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JUSQU’À LA FIN
(extrait) Les rêves noyés au fond de tes yeux finissent par remonter dans le sel des larmes petits cadavres blanchis par les ans qui te réveillent la nuit quand tu voudrais dormir de tout ton sommeil il est trop tard pour les regrets trop tard pour rattraper le temps enfui les femmes qui ont habité ton nom tu les as quittées l’une après l’autre dans leurs robes démodées et te voilà maintenant nue devant le miroir te voilà visage vide, vaisseau fantôme ville sans patrie et tu souhaites écouter tranquille la mélodie du monde en laissant surgir des images qui ne te blessent plus tu cherches depuis peu à pratiquer la douceur comme une discipline de combat une charité à te faire à toi-même toi, la mendiante de minuscules bonheurs arrachés à la détresse tu dis bonheurs car tu ignores comment nommer les instants où ton cœur cesse de cogner contre tes côtes ces instants de grâce où une carapace te protège des cris que tu entends c’est tout près c’est partout et chaque jour […] Louise Dupré, « Poèmes contemporains », La Nouvelle Revue Française n° 641, NRF Gallimard, mars 2020, pp. 86-88.
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LOUISE DUPRÉ![]() Source ■ Louise Dupré sur Terres de femmes ▼ → [Comment écrire depuis le cœur qui souffre animal ?] (extrait de La Main hantée) ■ Voir aussi ▼ → (sur L’île, l’infocentre littéraire des écrivains québécois) une notice bio-bibliographique sur Louise Dupré |
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