Terres de Femmes

Mois : janvier 2013


  • Louise Warren, Tricots





    A  MONTREAL
    Ph., G.AdC







    TRICOTS




    c’est très court une maille
    ça n’appartient pas à la nuit

    l’air glisse à l’envers

    un jardin sur les genoux
    calme à l’endroit
    la maille dans le jour





    une averse tombe
    une fatigue s’épuise
    vaste et légère
    près du cœur





    tout est muet
    dans la bouche
    le jour se vide
    creuse un trou

    on recommence plus serré





    prendre la mesure de l’air
    un apaisement
    entre les arbres et les semaines
    les inquiétudes, les manches défaites





    sans fin la chaleur
    les vitesses, les variations

    ce qui va dessus
    dessous
    ce qui veille




    Louise Warren, Tricots in Anthologie du présent, poésie, suivi de Le Premier Lecteur, une conversation avec André Lamarre, Les Éditions du passage, Montréal, 2012, pp. 53-54-55-56-57.








    LOUISE WARREN


    Louise Warren
    Ph. Richard Gravel, 2006
    Source




    ■ Louise Warren
    sur Terres de femmes

    Apparitions
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le Portrait de Louise Warren + [Chaque lac a ses secrets] (extrait d’Anthologie du présent)



    ■ Voir aussi ▼

    le site personnel de Louise Warren
    → (sur le site des éditions L’Hexagone)
    une fiche bio-bibliographique sur Louise Warren
    → (sur remue.net)
    Louise Warren / September song
    → (sur remue.net)
    Bleu inédit © Louise Warren
    → (sur le site de L’ÎLE, Centre de documentation virtuel sur la littérature québécoise)
    une notice bio-bibliographique sur Louise Warren





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  • Christian Prigent | La Vie moderne

    par Tristan Hordé

    Christian Prigent, La Vie moderne, P.O.L, 2012.


    Lecture de Tristan Hordé


    CUT UP - Je suis toujours parti des documents (écrits ou images).
    Image, G.AdC







    UNE REPRÉSENTATION DE LA SOCIÉTÉ




    La Vie moderne, ce sont dix séquences titrées — la société, la politique, la santé, l’amour, le sport, les sciences, la gastronomie, nature et climat, la mode, la culture —, chacune contenant des poèmes (cinq pour la politique, dix-sept pour la culture) de trois quatrains de onze syllabes. Le livre s’ouvre sur un extrait de la quatrième satire de Juvénal (celle qui rapporte l’anecdote du turbot monstrueux offert à César), qui annonce fermement la véracité de ce qui suivra, annonce reprise dans le poème donné en avant dire : « Calliope, assis ! vazy ! hop ! pas de bel / Canto sur la lyre : ici c’est du réel ». Après la dernière séquence, un « Portrait de fin » est précédé d’une citation de Blaise Cendrars : « Et le soleil t’apporte le beau corps d’aujourd’hui / Dans les coupures de journaux / Ces langes », qui suggèrent ce qu’est le matériau de La Vie moderne, ce que confirme la quatrième de couverture : les thèmes retenus, et le vocabulaire pour une bonne partie, sont empruntés aux rubriques des journaux, « chacune recomposée en vers satiriques […] pour dire, bouffonnement, une stupéfaction un peu effrayée. »

    Comment utiliser ce matériau ? Christian Prigent s’est expliqué autrefois sur sa pratique du « cut up » 1 et il y revient dans L’archive e(s)t l’œuvre e(s)t l’archive ; pour ne pas tout citer de cet essai 2, je retiens la description des étapes de la construction d’un livre :


    Je suis toujours parti des documents (écrits ou images). Ensuite : extraction des documents de leur contexte [ici, journaux] ; insertion dans un autre contexte (le texte en cours) ; articulation à une composition d’ensemble ; et, la plupart du temps, transformation par diverses manipulations rhétoriques, descriptions décalées, commentaires méta-techniques, déplacements homophoniques, etc.


    C’est ce qui est mis en œuvre dans La Vie moderne, qui présente un tableau sombre de la société d’aujourd’hui, attachée à des riens, auto-destructrice, ouverte à la sottise, satisfaite d’elle-même ; entendons ce qui est écrit : la société n’est pas que cela, mais l’infantilisme s’étale et c’est ce que Christian Prigent saisit : au lecteur de réfléchir sur des causes. Son propos n’est pas d’un sociologue et il utilise d’autres techniques, comme je l’ai rappelé en le citant. Ses matériaux, ce sont les articles de journaux dont il extrait en particulier le vocabulaire : il est impossible de lire la presse sans y trouver quantité de mots anglais ; rien de nouveau depuis le Parlez-vous franglais d’Étiemble publié en 1964, si ce n’est que tous les domaines sont touchés et, surtout, que la distinction exige l’emploi de l’anglais pour parler d’actes communs de la vie quotidienne et de ce qui concerne le corps et ses gestes. Il y a, souvent, drôlerie par l’accumulation — ainsi, titré (pour vos étrennes) : « For Booz : amazing increase in thickness / of his penis (pin) up to 30 with our / Miracle pills [etc] » —, mais en même temps mise en scène avec une portée politique de ce qu’est un mode de vie ; cet aspect est d’autant plus net que l’emprunt à l’anglais renvoie aussi à des pratiques qui se répandent depuis peu, par exemple celle qui fait l’objet d’un poème titré (bedazzle your vagina) — pratique décrite sur internet.

    Les seuls relevés du vocabulaire (qu’il ne s’agit pas de multiplier, comme l’avait fait Étiemble pour « défendre » le français) ne suffiraient pas pour faire entendre la bouffonnerie des discours dominants dans la presse. L’essentiel est à mes yeux dans le travail du vers : on y reconnaît vite une « virtuosité pince-sans-rire » 3, analogue à celle des Grands Rhétoriqueurs. Les vers sont des hendécasyllabes, mais cela n’empêche pas que deux, dans un poème, soient des décasyllabes et, clin d’œil, quand un vers d’un quatrain est un alexandrin, un autre, qui rime ou non avec lui, n’a que dix syllabes : le compte est bon. Relevons encore que les possibilités d’alternance de rimes dans les trois quatrains de chaque poème sont systématiquement explorées ; par exemple, aabb-abba-abab (page 55), aabb-abab-aabb (page 56), aaaa-abba-abba (page 57), abab-abba-abab (page 58), etc. À partir de ce cadre strict, appartenant à la poésie classique (que Prigent n’a jamais rejetée) — même les majuscules en début de vers, signe du poétique, sont respectées —, le vers est réinventé.

    Compter les syllabes, pratique rigoureuse, n’exclut pas les jeux possibles (comme on parle du jeu de deux pièces) : « etc. » vaut pour une syllabe, le signe « = » pour deux, « ADN » pour une, mais « Pvc » pour trois et « 50% » pour cinq — et « Li/1 » se lit bien « lien » et « Q » « cul ». Si cela est nécessaire, une diérèse, indiquée par un tiret au lecteur, est introduite dans un mot pour gagner une syllabe (« la pertubati—on  ») ou une des anciennes licences permet de ne pas dépasser le nombre de 11 (« Ô pro de l’excellence excite encor moi »), de même que l’élision (« en-dsous »). Se lisent des rimes riches « vidéoscope a / télescopa »), d’autres cocasses (« aux zones / ozone »), des quatrains monorimes (« va / déplora / à pas sa / desiderata ») et des rimes avec inversion phonétique (« or » rimant avec « pro »). Dans beaucoup de quatrains, le mot à la rime enjambe sur le vers suivant, ce qui ne nuit pas à l’autonomie du vers, même si certaines coupes rendent — ce qui est évidemment volontaire — la prononciation ardue :


    ou / Trageusement épurée quasi même u
             Niverselle. Et si mère allaiteuse ou né
             E génétiquement […]


    Beaucoup ont une fonction critique ; un exemple : dans le premier poème « (on mange quoi demain ?) » de la séquence « la gastronomie », la rime « ca / ca » exprime nettement ce qu’il en est de la cuisine proposée — on en relèvera quantité d’analogues. Le mot coupé à la rime, en écho à un mot du vers, exprime un jugement sur ce qui vient d’être dit ; ainsi dans « (journée des femmes) » :


    « Aux femmes faudrait leur lâcher la grappe » ou
    « Lui couper les choses à ce con » c’est con
    Tradictoire au plan physiologique non ?


    L’action critique s’exerce par la néologie (cf. l’ironique « hormon mâle »), par formation de mots valises comme « emberlifricotées », « gesticulaction », « youtubiquité », etc. ; elle passe aussi très souvent par le caractère jubilatoire des répétitions sonores ; parmi d’autres, ce vers avec une allusion à La Fontaine, « Dans ces moments maman heureux amants vous », ou cette première strophe de « (une fille pop) » dans la séquence « l’amour » :


    Flic floc c’est tip top la fille pop en botte
    Qui flippe hic & nunc en spot splash sous la flotte
    Mais va surtout pas t’y flotcher les crocs ! stop !
    C’est pas ton lopin ! Pas d’galop ! Gare au flop !


    D’autres procédés sont mis en œuvre, les poèmes accueillant aussi bien le verlan (« à donf ») et l’anglicisme familier (« dope ») que le moyen français (« emmi », « ire »), des formes graphiques chères à Queneau (« xa », « steu ») ou qui évoquent des prononciations dites populaires avec accentuation du [e] en fin de mot (« ça dou / Bleu »), des formules propres à la ballade (« Prince si… »), etc. Bref, c’est toute la langue qui est en émoi, et pour que les emprunts à l’anglais apparaissent dans leur pauvreté, Christian Prigent introduit dans La Vie moderne des fragments de latin — souvent ; reprenant même pour titre du premier poème, dans la séquence « la santé », la formule de Descartes, « larvatus prodeo » —, d’allemand, d’italien, d’espagnol — citant alors Thérèse d’Avila.

    Le discours critique se construit aussi à partir d’un prélèvement de matériaux qui, sortis de leur contexte (la petite annonce) et légèrement modifiés, deviennent une charge : comment entendre ce qu’est l’amour quand on lit ceci :


    Moi debout costume anthracite vous as
    Sise et féline oh ce sourire si as
    Sassin sans retenue sur 3 w

    Vudans le métro point com on se télé

    Phone ?


    Dans certains cas, la satire passe simplement par le descriptif de ce qu’annonce le titre du poème ; ainsi pour (Auschwitz Tour), dans la séquence consacrée à la culture, les quelques éléments retenus suffisent pour dire ce qu’est la marchandisation de l’horreur 4. C’est encore « le monde vrai » que celui de « wiki cul / Ture » ou celui de la proposition d’élevage dans chaque foyer d’un porc — « et chacun son azote ». On lira dans la même séquence sur la gastronomie, sous le titre ironique (hippisme, histoire & gastronomie), un rappel de ce qu’est Poutine :


    ça / Vous ravigote l’idéologie : mords
    Poutine en treillis torse à poil sur roncin
    Sibérien car c’est du steak de russe mort
    Sous sa selle ou hachis tchétchène au cumin.


    Ces quelques exemples pour montrer que Christian Prigent, comme dans ses précédents livres, appelle un chat un chat et poursuit le lent travail pour transformer les représentations qui nous sont proposées, ici dans la presse. On pourra trouver que ses vers se rapprochent souvent de vers de mirliton : on a reproché la même chose à Queneau… Ils sont d’une grande efficacité pour dire dans la parodie quelque chose des ruines d’une société dominée par « le marché ».



    Tristan Hordé
    D.R. Texte Tristan Hordé
    pour Terres de femmes




    ___________________________
    1 Parmi d’autres essais, on lira « Morale du cut-up » dans Une erreur de la nature, P.O.L, 1996.
    2 L’archive e(s)t l’œuvre e(s)t l’archive, « Le lieu de l’archive », Supplément à la Lettre de l’IMEC, 2012. Cet essai a été écrit par Christian Prigent à l’occasion du dépôt de ses archives à l’IMEC.
    3 Christian Prigent, Une erreur de la nature, op. cit., page 10.
    4 La critique de Christian Prigent, condensée en douze vers, a une force analogue à la page sur le même sujet, « Le tourisme à Auschwitz », de Georges Didi-Huberman dans Écorces (éditions de Minuit, 2011).





    CHRISTIAN PRIGENT


    Christian Prigent. NB
    Source



    ■ Christian Prigent
    sur Terres de femmes

    Il particolare | « cahier Christian Prigent » (note de lecture de Tristan Hordé)



    ■ Voir | écouter aussi ▼

    → (sur le site de la mél [Maison des écrivains et de la littérature)]
    une fiche bio-bibliographique sur Christian Prigent
    → (sur Recours au poème)
    Rencontre avec Christian Prigent (propos recueillis par Frédéric Aribit au lendemain de la publication de La Vie moderne)
    → (sur le site de France Culture)
    « La poésie, pour quoi faire » (séminaire de la mél : Pierre Vilar et Benoît Conort reçoivent Christian Prigent. Enregistrement du 17 novembre 2010)





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  • Vélimir Khlebnikov | [Une vieille et sauvage chiffe de cheveux]





    1921
    Source







    [UNE VIEILLE ET SAUVAGE CHIFFE DE CHEVEUX]




    Une vieille et sauvage chiffe de cheveux,
    Un champ noir labouré — son front.
    Des souches brûlées dans une tourbière — ses lèvres,
    Des mamelles de chèvre farouche — sa barbe,
    Une corde d’amarrage — sa moustache,
    La Fille des Neiges avec un balai noir — ses dents,
    Et pareils à des trous dans une couverture usée
    Ses yeux emplis de nuits sans sommeils.

    1921



    Vélimir Khlebnikov, Poèmes in Europe, Revue littéraire mensuelle, octobre 2010, page 199. Traduit du russe par Yvan Mignot.






    Vélimir Khlebnikov. Europe







    VÉLIMIR KHLEBNIKOV


    Vélimir Khlebnikov
    Source



    ■ Voir aussi ▼

    le site The World of Velimir Khlebnikov





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  • Mariangela Gualtieri |
    [Per tutte le costole bastonate e rotte]

    « Poésie d’un jour »


    choisie par Marie Fabre





    Mariangela Gualtieri par Dino Ignani (1)
    Source







    [PER TUTTE LE COSTOLE BASTONATE E ROTTE]



    Per tutte le costole bastonate e rotte.
    Per ogni animale sbalzato dal suo nido
    e infranto nel suo meccanismo d’amore.
    Per tutte le seti che non furono saziate
    fino alle labbra spaccate alla caduta
    e all’abbaglio. Per i miei fratelli
    nelle tane. E le mie sorelle
    nelle reti e nelle tele e nelle
    sprigionate fiamme e nelle capanne
    e rinchiuse e martoriate. Per le bambine
    mie strappate. E le perle nel fondale
    marino. Per l’inverno che mi piace
    e l’urlo della ragazza
    quel suo tentare la fuga invano.

    Per tutto questo conoscere e amare
    eccomi. Per tutto penetrare e accogliere
    eccomi. Per ondeggiare col tutto
    e forse cadere eccomi
    che ognuno dei semi inghiottiti
    si farà in me fiore
    fino al capogiro del frutto lo giuro.

    Che qualunque dolore verrà
    puntualmente cantato, e poi anche
    quella leggerezza di certe
    ore, di certe mani delicate, tutto sarà
    guardato mirabilmente
    ascoltata ogni onda di suono, penetrato
    nelle sue venature ogni canto ogni pianto
    lo giuro adesso che tutto è
    impregnato di spazio siderale.
    Anche in questa brutta città appare chiaro
    sopra i rumorisissimi bar
    lo spettro luminoso della gioia.
    Questo lo giuro.


    Mariangela Gualtieri, Bestia di gioia, Einaudi, collana Collezione di poesia, 2010, pp. 7-8.







    [POUR TOUTES LES CÔTES MATRAQUÉES ET BRISÉES]




    Pour toutes les côtes matraquées et brisées.
    Pour chaque animal jeté de son nid
    et broyé dans son mécanisme d’amour.
    Pour toutes les soifs qui n’ont pas été étanchées
    jusqu’aux lèvres fendues jusqu’à la chute
    et à la cécité. Pour mes frères
    dans leurs tanières. Et mes sœurs
    dans les filets dans les toiles dans les
    flammes déchaînées dans les cabanes
    et enfermées et torturées. Pour mes petites filles
    arrachées. Et pour les perles dans les fonds
    marins. Pour l’hiver que j’aime
    et le hurlement de la jeune fille
    quand elle tente en vain de s’enfuir.

    Pour tout connaître de cela et l’aimer
    me voici. Pour tout pénétrer et accueillir
    me voici. Pour ondoyer avec le tout
    et peut-être tomber me voici
    Chacun des noyaux avalés
    en moi deviendra fleur
    jusqu’au tournis du fruit cela je le jure.

    Chaque douleur sera
    ponctuellement chantée, et puis aussi
    la légèreté de certaines
    heures, de certaines mains délicates, tout sera
    admirablement regardé
    écoutée chaque onde sonore, pénétré
    dans ses nervures chaque chant chaque pleur
    tout cela je le jure maintenant que tout est
    imprégné d’espace sidéral.
    Même dans la laideur de cette ville apparaît limpide
    au-dessus des bars trop bruyants
    le spectre éclatant de la joie.
    Cela je le jure.


    Traduction inédite de Marie Fabre
    D.R. Texte Marie Fabre
    pour Terres de femmes




    ______________________________________
    NOTE de MARIE FABRE : en 1983, Mariangela Gualtieri a fondé avec Cesare Ronconi à Cesena le Teatro Valdoca, dont elle est la dramaturge. Sa production théâtrale s’est enrichie dans les années 2000 d’une activité poétique, accompagnée de lectures et de performances. Son écriture est marquée par une recherche formelle qui donne toute sa place à la musicalité du vers – on y décèle notamment une influence importante d’Amelia Rosselli. Parmi ses dernières publications : les recueils Senza polvere senza peso (2006), Bestia di gioia (2010) et la pièce Caino (2011), publiés tous trois chez Einaudi.


    NOTE d’AP : ancienne élève de l’École normale supérieure (Lettres et Sciences humaines), Marie Fabre est agrégée d’italien. Après un « master 2 » à l’université de Bologne sur Italo Calvino et Elio Vittorini, elle a soutenu en décembre 2012 (sous la direction de Christophe Mileschi, à l’Université Stendhal – Grenoble 3) une thèse de doctorat sur les rapports entre utopie et littérature chez ces mêmes auteurs. Depuis 2013, Marie Fabre est maître de conférences en études italiennes à l’ENS de Lyon. Marie Fabre a aussi récemment participé à un dossier “Amelia Rosselli” pour la revue littéraire Europe (n° 996 | avril 2012) [pp. 216-223] et traduit en français l’intégralité des Variazioni Belliche d’Amelia Rosselli (Ypsilon, 2012).






    MARIANGELA GUALTIERI


    Gualtieri
    Source



    ■ Mariangela Gualtieri
    sur Terres de femmes

    Caino | Prologo
    Giorno d’aspromonte (poème extrait de Senza polvere senza peso)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Imperfetta Ellisse)
    une note de Giacomo Cerrai sur Mariangela Gualtieri, finaliste du Prix Ceppo 2011 de Pistoia (+ bio-bibliographie)
    → (sur poiein.it)
    un article (en italien) de Rossano Astremo sur la poésie de Mariangela Gualtieri (« piccolo immenso corpo poetico »)
    → (sur YouTube)
    une interview de Mariangela Gualtieri
    → (sur YouTube)
    une autre interview de Mariangela Gualtieri (dont de nombreux poèmes dits par l’auteure)





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  • Natalie Clifford Barney | « T’écrire des poèmes ! »





    Jeter sur cet abîme un arc-en-ciel, un pont
    Ph., G.AdC








    « T’ÉCRIRE DES POÈMES ! »



    Mon mal dépasse encor la mesure des vers,
    Et l’ombre de ma joie en ce ciel à l’envers
                             Est encor trop la même !
    Étoiler de mes pleurs ce céleste univers ?
    Trouver à ma tristesse un lumineux langage ?
    De la séparation faire un meilleur usage ?
    Jeter sur cet abîme un arc-en-ciel, un pont
    Par où, ressuscités, mes chagrins s’en iront ?
    Fidèles, au chevet chaque soir, ils reviennent ;
    Puis, à l’aube, au réveil, mes songes les contiennent.
    Ne m’apportent-ils pas un écho de ta voix ?
    …Et pendant ton absence ils protègent mon toit
    Où j’écoute en priant ce qui me vient de toi.
    Par-dessus la rumeur vile, trompeuse et preste,
    Ce qu’ils disent « perdu » c’est tout ce qui me reste !



    Natalie Clifford Barney, Nouvelles Pensées de l’Amazone [Mercure de France, 1939], Éditions Ivrea, 1996, page 108.







    NATALIE CLIFFORD BARNEY


    Natalie Clifford Barney
    Source



    ■ Natalie Clifford Barney
    sur Terres de femmes

    Apophtegmes de l’Amazone
    C’était, je me rappelle…
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le Portrait de Natalie Clifford Barney
    3 novembre 1910 | Remy de Gourmont, « Lettre intime » à l’Amazone
    2 février 1972 | Mort de Natalie Clifford Barney



    ■ Voir aussi ▼

    → un article sur
    Le Temple de l’Amitié où vécut pendant 60 ans Nathalie Clifford Barney





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  • Françoise Delcarte | [J’ai besoin d’aller seule]






    Les pierres où jouait tout notre temps promisDiptyque photographique, G.AdC







    [J’AI BESOIN D’ALLER SEULE]



    J’ai besoin d’aller seule,
    Très loin, contre mon gré,
    Disons que j’ai besoin de me fixer mes heures,
    Et de m’y succéder.

    Un très grand laps d’amour fait qu’au lieu d’oublier,
    On récidive un crime,
    On s’ajoute à des blés,
    On se reprend d’odeurs, on se fouille,
    Presque l’on s’incrimine
    D’avoir pu préférer les berges de l’été,
    La rouille, et puis la mousse,
    Le vert de gris des jours,
    Et les pierres où jouait tout notre temps promis.

    Je voudrais dessiner pour moi ce compromis,
    Le lin, le chèvrefeuille,
    Le sable,
    Et puis pouvoir
    N’emporter que le lierre.



    Françoise Delcarte, Sables, Éditions Seghers, 1969 (édition originale), page 20.








    FRANÇOISE DELCARTE


    Françoise Delcarte3




    ■ Françoise Delcarte
    sur Terres de femmes

    [Peut-être, le visage se souvient-il encore] (poème extrait d’Infinitif)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur Chroniques Asynchrones)
    « Le contrepoint organique de Françoise Delcarte », par Françoise Noël
    → (sur LaFreniere&poesie)
    une note sur Levée d’un corps d’oubli sur un corps de mémoire de Françoise Delcarte (+ extraits)
    → (sur Orbi, Université de Liège)
    Préface à Infinitif, suivi de Sables, de Françoise Delcarte, par Gérald Purnelle, éditions du Taillis Pré, 2001 [PDF]





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  • Ariane Dreyfus, La Lampe allumée

    par Matthieu Gosztola

    Ariane Dreyfus,
    La Lampe allumée si souvent dans l’ombre,
    José Corti, Collection « En lisant en écrivant »,
    janvier 2013.



    Note de lecture de Matthieu Gosztola



    Les citations sont lumière
    « Chaque auteur(e) évoqué(e) est une lampe. Et chaque citation
    cette façon qu’a la lumière d’être réalité sans contours […]
    sourdant de l’ampoule. »
    Ph., G.AdC







    DIRE L’AMOUR



    La Lampe allumée si souvent dans l’ombre regroupe des textes écrits entre 1986 et 2011 non pas sur des créateurs (principalement des poètes) qu’aime Ariane Dreyfus et qui l’ont portée mais avec eux. Avec chacun d’eux, différemment. En leur prenant la main. En leur prenant la main de telle façon que c’est sa main à elle qu’elle tient, tant main agrippée et main attrapant deviennent indistinctes. Indistinctes au point qu’on ne sait plus qui fait avancer l’autre. Indistinctes comme si elles l’avaient toujours été, au point qu’il paraît de plus en plus absurde, au fur et à mesure de la lecture de La Lampe allumée si souvent dans l’ombre, de se poser la question de savoir qui a pris l’autre. Qui l’a prise pour en prendre soin. Tant elles avancent ensemble. « La poésie quand nous la faisons ». Nous ; toujours.





    Ariane Dreyfus, La lampe





    Si les créateurs aimés par l’auteure lui ont pris la main, ça a été à chaque fois grâce à un détail, ou à plusieurs détails, auxquels elle s’est arrimée. Pour vivre. Et ces détails continueront à l’aider à vivre, elle le sait. Pour toute la vie, comme disent les enfants. Il n’y a pas d’assèchement de leur présence.

    Une phrase amie, dans un livre aimé, c’est pour Ariane Dreyfus de la musique. Mais soyons plus précis. C’est de la musique telle qu’elle a été peinte par Edouard Vuillard dans Misia au piano (1899). Tout dans les coloris semble être le résultat du toucher des doigts sur le piano. C’est comme si la pièce dans son ensemble était, dans la façon qu’elle a de paraître à la vue, l’émanation de la musique jouée dans l’instant. C’est comme si elle se trouvait colorée par chaque arpège naissant du piano, de la moquette aux motifs du papier peint en passant par le plateau en argent posé sur le couvercle du piano. Et jusqu’aux flacons de verre qui le composent. Et même jusqu’aux liqueurs qui font luire le verre des flacons.

    C’est cela une phrase amie pour Ariane Dreyfus : une façon de transfigurer la vie, dans son quotidien le plus répétitif, dans ses structures les plus communes. Une façon de faire sourdre la beauté de nos décors les plus habituels. Une façon également d’être abritée, d’être abrité. Une seule phrase peut contenir une vie. Celle du cœur de celui ou celle qui l’a tissée. Et, dans le même temps, une seule phrase peut prendre dans ses bras une vie se situant très loin d’elle, et pourtant devenue proche, grâce à cette féerie qu’est la lecture. Une seule phrase peut prendre soin d’une vie. Oui. En prendre soin comme mains refermées sur un secret. Puisqu’une phrase peut être répétée et répétée encore (ce que fait l’auteure avec les phrases qu’elle aime). Murmurée. Ce murmure finissant par se confondre avec le murmure du cœur, au point de tempérer son élan.

    Ariane Dreyfus depuis son enfance s’aide de citations, comme de mains tendues. Elles avaient le pouvoir de « fées consolatrices », quand le ventre se nouait d’angoisse. Les phrases amies sont restées semblables à des « présences préférées », en ce sens qu’elles continuent à sauver. Et « être au monde » devient pour l’auteure « être sensible à la contiguïté flottante de ses présences préférées, et écrire mettre directement sur la page (et cela grâce une littéralité sans partage) leurs configurations clignotantes ». Voilà pourquoi cette récolte de citations, brins d’herbes cueillis sur les chemins de lecture, mais aussi fleurs sauvages, qu’Ariane Dreyfus fait depuis toute petite donc, et qui n’a jamais cessé, voilà pourquoi cette récolte est l’une des sèves qui nourrit chacun de ses recueils. Mais là, avec ce présent livre, revivifiant le genre de l’essai, Ariane Dreyfus peut donner toute la place à ses phrases amies. Au point que La Lampe allumée si souvent dans l’ombre est d’abord cela : une maison construite pour que toutes ces citations puissent continuer leur vie d’herbes folles, de lys, d’edelweiss. Une maison construite pour qu’elles puissent vivre ensemble. Toutes ensemble. Et Ariane Dreyfus, dans chacun des textes qui composent La Lampe allumée, lesquels tutoient et l’étude libre et le compte rendu engagé, s’arrange pour faire vivre chacune d’elles. En faisant en sorte de la restituer à son courant, et ce bien qu’elle soit loin de son point d’ancrage, de sa terre nourricière. En faisant en sorte de la redonner à son élan. Celui qui l’a vue naître. Qui l’a fait naître. À son flux. À sa nécessité.

    L’on n’est ainsi nullement face à un travail universitaire. Il ne s’agit pas pour l’auteure de se servir des citations comme d’arguments aidant la production logique d’un discours. Il ne s’agit pas non plus de les essorer, pour leur faire rendre leur jus. Leur suc. Chaque citation conserve sa part d’énigme. Tant il est vrai que la beauté est énigme. Et ne peut nous frapper, nous atteindre, que comme telle. La beauté, mais aussi l’évidence. Car très souvent les citations choisies ont pour nous ce visage. Aussi, prendre soin de l’énigme, cela demeure, à bien des égards, l’essentiel. Ariane Dreyfus le sait bien qui tisse une prose qui n’est nullement façon qu’aurait la citation, dans sa mise au jour, d’atteindre une explicitation par quoi elle nous livrerait son secret. L’auteure, en déployant une prose qui s’apparente également par certains aspects à un poème en prose, cherche précisément à ce que soit lisible l’éblouissement contenu en chacune des citations. Puisque c’est cet éblouissement qui l’a poussée à conserver chacune d’elles, et à faire qu’elles se trouvent sans discontinuer dans son herbier de lectrice, mais aussi de spectatrice de films, de spectacles de danse, ou de cirque…

    En somme de marcheuse sauvage sur les rives du monde, lorsqu’il met en lieu, par l’art, des êtres ensemble, dans le fait d’exister, de s’aimer. Des êtres ensemble, si l’on donne à ce mot toute l’éthique qui lui revient. « Nécessaires me sont les arts », écrit Ariane Dreyfus, « qui se fondent sur une géographie et une morale de la relation entre les êtres, et une projection de son propre corps dans ce qui est possible au monde : ces derniers temps le cirque, pour dire l’humanité fragile mais acharnée ; et depuis longtemps […] la danse et le cinéma qui rendent l’amour visible et nous font croire aux gestes d’amour, à l’importance de les faire, de les donner en chemin, petits cailloux sur la route, qui pas à pas nous sauvent ».

    Mais, parce que ces rives du monde, même si l’art est un havre de paix pour l’auteure, restent souvent balayées par le vent, l’herbier est avant tout un herbier de vie, pour les jours de pluie comme de soleil, tant il est vrai que l’ombre peut alors d’autant mieux venir nous toucher.

    Si l’auteure fait en sorte que la citation soit rendue à son énigme, c’est pour qu’elle nous atteigne au plus profond. Parce que l’écriture n’a de sens pour elle qu’en tant que rencontre avec le lecteur. Avec une lectrice, un lecteur. Rencontre par quoi l’auteure sans cesse se remet au monde. Par quoi sans cesse elle renverse la tristesse, aussi. « Heureusement la poésie me réveille en me forçant à m’adresser, qui est toujours aussi me dresser, tourner la tête et tendre les oreilles. Et, forcément, suggérer au lecteur de faire pareil. Poésie qui s’écrit pour faire place à l’autre et vice-versa ».

    Il s’agit d’être ensemble, toujours, on ne le dira jamais assez. La Lampe allumée, elle l’est pour le lecteur. Le livre est la maison. Chaque auteur(e) évoqué(e) est une lampe. Et chaque citation cette façon qu’a la lumière d’être réalité sans contours (puisque rendue à sa force de surgissement, rendue à son énigme) sourdant de l’ampoule.

    Et si les citations sont lumière, c’est bien parce qu’au travers d’elles il s’agit toujours, pour Ariane Dreyfus, de dire l’amour. Mais attention, l’amour n’est pas un thème. Non, les livres d’Ariane Dreyfus sont des livres aimants, des livres amoureux. De même que ce sont des livres heureux, faisant davantage que donner place au bonheur. Ariane Dreyfus parle ainsi de la langue qu’elle emploie comme d’une langue « plus souveraine que moi-même car elle est aussi celle d’autrui. Sans cesse rappeler au lecteur cette force-là pour que s’aimer dans la langue soit possible : le poème est ce lieu où ni lui ni moi ne sommes mais où nous sommes ensemble. Aussi l’amour n’est-il pas un thème poétique, c’est au contraire écrire un poème qui devient de l’amour. Quand James Sacré dit : « Le poème comme un geste intime qui pense à l’autre », quand Roland Barthes affirme : « L’écriture, c’est quand le texte désire le lecteur », quand Stéphane Bouquet souhaite « être dans la langue comme dans un amour », ils rappellent la règle majeure.

    En faisant advenir l’amour par le poème, et par la prose comme avec La Lampe allumée, Ariane Dreyfus dit cette façon qu’a l’éblouissement de prendre corps. Et de continuer. De durer doucement, sans jamais forcer le cours du murmure. Il est toujours question d’amour chez l’auteure. D’amour vivant, dans chaque texte. D’amour vécu comme partage. À jamais vif, à jamais recommencé. Le sexe (si présent) est en ce sens le prénom très précisément épelé de l’amour. Car être deux, être ensemble, ce n’est jamais une abstraction pour l’auteure. C’est quelque chose de très concret. « Il n’y a pas de plus grand cadeau que l’on puisse faire à quelqu’un que de l’accepter dans sa présence physique. L’existence est un don que l’on se fait les uns aux autres, et pas uniquement en donnant naissance à un enfant. Être née une fois ne suffit pas pour vivre. Il faut arriver à être là, rebondir vive par les contacts mais ce n’est pas tous les jours ». L’amour pour Ariane Dreyfus, c’est ce précisément par quoi le monde devient concret. Ce par quoi il nous rejoint. Au plus intime, au plus profond de nous. Et en nous rejoignant fait qu’on se rejoint soi. Tant il est vrai que pour s’atteindre soi il n’est que de faire un détour par l’autre, détour rendu ébloui par la douceur, la tendresse, mais aussi l’intensité du désir.

    Dire que La Lampe allumée est un livre aimant, faisant advenir l’amour (et non un livre sur l’amour) ne serait ainsi pas exagéré. Amour pour des auteures. Des auteurs. Qui l’ont aidée à vivre, comme Colette. Qui sont aussi des présences très proches, au quotidien, comme Eric Sautou, ou Stéphane Bouquet. Amour pour des livres, comme Lolita de Nabokov. Pour, dedans les livres, des phrases. Amour pour des spectacles. Amour pour des films. Pour des images. Amour pour des visages.

    Et, alors que paraît chez Corti ce livre couvrant plus de vingt ans d’écriture critique, faire reparaître aujourd’hui le premier recueil d’Ariane Dreyfus devient possibilité offerte au lecteur de découvrir à quel point son œuvre est unitaire dans son ensemble. D’une unité si forte qu’elle en devient musicale. Mais de quel livre parle-t-on au juste ? Il s’agit de L’Amour 1, paru en 1993 aux éditions De, grâce à Ludovic Degroote (1). Si ce court recueil a été republié dans sa transcription dans le livre que nous avons consacré à l’auteure (2) (voir Ariane Dreyfus, Éditions des Vanneaux, collection « Présence de la poésie », 2012, pp. 97-100), il paraît plus que jamais opportun de le donner à redécouvrir aujourd’hui dans sa belle graphie originelle qui, en poussant la lecture à survenir peu à peu, pas à pas, nous amène à boire toute l’eau contenue dans chaque image (sans qu’il nous soit possible de savoir, avant de l’avoir bue, quel goût elle a : sucré, salé).

    Déjà, dans ce premier livre, il y a en germes « tout » Ariane Dreyfus. Cette place – toute la place – donnée à l’amour. Cette façon qu’a la syntaxe d’être vacillement, pour, ce faisant, pousser le lecteur à déshabiller son regard de ses attentes préalables et faire qu’il soit surpris. Intensément surpris. Au point que l’image puisse l’emporter sur son frêle esquif. Au point que chaque image puisse être courant à chaque fois singulier l’emportant. Jusqu’au soleil ébloui de vivre. Jusqu’à la rencontre avec l’autre, peu à peu épelée. Par l’amour. Sur le lit qui est pour Ariane Dreyfus une page, à chaque fois une page que les corps rendent vivante. Les corps présents par les mots. Présents, vrais corps, car le langage, c’est nous qui le faisons ; et nous le faisons à chaque fois pour une autre, un autre. Et nous le faisons ensemble. « Les mots de la langue deviennent alors vraiment désirables, vraiment pour vivre, car dans cette langue le corps est là, il est même […] ce qui les réalise ».


    Matthieu Gosztola
    D.R. Texte Matthieu Gosztola
    pour Terres de femmes




    ______________________________________
    (1) Qu’il soit ici chaleureusement remercié d’avoir le premier donné à lire l’écriture d’Ariane Dreyfus ; et rappelons, par la même occasion, combien lui-même est un grand poète : son récent Monologue paru chez Champ Vallon est bouleversant, au-delà de tout ce que l’on peut en dire.
    (2) Avec de légères modifications voulues par l’auteure, ce qui rend très stimulant pour le lecteur de se reporter à ce volume de la collection « Présence de la poésie ».







    L’AMOUR 1
    (dans sa graphie originelle)






    Dreyfus0001








    Dreyfus0002 (1)



    SUITE ►►►






    ARIANE DREYFUS


    Ariane Dreyfus
    Image, G.AdC




    ■ Ariane Dreyfus
    sur Terres de femmes


    En sens inverse (poème extrait des Compagnies silencieuses)
    Anatomie (extrait de Moi aussi)
    Le Dernier Livre des enfants (lecture d’AP)
    [J’écris parce que je vais disparaître] (extrait du Dernier Livre des enfants)
    Comment habiter l’inhabitable (note de lecture d’AP sur le recueil L’Inhabitable)
    Épilogue (poème extrait du recueil L’Inhabitable)
    La nuit commence (autre poème extrait du recueil L’Inhabitable)
    Nous nous attendons (note de lecture de Tristan Hordé)
    « C’est tout mouillé » (poème extrait du recueil Nous nous attendons)
    « Je suis en train d’oublier son visage » (poème extrait du recueil Nous nous attendons)
    Sophie ou la vie élastique (lecture d’AP)
    Le beau tapis (poème extrait du recueil Sophie ou la vie élastique)
    (dans l’anthologie poétique Terres de femmes) SAMI (poème extrait de La Terre voudrait recommencer)
    Un recoin dans un coin (autre poème extrait de La Terre voudrait recommencer)
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le Portrait d’Ariane Dreyfus (+ un autre poème extrait de La Terre voudrait recommencer)




    ■ Voir | écouter aussi ▼


    → (sur le site des éditions José Corti)
    une page sur La Lampe allumée si souvent dans l’ombre
    → (sur remue.net)
    L’éloge du commun, selon Ariane Dreyfus, par Pascal Gibourg (15 janvier 2013)
    → (sur le site de la Mél [Maison des écrivains et de la littérature])
    une fiche bio-bibliographique sur Ariane Dreyfus
    → (sur le site de France Culture)
    Ariane Dreyfus dans l’émission Du jour au lendemain d’Alain Veinstein (19 mars 2013)
    → (sur le site du CipM)
    Ariane Dreyfus lisant un extrait de Quelques branches vivantes
    le site de Matthieu Gosztola






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