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UN ÉCART DE CONSCIENCE, II
(extrait) J’ai bien peur que la sensation dont je voudrais te faire ressentir l’étrangeté m’ait fui et qu’il me faille me référer dès lors à mes seuls souvenirs pourtant je ne peux encore me résoudre à parler au passé. Sans doute convient-il de se trouver dans une disposition particulière un relâchement de la volonté un abandon de tout contrôle une attente sans attente sans conjecture ni désir pour que se produise l’imperceptible miracle. Le phénomène que je tente de cerner est si ténu que je ne sais même pas s’il existe vraiment pourtant j’en éprouve le vertige jusqu’aux tréfonds de mon être et c’est comme si en moi le nerf d’une perception autre se mettait à vibrer. Il ne s’agit nullement d’une quelconque hallucination la réalité reste telle qu’en elle-même mais il se produit en elle comme un suspens une intime discordance qui ouvre tout à coup une perspective infinie inattendue. Jean-Pierre Chambon, Un écart de conscience, II, éditions Le Réalgar, Collection l’Orpiment dirigée par Lionel Bourg, 42000 Saint-Étienne, 2019, pp. 34-35. Photographies de Christiane Sintès.
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