n’ay aurait guère de solitude
    Je crée mon monde, ma vie en solitaire
    Dans le regard de l’autre où qu’il soit… ». (in « L’arbre de vie »)

    Mais toujours le poète tisse ses poèmes avec la parole du Livre. À bas bruit.

    « Écoute et souviens-toi »

    Ou encore

    « Je t’ai vue, lumière !
    Tu étais là de toute éternité. »

    Un recueil de poèmes  qui se lit comme un murmure. Qui se vit comme une prière.

     

     

    ANGELE NB

     Angèle Paoli / D.R. Texte angèlepaoli

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    EMMANUEL   MOSES

    Emmanuel_moses_didier_pruvot_flammarion
    Ph. © Didier Pruvot/Flammarion
    Source

    ■ Emmanuel Moses
    sur Terres de femmes ▼

    → Quatuor (lecture d'AP)
    → [La pluie donne un soir inachevé](poème extrait de Dona)
    → La fleur « Shortia » (extrait de Polonaise)
    → Ivresse (lecture de Gérard Cartier)
    → [Derniers feux](extrait d’Ivresse)
    → [Aujourd’hui j’ai ouvert le journal de l’éternité](extrait de Dieu est à l’arrêt du tram)
    → [Je ferme les yeux](autre extrait de Dieu est à l’arrêt du tram)
    → [Je suis allée au puits](extrait de Comment trouver comment chercher)
    → [La mer, à peau de cétacé](extrait du Paradis aux acacias)
    → Tout le monde est tout le temps en voyage (lecture d’AP)
    → Tardives (poème extrait de Tout le monde est tout le temps en voyage)
    → [Mettre un éléphant dans un poème](extrait d’Un dernier verre à l’auberge)
    → [Le cahier vide et le cahier qui se remplit](extrait du Voyageur amoureux)