Terres de Femmes

Mois : juillet 2012


  • Françoise Clédat | [Disparition]


    Faire une belle fin
    Ph., G.AdC






    [DISPARITION]



    Disparition
    ― moi dans plus tes yeux ―
    est ce qui arrive


    Rive vivre le fleuve
    ― son acmé ― l’avoir su
    Ne rien hâter


    Intact de rien ― désir
    dans le désir qui meurt
    Ne meurt ―


    Bouche m’accorps
    Œuvre ― l’œuvre de tes yeux ―
    Faire une belle fin


    Moi de finir ― le sait ―
    Augmente la fin
    chaque être qui ne finit pas


    Innocence ― conquise ―
    Apprendre à finir
    en tout ce qui ne finit pas




    Françoise Clédat, Petits déportements du moi, (2), Tarabuste Éditeur, 2012, page 73.






    Françoise Clédat, Petits déportements du moi






    FRANÇOISE CLÉDAT


    Fran-oise Cl-dat



    ■ Françoise Clédat
    sur Terres de femmes

    L’Adresse de Françoise Clédat | Portrait d’Iseut en survivante [note de lecture de Marie Fabre]
    Quoi de toi mort quand mort ? (extrait de L’Adresse)
    La nuit de l’ange (note de lecture d’AP sur L’Ange Hypnovel)
    L’Ange Hypnovel (extrait)
    EtnaXios, autour de l’oiseau-fauve-vautour de Françoise Clédat (note de lecture d’AP)
    (où le chant sans l’organe) (extrait de EtnaXios + notice bio-bibliographique)
    [Se calmer. Reprendre souffle] (extrait de Mi(ni)stère des suffocations)
    Rivière et Alaskas (lecture d’AP)
    Une baie au loin (Turnermonpère) [note de lecture d’AP]
    (maintenant je git) [extrait d’Une baie au loin]
    Du jour à personne
    → (dans l’anthologie Terres de femmes)
    Je vis une histoire d’amour
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le Portrait de Françoise Clédat (+ un extrait de EtnaXios)





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  • Claudine Bertrand | [Tu t’évertues à amalgamer]

    « Poésie d’un jour »
    Poésie d’anniversaire


    Sur une même page nuit et jour
    Ph., G.AdC






    [TU T’ÉVERTUES À AMALGAMER]



    Tu t’évertues à amalgamer
    sur une même page
    nuit et jour


    Tu grattes le fond
    de la pupille
    pour vivre de ses restes


    Jusqu’à ce qu’une fleur obscure
    hante tes fantasmes


    On lève un vers
    à la une
    ou on rêve au vieux pays


    Qui habite tes yeux
    dit amant noir




    Claudine Bertrand, Ailleurs en soi, Éditions Domens, 2006, page 57.



    CLAUDINE BERTRAND


    Claudine Bertrand 2
    Source




    ■ Claudine Bertrand
    sur Terres de femmes


    [Sur fond marin] (poème extrait de Fleurs d’orage)
    Chaque seconde cède une joie nouvelle (poème extrait du Jardin des vertiges)
    [Écrire pour se parcourir] (poème extrait du Jardin des vertiges)
    [Langue de voyage] (poème extrait de Murmure de rizières)
    [Mille serments sur l’oreiller] (poème extrait de Passion Afrique)
    Les passeurs de mots (poème extrait de Sous le ciel de Vézelay)
    → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes)
    La nomade
    → (dans la galerie Visages de femmes)
    le Portrait de Claudine Bertrand (+ un poème extrait du Corps en tête)




    ■ Voir aussi ▼


    → (sur le site L’île – L’infocentre littéraire des écrivains québécois)
    une notice bio-bibliographique





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  • Amin Khan | [Il y a ce temps gagné]


    Oeil touareg DR Alice Aubert
    Ph. © Alice Aubert
    Source






    [IL Y A CE TEMPS GAGNÉ]



    Il y a ce temps gagné
    de fièvre longue et d’odeurs animales
    et cette immense gorge qui râle de désir
    absolu
    et ces soldats perdus
    aux yeux fardés de noir


    et puis soudain ce jour pâle
    vide de sens
    et cette plaine blanche qui lève
    à l’horizon perdu




    Amin Khan, Archipel Cobalt, Éditions MLD, Collection Hautes Herbes dirigée par Jean-Marie Berthier, Saint-Brieuc, 2010, page 38. Préface de Dominique Sorrente.






    AMIN KHAN


    Amin Khan
    Source



        Né à Alger le 18 octobre 1956, Amin Khan a suivi des études de philosophie, d’économie et de sciences politiques à Alger, Oxford et Paris. Fonctionnaire international à l’Unesco, il est aussi l’auteur de trois livres de poésie publiés à Alger : Colporteur, poèmes prosaïques 1972-1979 (Société Nationale d’Édition et de Diffusion, Alger, 1980), Les Mains de Fatma (SNED, Alger, 1982), Vision du Retour de Khadija à l’opium (Isma, Alger, 1989). Archipel Cobalt est son premier livre de poésie publié en France.
        En 2012, Amin Khan a publié chez le même éditeur français (Éditions MLD) Arabian blues (préface de René Depestre) pour lequel il a obtenu en juin 2012 le Prix Méditerranée de Poésie Nikos-Gatsos 2012. Ce prix sera remis à l’auteur le 20 octobre prochain à Perpignan. Le jeudi 21 juin dernier, le Prix François-Coppée 2012 de l’Académie Française a aussi été attribué à Amin Khan (cérémonie de remise du prix le 6 décembre 2012 à l’Académie Française).




    ■ Amin Khan
    sur Terres de femmes

    [Cette lassitude d’être soi] (autre poème extrait d’Archipel Cobalt)
    [Toi qui touches à la rive] (poème extrait d’Arabian blues)



    ■ Voir aussi ▼

    → (sur le site des Éditions MLD)
    un autre extrait [PDF] issu du même recueil
    → (sur enjambées fauves)
    plusieurs poèmes extraits du recueil Arabian blues
    → (sur le site-portail de l’Association des Revues plurielles)
    Quarantaine, poèmes inédits, 1995
    → (sur le même site-portail)
    Poèmes d’août d’Amin Khan (journal du mois d’août 2001, inédit)
    → (sur le site de la Maison des écrivains et de la littérature)
    une fiche bio-bibliographique sur Amin Khan
    → (sur La Pierre et le Sel)
    « Amin Khan, un dialogue poétique d’une rive à l’autre » (une contribution de Jacques Décréau)
    → (sur The Post-Apollo Press blog)
    une interview (en anglais) d’Amin Khan





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  • Martine Cros | Burned in/out




    IN ... OUT
    « Y a-t-il naufrage, y a-t-il quête ? »
    Diptyque photographique, G.AdC







    BURNED IN/OUT





    IN



    Brûle la neige
    Poudre
    l’aile
    révoquée
    Tu plonges
    Sais-tu parler encore
    comme un bambin
    gorgé de mère la langue
                                  des origines
    Sais-tu danser
    sur l’écoulée de jours muets
    Tu savais bien pourtant
    t’habiller d’aubes offensées
    pour ne pas que le froid te meure
    Le pardon
                          tyran asservi à lui-même
                          ramassis de serments
                          collier sans fermoir
    Égare-le
    Ta nuque est si belle nue




    Sommeille le bleu à ton âme
    Que la vague             la voici                la vague
    à haute voix              la vague
    la voilà                       la brûlure
    commissure de cris sans douleur
    entre l’hémisphère des peurs
    et celui de l’aberration




    Ta quête s’est rouée
    de coups bas
    d’épreuves d’immondices
    et de réveils crâneurs
    où le baiser s’échoue




    Y a-t-il naufrage, y a-t-il quête ?




    Vague de cœur
    Mortel est ton chant
    Descellement de banalité
    Coulis de sang sacré qui pleure
    pleure dans ta paume glacée
    Écrin de visions chancelantes
    Cassure du collier des craintes
    Déferlante
    qui soustrait la douleur
    pour mieux l’abattre sur ton ventre




    Brise-la
    Repose ton corps de velours
    en mue




    OUT




    Martine Cros
    À Sainte-Marie, le 2 mars 2010
    poème inédit pour Terres de femmes (D.R.)





    MARTINE CROS


    Martine Cros
    Ph. D.R.



    ■ Voir aussi ▼

    aller aux essentiels (le blog de poésie de Martine Cros)
    → (sur Levure littéraire n° 2)
    une page consacrée à Martine Cros





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  • Terres de femmes n° 92 ― juillet 2012






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    du numéro de juillet 2012







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    Responsable de la rédaction : Angèle Paoli
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    Direction artistique et mise en images : Guidu Antonietti di Cinarca [G. AdC]



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  • TdF n° 92 ― juillet 2012



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    Image, G.AdC




    SOMMAIRE DU MOIS DE JUILLET 2012


    Terres de femmes ― N° du mois de juin 2012
    1er juillet 1804 | Naissance de George Sand
    Martine Cros | Burned in/out Anthologie poétique Terres de femmes (95)
    Amin Khan | [Il y a ce temps gagné]
    Claudine Bertrand | [Tu t’évertues à amalgamer]
    Françoise Clédat | [Disparition]
    Jean-Noël Pancrazi | D’une montagne à l’autre, une voix coule sous les mots (note de lecture d’Angèle Paoli)
    7 juillet 1807 | Signature du traité de Tilsit (extrait d’Une haine de Corse de Marie Ferranti)
    8 juillet 1593 | Naissance d’Artemisia Gentileschi
    James Sacré | Dans le format de la page
    Amin Khan | [Toi qui touches à la rive]
    11 juillet 2001 | Henri Deluy, Imprévisible passé
    Pierre Cendors | L’intime du large
    Luce Guilbaud | [il y a eu des pluies]
    14 juillet | Jacques Ancet, Comme si de rien
    Claudine Bertrand | [Mille serments sur l’oreiller]
    17 juillet | Enrique Vila-Matas, Bartleby et compagnie
    Bernard Mazo | Retour au silence
    19 juillet 1957 | Mort de Curzio Malaparte
    Sylvie Brès | [Territoires incertains]
    Joëlle Gardes, L’Eau tremblante des saisons (lecture de Françoise Donadieu)
    sous la peau comme une écharde (AP)
    Sylvana Perigot, 3 balles perdues (note de lecture d’Angèle Paoli)
    Arnaut Daniel | Anc ieu non l’aic, mas ela m’a
    António Ramos Rosa | C’étaient des jours de clarté estivale
    26 juillet 1971 | Mort de Diane Arbus
    Lionel-Édouard Martin, Ulysse au seuil des îles
    Jean Métellus | Voix du passé
    Juillet 2009 | Xavier Dandoy de Casabianca, Cahier noir
    Bernard Noël | Sur le peu de corps, 18
    31 juillet 1784 | Mort de Denis Diderot
    Terres de femmes ― N° du mois d’août 2012

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  • 1er juillet 1804 | Naissance de George Sand

    Éphéméride culturelle à rebours



         Le premier juillet 1804 naît à Paris Amandine Lucie Aurore Dupin, plus connue sous le nom de George Sand.






    Georgesand_errata
    Image, G.AdC






        Fille de Sophie Victoire Delaborde et de Maurice Dupin de Francueil, officier de l’armée impériale tué au cours d’une bataille, l’enfant est élevée à Nohant par sa grand-mère paternelle. Devenue baronne Dudevant par son mariage (1822), puis George Sand à partir de sa relation amoureuse et littéraire avec Jules Sandeau, George Sand publie, dès 1832, plusieurs « romans lyriques » d’inspiration autobiographique et féministe. Indiana, Valentine, Lélia (1833), Mauprat (1836). Suivront, plus tard, d’autres romans dans lesquels l’auteur développe rêves et idées où s’exprime sa vision du romantisme. Consuelo (1842-1843) et La Comtesse de Rudolstadt (1843-1845), somme romanesque qui rassemble tout à la fois roman historique et roman noir, roman de formation et roman d’amour, roman d’initiation et roman feuilleton…, sont de cette veine. Toute cette « matière » compose un ensemble complexe et foisonnant, et donne naissance, selon l’expression d’Hubert Juin au « fabuleux roman de George Sand ».

        Renonçant à ses engagements politiques au lendemain de mai 1848 ― « je ne crois plus à l’existence d’une république qui commence par tuer ses prolétaires » ―, George Sand s’installe à Nohant, lieu de ralliement de ses amis et amants. Liszt, Marie d’Agoult, Balzac, Chopin, Delacroix, Flaubert. La « dame de Nohant » règne sur ce monde bohême et artiste où l’on joue de la musique, discute de politique et de littérature jusque tard dans la nuit. C’est aussi à Nohant qu’elle compose les romans « champêtres » inspirés par la vie paysanne de sa campagne berrichonne : La Mare au diable (1846), François le Champi (1847-1848), La Petite Fadette (1849), Les Maîtres sonneurs (1853).

        George Sand laisse derrière elle une riche correspondance publiée après sa mort. Notamment sa correspondance avec Alfred de Musset et Gustave Flaubert.

        Troisième ouvrage de George Sand, Lélia annonce par sa composition hybride la somme romanesque de Consuelo, suivi de La Comtesse de Rudolstadt. Œuvre romantique d’inspiration autobiographique, Lélia est le récit d’un « cœur malheureux » rongé comme tant d’autres de la même époque, d’inquiétude métaphysique, de déception politique et de désespoir. On retrouve dans Lélia des accents proches de ceux du René (1802) de Chateaubriand et de La Confession d’un enfant du siècle (1836) d’Alfred de Musset. Un même esprit de désenchantement baigne La Peau de chagrin (1831) de Balzac, Oberman (1833) de Senancour et Lélia de George Sand.






    LÉLIA (extrait)

    DEUXIÈME PARTIE

    XXXI


        Lélia descendit les montagnes et, avec un peu d’or versé sur son chemin, elle franchit rapidement les vallées frontières. Peu de jours après avoir dormi sur la bruyère de Monteverdor, elle étalait le luxe d’une reine, dans une de ces belles villes du plateau inférieur qui rivalisent d’opulence entre elles et qui voient encore fleurir les arts sur la terre d’où ils nous sont venus.

        Comme Trenmor, qui s’était rajeuni, et fortifié au bagne, Lélia espéra renaître, par la force de son courage, au milieu de ce monde qu’elle haïssait et de ces joies qui lui faisaient horreur. Elle résolut de se vaincre, de dompter les révoltes de son esprit sauvage, de se jeter dans le flot de la vie, de se rapetisser pour un temps, de s’étourdir, afin de voir de près ce cloaque de la société et de se réconcilier avec elle-même par la comparaison.

        Lélia n’avait pas de sympathie pour la race humaine, quoiqu’elle souffrît les mêmes maux et résumât en elle toutes les douleurs semées sur la face de la terre. Mais cette race aveugle et sourde sentait son malheur et son abaissement sans vouloir s’en rendre compte. Ceux-là, hypocrites et vaniteux, cachaient les plaies de leur sein et l’épuisement de leur sang sous l’éclat d’une vaine poésie. Ils rougissaient de se voir si vieux, si pauvres, au milieu d’une génération dont ils ne voyaient pas la vieillesse et la pauvreté percer de tous côtés ; et, pour se faire jeunes comme ceux qu’ils croyaient jeunes, ils mentaient, ils fardaient toutes leurs idées, ils niaient tous leurs sentiments : ils étaient fanfarons d’innocence et de simplicité, eux décrépits dès le sein de leurs mères ! Ceux-ci moins effrontés, se laissaient emporter par le siècle : lents et débiles, ils s’en allaient avec le monde, sans savoir pourquoi, sans se demander où était la cause, où était la fin. Ils étaient de nature trop médiocre pour s’inquiéter beaucoup de leur ennui ; petits et faibles, ils s’étiolaient avec résignation. Ils ne se demandaient pas s’ils pouvaient trouver secours dans la vertu ou dans le vice ; ils étaient également au-dessous de l’un et de l’autre. Sans foi, sans athéisme, éclairés tout juste au point de perdre les bienfaits de l’ignorance, ignorants au point de vouloir tout soumettre à des systèmes étroitement rigoureux, ils pouvaient constater de quels faits se compose l’histoire matérielle du monde, mais ils n’avaient jamais voulu étudier le monde moral ni lire l’histoire dans le cœur de l’homme ; ils avaient été arrêtés par l’imbécile inflexibilité de leurs préventions. C’étaient les hommes du jour, qui raisonnaient sur les siècles passés et futurs sans s’apercevoir que leurs génies avaient tous passé par le même moule et que, rassemblés en masse, ils auraient pu s’asseoir encore sur les bancs de la même école et suivre la loi du même pédant.

        Quelques-uns, c’était le petit nombre, mais ils représentaient pourtant une puissance sociale, avaient traversé l’atmosphère empoisonnée des temps, sans rien perdre de la vigueur primitive de l’espèce. C’étaient des hommes d’exception comparativement à la foule. Mais, entre eux, ils se ressemblaient tous. L’ambition, seul ressort d’une époque sans croyance, annihilait la noblesse mâle et caractéristique, départie à chacun d’eux, pour les confondre tous dans un type de beauté grossière et sans prestige. C’étaient bien encore les hommes de fer du moyen âge ; ils avaient le regard fauve, les pensées fortes, le bras robuste, la soif de la gloire et le goût du sang, tout comme s’ils se fussent appelés Armagnac et Bourgogne. Mais à ces larges organisations que la nature produit encore manquait la sève de l’héroïsme. Tout ce qui le fait naître et l’alimente était mort : l’amour, la fraternité d’armes, la haine, l’orgueil de la famille, le fanatisme, toutes les passions personnelles qui donnent de l’intensité aux caractères, de la physionomie aux actions. Il n’y avait plus pour mobile de ces âpres courages que les illusions de la jeunesse détruites en deux matins et l’ambition virile, têtue, sale, déplorable fille de la civilisation.

        Lélia, triste existence flétrie par le sentiment de sa dégradation, seule peut-être assez attentive pour la constater, assez sincère pour se l’avouer ; Lélia, pleurant ses passions éteintes et ses facultés perdues, traversait le monde sans y chercher la pitié, sans y trouver l’affection. Elle savait bien que ces hommes, malgré leur agitation essoufflée et chétive, n’étaient pas plus actifs, pas plus vivants qu’elle ; mais elle savait aussi qu’ils avaient l’impudence de le nier ou la stupidité de l’ignorer. Elle assistait à l’agonie de cette race, comme le prophète, assis sur la montagne, pleurait sur Jérusalem, opulente et vieille débauchée étendue à ses pieds.



    George Sand, Lélia, Éditions Garnier Frères, 1960, pp. 134-135. Texte établi, présenté et annoté par Pierre Reboul.





    ■ George Sand
    sur Terres de femmes

    30 mars 1852 | Pauline de George Sand
    15 janvier 1854 | George Sand, Lélia
    26 juillet 1857 | George Sand, Promenades autour d’un village
    9 avril 1872 | Lettre de George Sand à Gustave Flaubert





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  • Terres de femmes n° 91 ― Sommaire du mois de juin 2012


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    SOMMAIRE DU MOIS DE JUIN 2012


    Terres de femmes ― N° du mois de mai 2012
    Florence Noël | [Donnez-nous des pierres] (Vases communicants)
    Lionel-Édouard Martin, La Vieille au buisson de roses (note de lecture d’Angèle Paoli)
    Louise de Vilmorin | Mon cadavre est doux comme un gant
    Anna de Noailles | Si je n’aimais que toi en toi
    Angèle Paoli, Paul-François Paoli | Les Romans de la Corse
    7 juin 1982 | Raphaële George, Journal
    Danielle Fournier | Luce Guilbaud, Iris (note de lecture d’Angèle Paoli)
    Lydia Padellec | La mère Anthologie poétique Terres de femmes (94)
    Nathalie Riera | in angulo
    Lionel-Édouard Martin | Le flamboyant
    Anise Koltz | [Gémeau]
    14 juin 1870 | Excursion à Pino de Miss Campbell
    Claude Michel Cluny | jour et nuit
    Brigitte Gyr | [une frontière se tisse de non-dits]
    18 juin 1964 | Mort de Giorgio Morandi
    Sophie Loizeau | [L’œil persiste aux lisières]
    Denise Desautels | La dernière rivière
    Jacques Ancet | Oublier l’heure
    Nathalie Riera, Variations d’herbes (note de lecture d’Angèle Paoli)
    Jean-Pierre Duprey | [Que cherchent les regards]
    28 juin 1712 | 300e anniversaire de la naissance de Jean-Jacques Rousseau
    29 juin | Julien Gracq, Un beau ténébreux
    Lionel Ray | [Tu serais un arbre calme]
    Terres de femmes ― N° du mois de juillet 2012

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