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Ph. angèlepaoli Incù ciò chi tu m’ha’ lacata i socu custruitu un linguaghju. si pudarà di ch’iddu m’apparteni ? s’e riflettu, ùn vicu più chì visu t’avii, nè chì boci ― una prisenza in u verbu o’ tantu : a certitudina chì, un ghjornu, sè statu chivi. ti possu invintà in a spaddera di certi omini, s’è voddu, ma chì bisognu ci hè ? da tandu aghju imparatu ch’iddi si sìccani fàciuli i padola. ch’un paesu intrevu pò nascia nant’à a stancàghjina di l’ochja ― silinziosu. infini, credu. silinziosu soca parchì ùn lu capiscu micca. nasciarii torra, tu, nant’à i me ochja ? par cunfidenza ùn ti sunniighju mai. ma socu àbuli un pocu à i to staghjoni. ùmidi. possu dìche perdu sempre a to traccia. a dicu, ed hè tuttu ciò chì ferma.
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■ Stefanu Cesari sur Terres de femmes ▼ → Ti scrivaraghju in faccia (extrait d’A Lingua lla bestia) → [In un libru à a cuprendula russa] (extrait d’U Mìnimu Gestu) → Bartolomeo in cristu (lecture d’AP) → [Jeune […] autant que l’eau] (extrait de Bartolomeo in cristu) → [Nivi, nò?] (autre extrait d’U Mìnimu Gestu) → [On sent peser sur soi un vêtement immatériel] (extrait de Prighera par l’armenti) ■ Voir aussi ▼ → (sur L’Or des livres) une lecture de Genitori par Emmanuelle Caminade → Gattivi Ochja, la revue en ligne de poésie de Stefanu Cesari → (dans les numéros 19-20, « Utopie » [Espace Corse] de la revue numérique québécoise Mouvances) quatre poèmes de Stefanu Cesari → (sur Terre à ciel) un entretien de Françoise Delorme avec Stefanu Cesari |
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Le 29 juillet 1922 commence à paraître dans le quotidien Le Matin, le roman de Colette, Le Blé en herbe. D’abord intitulé Le Seuil, le roman est publié sous forme de feuilleton alors même que vient de paraître, sous la signature de Colette Willy, La Maison de Claudine.
![]() Colette par Guidu Antonietti di Cinarca, octobre 2008 Musée Colette, Saint-Sauveur-en Puisaye Ph., G.AdC Juillet 1922, Colette retrouve sa chère Bretagne et sa chère maison de Rozven. Elle a emmené avec elle sa fille, Bel-Gazou. Il y a aussi cet été-là les enfants d’Henry de Jouvenel ― Colette, Renaud et Bertrand ― et des amis de la famille: Germaine Beaumont et Hélène Picard, Robert de Jouvenel, Zou, sa maîtresse. Parfois Sidi (Henry de Jouvenel) vient rejoindre la fine équipe. L’été est froid. Il souffle « un vent de noroît impétueux ». La relation entre Colette et Sidi se dégrade rapidement. Au mois d’août, alors que le couple Colette-Sidi bat de l’aile, Colette se trouve seule avec Bertrand. Elle noue une idylle avec le fils de son mari. Sa relation avec Bertrand de Jouvenel lui inspire un nouveau récit. Le roman du Blé en herbe germe dans l’esprit de l’écrivain, avec la Bretagne comme décor à son histoire. EXTRAIT DU BLÉ EN HERBE VIII Au tournant de la petite route, Phil sauta à terre, jeta sa bicyclette d’un côté et son propre corps de l’autre, sur l’herbe crayeuse du talus. « Oh ! Assez ! assez ! On crève ! Pourquoi est-ce que je me suis proposé pour porter cette dépêche, aussi ? » De la villa à Saint-Malo, le onze kilomètres ne lui avaient pas semblé trop durs. La brise de mer le poussait, et les deux longues descentes plaquaient à sa poitrine demi-nue une fraîche écharpe d’air agité. Mais le retour le dégoûtait de l’été, de la bicyclette et de l’obligeance. Août finissait dans les flammes. Philippe rua des deux pieds dans une herbe jaune et lécha sur ses lèvres la poussière fine des routes siliceuses. Il tomba sur le dos les bras en croix. La congestion passagère noircissait le dessous de ses yeux comme s’il sortait d’un combat de boxe, et ses deux jambes de bronze, nues hors de la petite culotte sportive, comptaient, en cicatrices blanches, en blessures noires ou rouges, ses semaines de vacances et ses journées de pêche sur la côte rocheuse. « J’aurais dû emmener Vinca, ricana-t-il. Quelle musique ! » Mais un autre Philippe, en lui, le Philippe épris de Vinca, le Philippe enfermé dans son précoce amour comme un prince orphelin dans un palais trop vaste, répliqua au méchant Philippe: « Tu l’aurais portée sur ton dos jusqu’à la villa, si elle s’était plainte… » « Ce n’est pas sûr », protesta le méchant Philippe…Et le Philippe amoureux n’osa pas, cette fois, discuter… Il gisait au pied d’un mur que des pins bleus, des trembles blancs couronnaient. Philippe connaissait la côte par cœur, depuis qu’il savait marcher sur ses deux pieds et rouler sur deux roues. « C’est Ker-Anna. J’entends la dynamo qui fait la lumière. Mais je ne sais pas qui a loué la propriété cet été. » Un moteur, derrière le mur, imitait au loin le clappement de langue d’un chien haletant, et les feuilles des trembles argentés se rebroussaient au vent comme les petits flots d’un ru. Apaisé, Phil ferma les yeux. ― Vous avez bien gagné un verre d’orangeade, il me semble, monsieur Phil, dit une voix tranquille. Phil, ouvrant les yeux, vit au-dessus de lui, inversé comme dans un miroir d’eau, un visage de femme, penché. Ce visage, à l’envers, montrait un menton un peu gras, une bouche rehaussée de rouge, le dessous d’un nez aux narines serrées, irritables, et deux yeux sombres qui, vus d’en bas, affectaient la forme de deux croissants. Tout le visage couleur d’ambre clair, souriait avec une familiarité point amicale. Philippe reconnut la Dame en blanc, enlisée avec son auto dans le chemin du goémon, la dame qui l’avait questionné en le nommant d’abord « hep! Petit! », puis, « monsieur »… Il bondit sur ses pieds et salua de son mieux. Elle s’appuyait sur ses bras croisés, nus hors de sa robe blanche, et le toisait de la tête aux pieds, comme la première fois. Colette, Le Blé en herbe, in Romans, Récits, Souvenirs (1920-1940), **, Éditions Robert Laffont, Collection Bouquins, 1989, pp. 325-326. |
| ■ Colette sur Terres de femmes ▼ → 28 janvier 1873 | Naissance de Colette → 27 avril 1907 | Colette publie sa première nouvelle → 10 décembre 1908 | Colette, Lettre à Missy → 3 février 1923 | La Vagabonde → 21 janvier 1934 | Colette, La Jumelle noire → Colette au Crotoy → Femme j’étais et femelle je me retrouve → (dans la galerie Visages de femmes de Terres de femmes) Portrait de Colette ■ Voir aussi ▼ → le Site de La Société des amis de Colette |
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| ■ Alberto Giacometti sur Terres de femmes ▼ → L’Atelier d’Alberto Giacometti (chronique d’Angèle Paoli) → 11 janvier 1966 | Mort d’Alberto Giacometti (+ extrait de Tahar Ben Jelloun, Giacometti. La rue d’un seul) → Giaco rue d’Alésia ■ Voir aussi → le site de la Fondation Maeght → (sur cuk.ch ) « Alberto Giacometti, un Suisse pas comme les autres », par Anne Cuneo |
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Angèle Paoli |
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« LE RAVIN N’EST-IL QUE LA NOSTALGIE DE LA MONTAGNE ? »
Lecture de Christiane Parrat Qu’écrit-on quand on a perdu un être proche ? Comment vit-on, survit-on ? Il en est des brisures de l’amour comme de la mort. L’écriture fouaille alors dans les racines invisibles de ce qui reste. Exil à l’intérieur de soi-même pour y tresser l’ode à l’absente, sans savoir qui est la plus absente à soi de celle qui reste ou de celle qui est partie. « Où est son bien ? Elle le cherche. Il la fuit. Sa nature même lui échappe. Elle s’agrippe aux bouquets d’euphorbes, au chant solitaire d’un oiseau qui appelle sa compagne lointaine. » Carnets de Marche… La marche est difficile et courageuse qui va à l’écriture… la lecture en est bouleversante. J’ai traversé ce jour dans la douceur de ce beau livre écrit par Angèle Paoli et édité à Béziers, aux toutes jeunes et talentueuses éditions du Petit Pois… Soixante-et-un fragments de ces carnets ont été choisis par Véronique et David Zorzi pour nous faire entrer dans quelques saisons de la vie d’une femme, confrontée à la fracture amoureuse… Cent-vingt-deux pages d’une écriture limpide, d’une absolue fluidité, nous mènent de la plénitude de la souffrance au vertige du vide laissé par la faille. En exergue, cette pensée d’Hélène Sanguinetti : « Le ravin n’est-il que la nostalgie de la montagne ? » Ainsi va s’ouvrir un des plus beaux textes d’Angèle Paoli. Sans pathos, dans une écriture proche de l’intime, qui ne cache rien tout en gardant le mystère d’une insolente pudeur, elle nous conduit dans l’univers secret de ses marches, nous donne accès à cette déchirure, se centrant peu à peu sur le chemin intérieur qui va transformer ces marches en « marches à gravir ». Un texte qui se lit lentement, parce qu’il a la grâce. Une traversée solitaire douce et attentive de ces chemins de l’île où s’échange la douleur contre la force de la nature offerte. La terre devient alors écrin de la solitude, attente, miroir d’angoisse, creux et pierres où poser sa supplication, murmure traversant saisons et paysages. Émerveillement sacré réveillant les mythes qui viennent du fond des temps, paganisme antique des grigris, des sortilèges. Mais aussi bain de lumière, de rumeurs, accordant la houle de la mer omniprésente à celle de l’encre. Le regard de la poète fouille le maquis pour retrouver la vie, celle des bêtes, des plantes, des hommes et des femmes de l’île. « Le vent souffle par grandes rafales. Le maquis ploie sous les à-coups imprévus du libecciu. » Carnets de Marche est un livre incandescent, flamboyant, d’une nudité intense et d’une grande finesse psychologique. Tout de l’âme de la marcheuse y est interrogé. « Résister à la tentation de la voix. Me retirer sans faire de bruit. Vivre mes souffrances et mes deuils dans ma seule chair, mes sanglots dans ma seule voix. » Les voix multiples de la narratrice balisent cet itinéraire spirituel né du décalage existentiel entre habiter, vivre là et être ailleurs… « Solitude des seuils »… matière de songes mêlant fantasmes et réalité. C’est d’une écriture porteuse du temps qu’elle a besoin pour cicatriser, un temps analgésique. De page en page, elle nous mène sur son chemin de renoncement qui ouvre à la beauté du monde, éprouve, se découvre… « …reconstruire l’ordre immuable des choses réapprendre le silence les gestes de l’oubli les paroles apaisées allégées du trop-plein des mots ranger l’autre qu’on a aimée la coucher la plier sans faux plis aux côtés de ceux qui ont déjà une place dans ton cimetière intérieur… » Quête de l’indicible. Ce livre ennoblit tant il est pur, tout en nuances. Une écriture de violoncelle. Silence de l’être qui effleure les mots ou les pétrit d’une sensualité toute méditerranéenne, ou d’un érotisme radieux quand l’écriture s’attarde dans les clairières amoureuses de la mémoire. Autopsie d’une âme, d’un amour, d’un rêve… qui s’effiloche en ces derniers mots comme une laine de mouton sur un cœur barbelé, celui de l’absente au loin allée… : « Mon chagrin mon chagrin m’a fui cette nuit s’en est parti ai entendu senti compris que mon chagrin était enfui Lundi mardi vendredi mon chagrin s’en est parti parti au-delà des jours et des nuits uits uits. » Christiane Parrat D.R. Texte Christiane Parrat * * Cette recension a été publiée dans la revue Le Quai des Lettres, La Rochelle, septembre 2010, n° 22/23, page 23 [directeur de publication : Denis Montebello]. Pour faire l’achat de cet ouvrage, cliquer ICI. |
Ph., G.AdC ENTRE LA PAROLE ET NOUS Entre la parole et nous, des pelletées de bruits, de gestes, de visages, l’enchevêtrement de choses multiples, entre elles et nous, ces jours, ces années, ce brouhaha d’heures gaspillées. Nous nous tournons toujours vers elle qui retrace le chemin issu de tout ce qui l’empêchait de reparaître. Langue dans la langue que nous écoutons comme en été près du torrent nous nous laissons bercer par cette voix d’eau et d’écumes, fasciner par ces traces qui bougent, ces verreries lorsque le jour a ce mouvement d’ailes des hauteurs. Josette Ségura, Au bord du visage suivi de L’Enclos, n&b/Pleine Page/Editeurs, Collection détour du silence, 2007, pp. 24-25.
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| JOSETTE SÉGURA ■ Josette Ségura sur Terres de femmes ▼ → Dans la main du jour (lecture d’Isabelle Raviolo) → [Le parler de l’hiver] (extrait d’Au plus près de nos pas) → [Dans toute combe] (extrait de Jours avec) → [« On a tellement de souvenirs… »] (extrait des Éclaircies) ■ Voir aussi ▼ → (sur le site de Pleine Page) une notice bio-bibliographique sur Josette Ségura |
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GÉRARD CARTIER Image, G.AdC ■ Gérard Cartier sur Terres de femmes ▼ → .La duplicité. (poème extrait des Métamorphoses) → Les Métamorphoses (lecture de Maëlle Levacher) → Tristran (lecture de Nathalie Riera) → [Terra nullius] (extrait de L’Ultime Thulé) → .Par moi on va dans la cité dolente… (poème extrait du Voyage de Bougainville) → Le Voyage de Bougainville (lecture de Marie-Claire Bancquart) → Le Voyage de Bougainville (lecture d’AP) ■ Voir | écouter aussi ▼ → (dans la sonothèque de la revue Secousse) des extraits du Voyage de Bougainville, lus par l’auteur |
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Ph., G.AdC
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| DENISE LE DANTEC Image, G.AdC ■ Denise Le Dantec sur Terres de femmes ▼ → [Beau temps sur la planète] (extrait d’ENHEDUANNA) → 29 avril | Denise Le Dantec, L’Estran → [« ceci est l’espace de la transparence »](poème extrait d’et je t’embrasse) → Mémoire des dunes (extrait de 7 Soleils & autres poèmes) → [La Seine est verte] (extrait de La Seconde augmentée) → La Seconde augmentée (lecture d’AP) → La Seconde augmentée (lecture d’AP) → [J’ai pris la perspective du rossignol](extrait de La Strophe d’après) → (dans l’anthologie poétique Terres de femmes) Où quand → Guillevic | À Denise Le Dantec → (dans la Galerie Visages de femmes) le Portrait de Denise Le Dantec (+ un extrait de l’Encyclopédie poétique et raisonnée des herbes) ■ Voir aussi ▼ → (sur books.google.fr) Denise Le Dantec, Esther Tellermann, Jacqueline Risset : Figuring the Real, Differently, in 30 voices in the feminine de Michael Bishop (Rodopi, Amsterdam/Atlanta, GA, 1996) |
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Ph., G.AdC UN TROUPEAU DE VAGUELETTES 6 Un troupeau de vaguelettes et de petits lionceaux sont venus lécher tes orteils sous le regard attentif des poulpes en feu je souffle la braise d’un morceau de rire tombé entre les algues je frappe à plusieurs reprises cette matière souple sur mon enclume d’orfèvre ton rire est sensible au marteau de la lune je ramasse sous l’eau les cris de la dernière vague un murmure tissé par les nuages et l’écume d’une blancheur irréprochable Luis Mizón, L’Oreiller d’argile, poème 6, Al Manar, Collection Ultramarines, 2010, page 13. |
LUIS MIZÓN ![]() Source ■ Luis Mizón sur Terres de femmes ▼ → [Derrière la garde-robe] → L’exil → La Maison du souffle ■ Voir aussi ▼ → (dans la poéthèque du site du Printemps des poètes) une fiche bio-bibliographique sur Luis Mizón |
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