Terres de Femmes


25 février 1983 | Poème de Claude Roy à Jacques Roubaud

Éphéméride culturelle à rebours

« Poésie d’un jour »




Ph., G.AdC






Va-et-vient



à Jacques Roubaud                          



J’entends en moi     ouvrir     fermer     claquer
des portes     des bruits de pas dans un escalier
parler à voix basse dans un corridor
quelqu’un tousse     puis étouffe sa toux
quelqu’un vient     hésite     s’arrête
fait demi-tour     un long silence
On entend seulement une tuyauterie se plaindre
Puis de nouveau des pas     On approche
Il y a quelqu’un derrière la porte
Quelqu’un retient son souffle     puis respire à nouveau
J’entends de l’autre côté craquer le plancher
On frappe enfin     Deux coups très nets

Je vais ouvrir     Ce n’est que moi
Une fois encore quitte pour la peur
ou la déception     J’attendais donc quelqu’un
Que je n’attendais pas ?


Le Haut bout, 25 février 1983                         




Claude Roy, « Va-et-vient », L’Entre-deux. Hiver 1983 [1987], À la lisière du temps, Gallimard, Collection Poésie, 1990, page 84.






Bas
Ph., G.AdC





■ Claude Roy
sur Terres de femmes

23 juillet 1983 | Claude Roy, L’Été L’Attente
20 novembre 1985 | Claude Roy | Tant
29 août 1986 | Claude Roy | Pointe du Skeull



■ Voir aussi ▼

une notice de Catherine Réault-Crosnier sur Claude Roy : Claude Roy : poète et humaniste (1915-1997)






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Commentaires

2 réponses à “
25 février 1983 | Poème de Claude Roy à Jacques Roubaud

  1. Avatar de Nobody
    Nobody

    Quelqu’un derrière la porte ou la solitude habitée ?
    Un poème comme un scénario, un rythme qui me plaît, une fin en questionnement :
    « J’attendais donc quelqu’un
    Que je n’attendais pas ? »

  2. Avatar de Yves
    Yves

    « Celui qui rêve en moi rêve qu’il rêve à moi
    Il me dit tout bas Ne m’accompagne pas
    Le rêve de toi que je fais est un peu triste
    […]
    On entend des pas s’éloigner doucement
    Et il y a seulement dans un cendrier
    Une cigarette qui se fume seule comme une vie
    Que personne n’a eu le courage de vivre
    Non Ne viens pas avec moi dans ce mauvais rêve
    Il ressemble un peu trop à ces vrais jours de veille
    Où personne ne vient au rendez-vous fixé
    Ou bien celui qu’on attendait est arrivé trop tard […] »
    Claude Roy, « Rêve de la nuit du vendredi 13 juin », in Le Voyage d’automne, Gallimard, Collection Poésie, p. 278.

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