Terres de Femmes

Plein sang




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PLEIN SANG

Te voilà à nouveau
au bord de tes dérives
prisonnière de faux songes

oublie la rue désossée
et le pas malaisé qui trébuche
sur les pavés disjoints

laisse les gouttes serrées de la pluie
laver ton visage
des angoisses du sommeil

vois l’immense vaisseau blanc
qui vient à ta rencontre
et hisse fier le pavois de sa grue
sur la muraille lumineuse de sa proue

efface de ta mémoire
les accents détachés
et la froideur des mots qui lassent

avance vaillamment
vers les squares amoureux
saisis-toi de l’instant
luciole de lumière

de la caresse d’eau
qui effleure ta joue
s’insinue dans tes pores
se glisse lisse
sous les rides de ta peau

marche marche encore
qu’un pas alerte t’aide
à ranimer
la pulsion de vie qui vibre
en toi

plein sang


Angèle Paoli
D.R. Texte angèlepaoli



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Commentaires

5 réponses à “Plein sang”

  1. Avatar de busard

    Flap … l’oiseau se pose et dépose … en écho … écho … écho … éch …
    *
    Trahison
    A trahir mon esprit pour de fausses raisons
    A trahir mon esprit par de fausses raisons
    Il finit par sombrer dans les gouffres amers
    Comme le fin voilier qui voguait fier hier
    Et qui éperonné par une vague faux
    A coulé corps et bien au plus profond de l’eau.
    *
    busard

  2. Avatar de Angèle

    Merci, mon cher Busard, pour ces vers qui sonnent haut et juste, en dépit des bonnes fausses raisons qui parfois nous conduisent. Les gouffres, c’est vrai, si nous n’y prenons garde, ne sont jamais loin.

  3. Avatar de busard

    Flap …
    [busard] – Hier …
    [Angèle] – Oui ?
    [busard] – … hier j’ai écrit un poème différent…
    [Angèle] – Différent en quoi ?
    [busard] – Je suis parti d’un mot et j’ai écrit…
    [Angèle] – Cela n’a pourtant pas l’air d’être différent…
    [busard] – … j’ai pratiqué une écriture sans censure, posé les mots les uns derrière les autres sans aucune contrainte technique.
    [Angèle] – Quel en est le résultat ?
    [busard] – Ecoute…
    *
    La main
    La main
    La main
    La main
    La main
    Main qui prend
    Main qui donne
    Main si douce à ma peau
    Main si chère à mon cœur
    Main rugueuse
    Du labeur acharné corrompue
    Aux veines si présentes
    Main rongée
    Main d’arrêt
    De douleurs hésitantes
    Au sable fugitif
    Maintenant si changeantes
    Demain
    Demain
    Demain
    Demain

    Ici
    Toi
    Je
    Au-delà du sommeil qui ride cet espace
    Je coule au vermeil de ce sang qui se glace
    Main que mensonge abîme
    Pour attraper la cime
    Fusionne
    Au contact
    La main se tend
    Froide ou chaude
    Main polie
    Main jolie
    *
    busard

  4. Avatar de nobody
    nobody

    « efface de ta mémoire
    les accents détachés
    et la froideur des mots qui lassent…
    …marche marche encore
    qu’un pas alerte t’aide
    à ranimer
    la pulsion de vie qui vibre
    en toi
    plein sang »
    S’il fallait ne retenir que quelques passages de ce magnifique poème, ce sont ces mots que je choisirais. J’ai laissé tes mots filtrer lentement en moi avant d’écrire cette petite note.
    Ce poème semble s’adresser à chacun de nous, abusé par les chimères, par l’espérance de choses qui ne seront pas, par les « faux songes ».
    Le réel, la pluie, l’instant luciole, la marche… toutes ces choses peuvent nous retenir, retenir nos rêves débridés qui nous entraînent parfois bien au-delà du supportable.
    Ce poème semble s’adresser à moi qui suis une incorrigible rêveuse, qui bâtis des mondes sur le sable ou les marécages…
    Très beau, Angèle ! Simplement : merci !

  5. Avatar de Angèle

    => Merci à vous, mon cher busard, pour ce bel hommage à la main chancelante, ce bel oiseau improbable, saisissant dans sa diversité volage. C’est un très beau texte que le vôtre. Mille mercis.
    => Merci à toi aussi, nobody, merci de partager avec moi cet « instant luciole », très dense, qui m’a portée avec sa force, vers l’écriture de ce texte.

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