Terres de Femmes

Mois : août 2017


  • Christophe Manon | [Que reste-t-il des]




    [QUE RESTE-T-IL DES]




    Que reste-t-il des.          Amours qui n’ont pas su.       Durer que reste-t-il.      De ces émois dont nous fûmes.      Épris et qui n’ont plus.       Cours à présent sont-ils.           À jamais enfouis ou bien.      Laissent-ils dans le cœur.        D’infimes résidus dont le poison.   Très lentement nous tue.





    Rien n’est plus.      Incertain que le bruit que l’on. Fait lorsqu’on marche à tâtons dans.    L’obscurité et nos pas.         N’ont plus la ferme assurance du jour quand.         Ils avancent dans l’impermanence aussi.         Est-ce pourquoi souvent.         On chute sur les genoux mais toujours on demeure.         Fiers indéfectibles et dignes.         De cette dignité très désinvolte de ceux.         Qui vivent à plein régime.





    Nous ondoyons en plein.         Sous le soleil nous oublions nous chantons nous courrons après.     La belle aubaine le sang.         Danse dans les veines lentement la carne toutefois.         Se flétrit les yeux se perdent dans.         La nuit brute le sourire se corrompt fondent les.         Ultimes fibres puis la faux âcre enfin.         Nous saisit encore inaboutis tout.         Suants suffoquant malgré.         Notre valeureuse endurance et nous expédie illico à la.         Bourbe première.



    Christophe Manon, Jours redoutables, éditions Les Inaperçus, 2017, pp. 50-52-53. Photographies de Frédéric D. Oberland.






    Jours redoutables





    CHRISTOPHE MANON


    Christophe Manon




    ■ Christophe Manon
    sur Terres de femmes

    Au nord du futur (lecture d’AP)
    [Longue fut l’attente] (extrait d’Au nord du futur)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des éditions Les Inaperçus)
    la fiche de l’éditeur sur Jours redoutables






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  • Anne Teyssiéras | [Nos doutes étaient comme l’écume de la mer]




    [NOS DOUTES ÉTAIENT COMME L’ÉCUME DE LA MER]




    Nos doutes étaient comme l’écume sur la mer, répandue partout, étalée, allant et venant sur le sable gorgé de coquilles et de mousse.

    Notre anxiété était pareille à une nuée de criquets, si dense qu’elle voilait un moment le soleil et s’abattait dans un grand bruissement métallique sur les cultures et les jardins.

    Attachés aux jeux de la mort, la vague, la nuée, le vent tirant par les cheveux ce qui encombre son passage, renversant, entraînant, navrant, déracinant…

    L’un de nous intervenait : « Cessons de dire comment nous ressentons les choses, cela ne peut faire que les retourner. » L’une d’entre nous ajouta : « Écrire est dangereux. Les métaphores donnent de l’air mais font des trous dans la pensée. Il faut raccommoder les trous, colmater les brèches, combler les sillons pervers que font les images. En pure perte d’ailleurs. Nous n’échapperons pas à notre destinée. »



    Anne Teyssiéras, Un présent sans mémoire, 42, poèmes, Revue NUNC | Éditions de Corlevour, 2017, page 51.






    Anne Teyssiéras  Un présent sans mémoire 3





    ANNE TEYSSIÉRAS


    Anne Teyssiéras




    ■ Voir aussi ▼

    → (sur La Cause Littéraire)
    une notice bio-bibliographique sur Anne Teyssiéras
    → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une notice bio-bibliographique sur Anne Teyssiéras
    → (sur le site des éditions de Corlevour)
    la fiche de l’éditeur sur Un présent sans mémoire





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  • Lambert Schlechter | [trop de murs]




    [TROP DE MURS]






    Murs trop
    Ph. D.R. Raphaël Daniel
    Source







    trop de murs, trop de portes
    trop de tables, trop de chaises

    et toutes ces étagères, tous ces livres
    tous ces cahiers et tous ces papiers

    trop d’images, trop de mots
    trop de tout et pas assez de silence

    tombent les feuilles, passent les nuages
    et va le jour et vient la nuit

    que dirais-je encore qui ne serait pas de trop



    Lambert Schlechter, Milliards de manières de mourir, 99 Neuvains, IVe série, Éditions PHI, Collection Graphiti, 105, 2016, page 40.






    Lambert Schlechter  Milliard de manieres de mourir





    LAMBERT SCHLECHTER


    Lambert Schlechter 2
    Source




    ■ Lambert Schlechter
    sur Terres de femmes

    [liste des choses arrivées…] (extrait d’Agonie Patagonie)
    Inévitables bifurcations (note de lecture d’AP)
    3 mars 1994 | Lambert Schlechter | [cahier mou brouillon]
    [on ne sait plus où se réfugier] (extrait de L’Envers de tous les endroits)
    [J’ai deux fois l’âge maintenant] (extrait de Mais le merle n’a aucun message)
    [Je ne sais pas ce qu’elle devient] (extrait de Monsieur Pinget saisit le râteau et traverse le potager)
    4 décembre 2008 | Lambert Schlechter, Les Parasols de Jaurès
    [Sans agrafe ni trombone] (extrait d’Une mite sous la semelle du Titien)



    ■ Voir aussi ▼

    → (dans le dictionnaire des auteurs luxembourgeois du site du Centre national de littérature du Luxembourg)
    une fiche bio-bibliographique sur Lambert Schlechter
    Le Murmure du monde, le blog de Lambert Schlechter





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  • Claudine Bohi | [brouillard n’est pas absence]




    [BROUILLARD N’EST PAS ABSENCE]




    brouillard n’est pas absence
    mais totalité de présence

    dentelle sur la nuit
    voile sur le mystère

    paradoxe de la lumière

    d’une joie que l’on ne comprend pas





    comme si le temps
    était devenu espace

    non pas visible
    mais informant la vision

    ouvrant les signes

    à ce qui les fait naître





    partout cette chair intouchable

    partout cette lumière
    qui ne se montre pas

    et partout le brouillard

    cette épaule invisible
    qui nous protège





    cette joie cette folie
    cette certitude incertaine

    cette indécision du désir

    et ce mot qui fait signe
    qui boit tout le brouillard d’un coup

    qui le fait nôtre



    Claudine Bohi, Éloge du brouillard, Les Lieux-Dits éditions, Collection Jour & Nuit, Strasbourg, 2017, pp. 50-51-52-53.




    CLAUDINE BOHI


    Claudine Bohi 2
    Source




    ■ Claudine Bohi
    sur Terres de femmes


    Secret de la neige (poème extrait de L’Enfant de neige)
    Et cette fièvre qui demeure
    [Duels de lumière] (poème extrait de La plus mendiante)
    Le funambule sans son fil (poème extrait de Même pas)
    Mère la seule (lecture d’Isabelle Lévesque)
    [je laisse tomber le mot maman] (poème extrait de Mère la seule)
    L’invisible (poème extrait de Mettre au monde)
    Naître c’est longtemps (lecture d’AP)
    Naître c’est longtemps (lecture de Philippe Leuckx)
    Corps levé (poème extrait de Naître c’est longtemps)
    [L’eau son puits étrange] (poème extrait d’On serre les mots)
    [à force de mots sur la peau] (poème extrait de Parler c’est caresser un corps)
    [La raison sort toujours de l’irrationnel] (poème extrait de Rêver réel)
    Une lumière de terre (poème extrait d’Une saison de neige avec thé)
    Claudine Bohi | Philippe Bouret, Cet enfant sans mot qui te commence (lecture d’AP)
    Claudine Bohi | Olivier Gouéry [Voici donc le matin]
    → (dans l’anthologie Terres de femmes)
    si ce n’est pas trembler




    ■ Voir aussi ▼


    → (dans la poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une fiche bio-bibliographique sur Claudine Bohi





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  • 26 août 1995 | Paul Louis Rossi, Le Cahier rouge

    Éphéméride culturelle à rebours



    LE CAHIER ROUGE



    Samedi 26 août…


    Retour à Lipari, la plus grande des îles. Ce matin, nous sommes allés boire un café au comptoir, chez Subba, vers les six heures. Nous évoquions la mémoire de Sandro Pertini, exilé politique en 1928. Il y avait des nuages sur les collines, et plus tard le vent est venu brusquement du Nord-Ouest secouer les haubans et les drisses, comme s’il descendait en visite des montagnes vers la mer. C’était un vent profond, fort, calme et subtil. C’est la musique du vent. Il tourne autour des îles, et le matin vient chanter entre les mâtures. Il change de registre avec le temps. Le ciel restait sombre, on entendait la musique du vent. Chant profond.

    Puis nous sommes montés par les chemins jusqu’à la citadelle pour revoir le musée. La bouche des masques restait ouverte, devenue muette avec le jour, ayant interpellé les autres masques de la nuit, avec des rires et des questions. Ayant proféré des injures, des malédictions, des promesses de châtiments. Dionysos, le dieu du fracas, dieu du théâtre, était aussi celui qui introduisait ses fidèles dans l’au-delà. Les poteries et les masques de terre-cuite se déposaient dans les tombes.

    J’aurais voulu m’introduire la nuit dans le musée pour écouter la conversation des masques. Pour les observer en secret, espérant, je ne sais par quel miracle, que leurs visages, tout à coup, allaient s’animer. Qu’ils allaient vraiment se plaindre, Hécate et le jeune Hector, Œdipe et Jocaste, et le sévère roi de Thèbes, avec la bouche ouverte et le regard vide.

    Sur l’un des vases, je reconnus la silhouette des deux aigrettes garzettes que j’avais observées au mois de juin, au fond du golfe du Morbihan : petite mer, en face de l’îlot d’Er Lannic dans cette Bretagne que j’appelle l’Ouest surnaturel. Le soir, les deux aigrettes volaient lentement, comme des fantômes blancs, au-dessus des retenues d’eau. Comme les jeunes femmes qui soufflaient dans leurs miroirs, au fond du Musée de Lipari, qui brûlaient leurs ceintures sur l’autel d’Aphrodite, et qui se préparaient au voyage, avec leurs ailes blanches.



    Paul Louis Rossi, « X – Le Cahier rouge » in Visage des nuits, éditions Flammarion, Collection Poésie/Flammarion, 2005, pp. 185-186.





    Paul Louis Rossi  Visage des nuits





    PAUL LOUIS ROSSI


    Paul Louis Rossi
    Source





    ■ Paul Louis Rossi
    sur Terres de femmes

    Mémoire du temps (autre extrait de Visage des nuits)
    Le geste (extrait de L’Usure et le Temps)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site de la Mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une fiche bio-bibliographique sur Paul Louis Rossi





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  • Philippe Leuckx, D’obscures rumeurs

    par Angèle Paoli

    Philippe Leuckx, D’obscures rumeurs,
    Éditions Pétra, Collection Pierres écrites/L’Oiseau des runes
    dirigée par Jeanine Baude, 2017.



    Lecture d’Angèle Paoli



    « UNE LECTURE DU MONDE »




    Par-delà le paysage des rues et des champs qui dessine ses formes dans le dernier recueil de Philippe Leuckx, c’est tout un paysage sonore qui se déplace d’une section à l’autre de D’obscures rumeurs. Un paysage en demi-teintes, jamais totalement noyé par les chagrins ou par la nostalgie d’un temps qui n’est plus, temps de l’enfance désormais inaccessible.

    Pourtant, à l’annonce du titre, le lecteur pourrait s’attendre à de plus graves obscurités. Il n’en est rien, car tout se dit dans ces poèmes brefs avec une retenue qui baigne les gestes de jadis et le moindre relief dans une pénombre à peine mélancolique, « une lumière un peu assourdie » :

    « À peine un bruissement de cordes ».

    Des voix, des rumeurs imprécises bruissent dans la nuit, accompagnées parfois de la caresse de la pluie, effacement des berges et des rives au rythme de l’efflorescence des souvenirs. Quelquefois, au contraire, les rumeurs se font inquiétantes, qui « pèsent avec leur vrac d’ombres et l’éphémère tendu de ciel ». Mais rien qui s’appesantisse et vienne entraver durablement le « passant » pour qui « rien ne s’entreprend sans l’espoir d’y loger quelque amour, quelque solitude. »

    Lorsque se font plus vives les rumeurs de la rue et du monde ou les impatiences du cœur, le poète trouve dans la « douceur des vocables » — celle du « mot paix » — de quoi lutter contre la fureur des hommes, « contre le mur des balles ». Tant il est vrai que Philippe Leuckx est sensible à ce « peu » qui se loge dans les sonorités. Ainsi du poème intitulé « Gares » guidé par la profusion vibratile des [v] (labio-dentales voisées) :

    « Si vous voulez qu’une ville vive vite et veuille un

    peu de vous

    Vous fasse un peu de place

    Vous verse dans ses voix

    Vous irez de vous-même vous égarer dans ses gares

    Ses rumeurs »

    Ou ailleurs, par la profusion plus disséminée des syllabes grinçantes ou grognantes [GR] de « gré » / « gravats » / « gourmes » / « gares » / « égarés »…

    Agencement souple de sonorités qui agit comme une caresse — comme un baume — pour apaiser les plaies du monde. Le poète ouvre la voie, qui se « rempare » derrière la polysémie des mots. Ainsi berce-t-il « nos inquiètes présences ».

    Une vigilance sensible que le poète, dans sa générosité, offre en dédicace à ceux qui lui sont chers : Pour Maria, Pour Gaëtan, Pour Paolo/Pour Jean-Luc et Mo…

    De sorte que le poème, dans sa retenue discrète comme dans les souvenirs qui affleurent, devient don. Un don humble mais tangible qui permet du monde une « lecture » rassérénée et confiante.



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli





    Philippe Leuckx  D'obscures rumeurs





    PHILIPPE LEUCKX


    Vignette PHILIPPE LEUCKX
    Ph. Christelle Dossche




    ■ Philippe Leuckx
    sur Terres de femmes


    [Le soir](poème extrait de Ce long sillage du cœur)
    Ce long sillage du cœur (lecture d’AP)
    [Il reste au-dessus du jour quelque vœu d’enfance](poème extrait de D’obscures rumeurs)
    [Laisse la nuit s’éclairer sous tes yeux](poème extrait de Doigts tachés d’ombre)
    [On ose à peine la lumière](poème extrait de L’Effeuillement des choses vers les confins)
    [On a vécu sous le verre] (poème extrait de L’imparfait nous mène)
    [J’assume mes greniers d’enfance](poème extrait de Maisons habitées)
    Le Mendiant sans tain (extraits)
    Nuit close (extraits)
    Poèmes du chagrin (lecture d’AP)
    [Tu marches dans ta ville] (poème extrait de Poèmes du chagrin)
    Piéton de Rome, 13 (poème extrait de Rome rumeurs nomades)
    [Parfois il est bon de s’égarer](poème extrait des Ruelles montent vers la nuit)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions Petra)
    la fiche de l’éditeur sur D’obscures rumeurs





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  • Romain Fustier | [elle est elle]




    [ELLE EST ELLE]



    elle est elle / ton héroïne de chair
    que tu revois venant à ta rencontre
    sur le trottoir / allant sous les arbres
    de la contre-allée où son escalier

    donne / quinze ou seize ans plus tôt
    que tu combles tandis que tu repenses

    à ça/aux néons sur son visage

    qui éclaire le soir sur le boulevard /
    encore ta vie à distance / jeune fille
    qui sera ta jeune femme / ta vive
    de mouvement d’eau & de lumière

    pour traverser une fin de siècle morte
    & le début du suivant si moribond /

    ton amour ton amour dans la nuit



    Romain Fustier, Bois de peu de poids, hiver-printemps, partie 2, éditions LansKine, 2017, page 78.





    Romain Fustier
    Source




    ■ Romain Fustier
    sur Terres de femmes


    [chambre d’hôte]
    [la sensation de flotter sur la lagune] (extrait de Bois de peu de poids été-automne partie 1)
    [un petit air de printemps] (extrait de Jusqu’à très loin)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions LansKine)
    la fiche de l’éditeur sur Bois de peu de poids hiver-printemps de Romain Fustier
    → (dans la Poéthèque du site du Printemps des poètes)
    une notice bio-bibliographique sur Romain Fustier
    → (sur le site de la revue & des éditions Contre-allées)
    une notice bio-bibliographique sur Romain Fustier
    → (sur Terre à ciel)
    une page sur Romain Fustier





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  • Marie-Hélène Prouteau, La Ville aux maisons qui penchent

    par Angèle Paoli

    Marie-Hélène Prouteau, La Ville aux maisons qui penchent,
    Suites nantaises,

    éditions La Chambre d’échos, 2017.



    Lecture d’Angèle Paoli



    LE POINT DE LUMIÈRE QUI LIBÈRE L’ÉCRITURE




    S’approprier l’espace d’une ville nécessite un patient apprentissage. Cet apprivoisement progressif, Marie-Hélène Prouteau la Bretonne, venue enfant de sa Beauce d’adoption pour vivre à Nantes, le revit par l’écriture. Suites nantaises, La Ville aux maisons qui penchent offre un parcours poétique varié, drainé par le regard sensuel de l’écrivain, un regard aiguisé tout à la fois par la beauté changeante de la lumière de l’eau et par celle de la pierre. Par la magie de leur fusionnement. Mais aussi par les fantômes du passé que la lecture vagabonde à travers la ville éveille. Un univers qui apparie habilement une réflexion profonde à la rêverie flâneuse.

    On entre dans la ville par touches progressives. Couleur mouvement formes Histoire silhouettes. Mais de plain-pied d’emblée avec la couleur saisissante du blanc. « C’est une ville de pierres blanches ». Cette définition rythme par trois fois le chapitre introductif « Éveil ». En ouverture d’abord, dans l’épilogue enfin avec une précision d’importance : « C’est une ville de pierres blanches tranchées au fer ». Entre-deux, à mi-parcours, la phrase est complétée par l’expansion : « Cette couleur en majesté semble vêtir le cœur de Nantes d’une quiétude rare. » Ainsi la ville de Nantes marie-t-elle avec élégance et sérénité les contraires et les contradictions qui la caractérisent.

    Les phrases introductives de chaque début de chapitre sont la plupart du temps des phrases nominales dans lesquelles prédomine la question du lieu. Une sorte de sésame ouvre la voie à la réflexion de la promeneuse qui accompagne le lecteur dans sa déambulation vagabonde.

    « Une marche le long de la Loire, boulevard de Sarrebruck » / « Île de Nantes, les Anneaux de Buren » / « Hauteurs de la Butte Sainte-Anne »… D’autres fois, au contraire, les têtes de chapitres sont amorcées par une tournure impersonnelle ou par une formule plus générale, lesquelles laissent place à la surprise et à l’imprévu : « Il y a des jours où les dernières nouvelles semblent colportées par un diable ricanant de ses dents noires » / « Il arrive que la poésie descende dans la rue » / « L’envie vient soudain de rouvrir le livre 1945 de Michel Chaillou »…

    Quel que soit le paysage qui se déroule sous nos yeux, ce qui frappe sous la plume de Marie-Hélène Prouteau, c’est l’intemporalité de cet univers très particulier baigné par les eaux millénaires de la Loire. Le temps vécu ici est un hors-temps qui met à égalité toutes les distances et tous les âges. Passé et présent se côtoient se mêlent s’enchevêtrent, bercés par « le sentiment de l’eau » et les berges mouvantes du fleuve. Un mouvement continu de nuages d’oiseaux de roselières de fluctuantes ondulations de « palpitations de la marée » fait du temps nantais un temps qui échappe à toute préhension brutale et définitive. D’autant plus insaisissable le temps nantais que se télescopent deux temps antithétiques. Le temps de la Terre et le temps de l’Homme : « Le temps de la terre va lentement, tandis que le temps humain file comme un bolide », écrit la poète dans le très beau chapitre « Il y a des mers qui chantent en nous ». C’est sans doute que Nantes, définie comme « la princesse des mélanges », n’en finit pas de marier à loisir les éléments, air/terres/eaux, jonglant habilement avec les matériaux naturels – tuffeau, roseaux et sables — et les matériaux inventés par les hommes, imprimant au paysage des métamorphoses inattendues. Lesquelles suggèrent à l’écriture, de manière spontanée, des métaphores marines ou navales. Ainsi en est-il du pont Tabarly qui assume pleinement la magie du fusionnement mer/air/pierre :

    « Ce n’est pas un pont, c’est un bateau suspendu magiquement dans les airs. » Quant au promeneur-spectateur, le voilà embarqué, « voyageur en transit » dans une « croisière immobile ».

    Ponts passerelles phares tours, tout un ensemble de cables et de haubans, de constructions maritimes et de décors futuristes, contribuent à brouiller l’espace et d’un même trait à biffer les perspectives temporelles :

    « À cent vingt mètres de haut, le changement d’échelle comprime d’un coup l’espace et le temps ».

    De sorte qu’à « la verticale des eaux » surgissent d’un seul regard « les Anneaux de Buren, la statue de Louis XVI, les tramways, la Cité radieuse du Corbusier, le monument dédié aux Cinquante Otages, la Tour L.U. » Et derrière les constructions inventions créations, ce sont les hautes figures des hommes qui ébauchent leurs statures.

    Des noms font irruption au détour des quais des squares des jardins des chantiers, des chemins de halage, des contrées bordant l’estuaire. Certains connus d’autres moins ou connus des seuls Nantais. D’autres, encore, anonymes, esclaves sans visage autre que celui de l’extrême souffrance à laquelle ils furent livrés, enfermés dans les soutes des navires négriers ou jetés par-dessus bord. Toute la misère d’une époque remonte à la surface qui draine avec elle les malheurs qui rongent notre propre époque. Derrière les esclaves de jadis mangés par le scorbut et avalés par les vagues, les naufragés de Lampedusa « nous mettent face à nous-mêmes ». Implacable zeugma qui prolonge la passerelle entre hier et aujourd’hui et renouvelle ces « effroyables traversées en mer d’indifférence. » Une indifférence qui n’a cependant pas atteint le peintre William Turner dont la présence à Nantes en 1826 marque encore les esprits. Certaines toiles évoquées par Marie-Hélène Prouteau en sont le témoignage. Nantes, Chantiers Navals, vers 1826. Ou encore The Slave Ship. Lorsque, quelques années plus tard, il peint cette toile, Turner fait fusionner le port de Margate avec le souvenir qu’il a gardé du quai de la Fosse à Nantes : « Turner nous met au cœur d’un typhon, dans une vision d’enfer. Une apocalypse de formes et de couleurs », écrit Marie-Hélène Prouteau, ajoutant un peu plus loin : « Est-ce l’eau qui s’enflamme ou le ciel qui se noie ? » Le fusionnement des éléments — leur brouillage incessant — est déjà à l’œuvre sur la palette du grand peintre. Il semble interagir comme un fil conducteur qui guide partout interrogations et réflexions de la poète.

    Au fur et à mesure que s’écoule le temps de la lecture, nombre de fantômes « viennent à notre rencontre ». Des lieux et des hommes. Inscrits dans l’histoire de la « ville aux maisons qui penchent » ou venus d’ailleurs. Les Ducs de Bretagne, bien sûr, en leur Château qui accueille l’exposition « En guerres ». On y croise l’histoire de Marie-Anne Keravec dont l’historiographie mentionne qu’elle a perdu ses quatre fils au cours de la Grande Guerre. Marie-Hélène Prouteau s’attarde sur chacun avec un même regard, généreux et vigilant. Elle accorde une semblable importance ou un semblable intérêt au SDF et aux musiciens des rues sommés de disparaître ; aux hommes uniformément gris d’Isaac Cordal en leur installation prémonitoire, à Maximilien Siffait et à ses Folies, à Rodolphe Bresdin et à ses rêveries fantastiques. Aux enfances de Dostoïevski que font revivre les toiles d’Olga Boldyreff — « Promenade dans le monde étrange de Dostoïevski » — ou aux évocations, tristes, de Michel Chaillou, à partir de la relecture de 1945.

    « Il y avait ce chagrin, vieux de soixante ans, si palpable dans le grain de sa voix… », confie Marie-Hélène Prouteau avant de poursuivre sa quête vers d’autres rencontres. Celle notamment de l’éditeur nantais de La Part commune, « occupé », en ses déambulations, « à saisir l’esprit poète » ; ou celle de l’écrivain pragois Karel Pecka dont le livre — Passage — présent dans la devanture d’une librairie nantaise, draine avec lui les souvenirs d’un voyage de 1984 en même temps que ceux d’une époque marquée par la « camisole du quotidien totalitaire ».

    Observatrice attentive de la misère des hommes ainsi que de leurs multiples talents, la poète ne cesse d’interroger ce que nous sommes et où vont nos désirs. Les pages de La Ville aux maisons qui penchent convoquent les fantômes, ceux qui nous accompagnent, où que nous soyons. Pour peu que nous leur accordions quelque attention, ils s’en viennent à nous. La sensibilité de Marie-Hélène Prouteau les éveille autant qu’elle éveille nos consciences endormies.



    Angèle Paoli
    D.R. Texte angèlepaoli






    Marie-Hélène Prouteau  La Ville aux maisons qui penchent  Suites nantaises







    MARIE-HÉLÈNE PROUTEAU


    Marie-helene-prouteau
    Source




    ■ Marie-Hélène Prouteau
    sur Terres de femmes


    Le cœur est une place forte (lecture d’AP)
    L’Enfant des vagues (lecture d’AP)
    La Petite Plage (lecture d’AP)
    Nostalgie blanche. Livre d’artiste avec Michel Remaud
    Voir Pont-Aven (extrait de Madeleine Bernard, La Songeuse de l’invisible)
    [Monde des limbes pris dans les houles] (extrait de La Vibration du monde)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site des éditions La Chambre d’échos)
    la fiche de l’éditeur sur La Ville aux maisons qui penchent
    → (sur La Pierre et le Sel)
    La Ville aux maisons qui penchent (lecture de Pierre Kobel)
    → (sur le site de la mél, Maison des écrivains et de la littérature)
    une fiche bio-bibliographique sur Marie-Hélène Prouteau




    ■ Chroniques et lectures (26) de Marie-Hélène Prouteau
    sur Terres de femmes


    Chambre d’enfant gris tristesse
    La croisière immobile
    Anne Bihan, Ton ventre est l’océan
    Jean-Claude Caër, Alaska
    Jean-Louis Coatrieux, Alejo Carpentier, De la Bretagne à Cuba
    Marie-Josée Christien, Affolement du sang
    Guénane, Atacama
    Luce Guilbaud ou la traversée de l’intime
    Denis Heudré, sèmes semés
    Jacques Josse, Liscorno
    Martine-Gabrielle Konorski, Instant de Terres
    Ève de Laudec & Bruno Toffano, Ainsi font…
    Jean-François Mathé, Prendre et perdre
    Philippe Mathy, l’ombre portée de la mélancolie
    Monsieur Mandela, Poèmes réunis par Paul Dakeyo
    Daniel Morvan, Lucia Antonia, funambule
    Daniel Morvan, L’Orgue du Sonnenberg
    Yves Namur, Les Lèvres et la Soif
    Jacqueline Saint-Jean ou l’aventure d’être au monde en poésie
    Dominique Sampiero, Chante-perce
    Dominique Sampiero, Où vont les robes la nuit
    Ronny Someck, Le Piano ardent
    Pierre Tanguy, Ma fille au ventre rond
    Pierre Tanguy, Michel Remaud, Ici même





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  • Bernard Perroy | Nuit du proche et du lointain




    Rachid Koraïchi
    Encre de Rachid Koraïchi
    in Bernard Perroy, Je n’ai d’autre désir, page 37.








    NUIT DU PROCHE ET DU LOINTAIN
    (extrait)







    Nuit de palmes, encore,

    nuit de mains tendues
    vers le ciel étoilé,

    nuit prête à nous attirer
    vers tout ce qui dure

    qu’enlumine
    ou brouille

    tout ce qui passe…





    Nuit du proche
    et du lointain,

    quand le matin approche
    et que l’on ose

    ouvrir ses lèvres
    pour un premier sourire.





    Nuit du vent chaud
    sur nos tempes,

    nuit douce
    et pourtant

    elle enfante
    l’inquiétude première

    de tous les hommes
    à laquelle je joins

    mon cri.





    […]



    Bernard Perroy, « I – Nuit du proche et du lointain » in Je n’ai d’autre désir, éditions Al Manar | Alain Gorius, 2017, pp. 10-12-15. Encres de Rachid Koraïchi.






    Bernard Perroy





    BERNARD PERROY


    Bernard Perroy
    Source




    ■ Bernard Perroy
    sur Terres de femmes

    [Tu marches] (extrait de Cœur à cœur)
    Bernard Perroy & Cédric Merland | [Je m’émerveille du feu]




    ■ Voir aussi ▼

    le site de Bernard Perroy
    le site de Rachid Koraïchi





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  • Jean-Louis Coatrieux, Alejo Carpentier, De la Bretagne à Cuba

    par Marie-Hélène Prouteau

    Jean-Louis Coatrieux, Alejo Carpentier,
    De la Bretagne à Cuba,

    Éditions Apogée, 2017.



    Lecture de Marie-Hélène Prouteau



    Dès les premières pages de ce livre sur Alejo Carpentier, l’on ressent chez Jean-Louis Coatrieux une fascination humaine et littéraire pour cet immense écrivain de la littérature du XXe siècle. À l’évidence, des liens très anciens, profonds, se sont noués avec la figure admirée qu’il appelle « ce diable d’homme ». Dans ce livre, lecture et écriture se trouvent placées sous le signe de l’aventure et du hasard. Années 1970, au Venezuela, Jean-Louis Coatrieux découvre le livre d’Alejo Carpentier, Los Pasos perdidos (Le Partage des eaux) et apprend, dans des entretiens, son ascendance bretonne. Magie de la trouvaille et de la rencontre langagières. C’est de ce point que la pensée a pris sa perspective jusqu’à aboutir à ce livre qui, le premier en France, expose les liens depuis cinq générations d’Alejo Carpentier avec la Bretagne.

    D’autres jalons viendront, la découverte, grâce à Marta Rojas, écrivaine cubaine, de la mala perdida contenant des lettres et des notes d’amis d’Alejo Carpentier. Par son ami poète Jean Pierre Nedelec, l’auteur entend parler de l’arrière-petite cousine de l’écrivain qui a mis à sa disposition documents et photos personnels. À ces deux femmes, le livre est dédié. Livre-enquête, livre-quête, tel est l’objet, telle est sa réussite. Tous ces éléments de la saga familiale se sont tissés comme en rhizomes, par la grâce aussi d’amis littéraires et scientifiques qu’il remercie en fin de livre – n’oublions pas que l’auteur est un chercheur renommé en imagerie médicale.

    D’emblée le lecteur est averti : ce livre ne donne pas dans le genre statufié de la biographie ou de l’essai achevé sur le monde baroque de l’écrivain. Mais comment écrire sur Alejo Carpentier, le romancier du continent-histoire dont l’œuvre réunit Indiens, Espagnols, peuple noir ? L’inventeur du « réalisme merveilleux ». On ne peut que se sentir tout petit. Jean-Louis Coatrieux a choisi l’œuvre ouverte, ambivalente, hors des catégories convenues. Il brouille les compartiments des genres. Est-ce une « chronique-fiction » ? Oui, mais de celles où souffle un air revivifiant : « [I]l y a là des marins de haute mer, des artistes, des noms célèbres comme des noms d’inconnus », écrit-il. Ainsi Robert Desnos, l’ami d’Alejo Carpentier, côtoie-t-il en ces pages un grand-oncle breton Georges, abonné au journal Breizh Atao. Le peintre mexicain Diego de Rivera croise dans ce livre l’ancêtre, le commandant Lucas héros de Trafalgar, parti de Brest avec La Fayette. Et que dire du lieu de naissance de l’écrivain que celui-ci a toujours indiqué comme étant Cuba alors qu’il est né à Lausanne ? Et de cette mère russe qui se fait appeler Catalina Valmont alors que son nom est Blagoobrasoff ? Le lecteur est happé dans le flux de ces chapitres foisonnants dont les titres ont une saveur authentiquement romanesque, « Oyapock », « Toutouche », « El buque », « La Bretagne », « La mala perdida », « Eva, Lilia, Machila ».

    Voici donc un livre minutieusement documenté, en particulier sur cette ascendance bretonne par un arrière-grand-père, Augustin Carpentier, parti de France explorer le fleuve Oyapock et appartenant à une famille de grands marins bretons, comme sur d’autres figures, tel le docteur Paul Carpentier, personnalité connue à Hennebont et cousin d’Alejo.

    Une construction très maîtrisée se cache sous une apparence faussement désinvolte : « Pourquoi ne pas prendre au mot [Alejo Carpentier] et écrire à sa place quelques moments perdus de son enfance ? ». N’est-ce pas rester fidèle à cet écrivain si doué dans l’art de mélanger le réel à l’imaginaire que de se jouer de ses masques, de ses travestissements, de ses silences ? Jean-Louis Coatrieux passe ainsi à plusieurs reprises de la chronique détaillée à la fiction : « J’imaginais dès lors son histoire ». L’italique intercalé dans les pages de ce livre est alors ce qui porte trace de ce passage à l’imaginaire.

    Le charme de ce livre, c’est précisément cette écriture syncopée entre des pages de documentaire et l’envol dans l’imaginaire. Il y a là un étonnant jeu de miroirs. Sous l’archive avérée, photos, fac-similés, reproductions de tableaux, lettres, il s’agit d’écrire une autre histoire, imaginée. Celle, par exemple, de l’enfance puis de l’adolescence dans la pauvreté, après la fuite du père : à côté des photos d’époque, Jean-Louis Coatrieux, en prise directe avec les émotions du personnage, invente un magnifique moment familial à la Casa Maloja. Par empathie, il se fait romancier d’une vie vécue.

    Puis, nouveau tempo, le livre revient à l’archive documentaire. Comme dans l’épisode de la grand-mère à peine mariée à un nobliau, et bientôt veuve, qui se trouve mêlée à un scandale pour outrage aux bonnes mœurs avec un curé dans le train de Landerneau-Brest. Ce dédoublement qui est au cœur même du livre est une vraie réussite. Il lui donne véritablement un rythme propre, imprévisible. Au lecteur de faire la moitié du chemin, de se laisser prendre dans cette écriture oblique où le narrateur se situe tantôt en lisière, tantôt en toute visibilité.

    Finalement, c’est un portrait en diagonale d’Alejo Carpentier que dessine Jean-Louis Coatrieux. Avec l’évocation des ancêtres bretons d’une lignée fortement conservatrice aux antipodes de ses convictions révolutionnaires, avec l’importance de la musique, l’apport de l’imaginaire européen, celui de l’Espagne et de Cervantès, c’est un univers mental et affectif incontestablement pluriel qui est décrit. Inséparable de ce tissage de rencontres artistiques avant-gardistes qui furent l’élément nourricier pour le grand écrivain sud-américain. Ainsi trouve-t-on ce fac-similé du « Manifesto minorista » de 1923 qui lui valut d’être arrêté à Cuba, alors sous la dictature de Machado y Morales. La rencontre avec Robert Desnos au Congrès de la « Prensa latina » à La Havane qui sera ensuite l’occasion pour l’écrivain de vivre dans le Paris artiste en ces années 1930 et de fréquenter Matisse, Marcel Duchamp, Tristan Tzara, Paul Éluard, Raymond Queneau, Pablo Picasso et d’autres. Alejo Carpentier, « chroniqueur prolifique », comme le montre Jean-Louis Coatrieux, dirigera des émissions avec Robert Desnos à Radio-Luxembourg. Les femmes qui ont compté dans la vie de l’écrivain sont aussi évoquées, leurs relations étant souvent liées à l’art et à la culture. Au bout du compte, ce sont les multiples facettes d’une figure à l’« énergie débordante, contagieuse » qui sont révélées ici.

    Tout se passe comme si l’histoire peu commune d’Alejo Carpentier « de la Bretagne à Cuba » habitait Jean-Louis Coatrieux, lui offrait un accès à sa propre authenticité. Dans ce jeu de va-et-vient entre l’autre et soi, n’est-ce pas la liberté grande d’une sensibilité en quête d’élucidation qui se joue ici ?



    Marie-Hélène Prouteau
    D.R. Texte Marie-Hélène Prouteau
    pour Terres de femmes
    Hopala, juin 2017.






    Jean-Louis Coatrieux  Alejo Carpentier




    ALEJO CARPENTIER


    Alejo Carpentier
    Source




    ■ Alejo Carpentier
    sur Terres de femmes


    26 octobre 1685 | Naissance de Domenico Scarlatti (extrait de Concert baroque d’Alejo Carpentier)
    7 juillet 1798 | Alejo Carpentier, Le Siècle des Lumières




    ■ Autres chroniques et lectures (25) de Marie-Hélène Prouteau
    sur Terres de femmes


    Chambre d’enfant gris tristesse
    La croisière immobile
    Anne Bihan, Ton ventre est l’océan
    Jean-Claude Caër, Alaska
    Marie-Josée Christien, Affolement du sang
    Yves Elléouët, Dans un pays de lointaine mémoire
    Guénane, Atacama
    Luce Guilbaud ou la traversée de l’intime
    Cécile Guivarch, mots et mémoire en double
    Denis Heudré, sèmes semés
    Jacques Josse, Liscorno
    Martine-Gabrielle Konorski, Instant de Terres
    Ève de Laudec & Bruno Toffano, Ainsi font…
    Jean-François Mathé, Prendre et perdre
    Philippe Mathy, l’ombre portée de la mélancolie
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    Daniel Morvan, Lucia Antonia, funambule
    Daniel Morvan, L’Orgue du Sonnenberg
    Yves Namur, Les Lèvres et la Soif
    Jacqueline Saint-Jean ou l’aventure d’être au monde en poésie
    Dominique Sampiero, Chante-perce
    Dominique Sampiero, Où vont les robes la nuit
    Ronny Someck, Le Piano ardent
    Pierre Tanguy, Ma fille au ventre rond
    Pierre Tanguy, Michel Remaud, Ici même





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